Projet de décision de l’Autorité de Sûreté Nucléaire modifiant les décisions n° 2012-DC-0274 à n° 2012-DC-0283, n° 2012-DC-0285 à n° 2012-DC-0290 et n° 2012-DC-0292 du 26 juin 2012 fixant à Électricité de France – Société Anonyme (EDF-SA) des prescriptions complémentaires applicables aux sites électronucléaires

Je suis d’accord avec le projet de report de la mise en place des dispositifs complémentaires de sûreté Post Fukushima.
Le risque de séisme et de tsunami en France n’est pas celui du Japon. Tout au plus des risques d’inondation voire d’incendie peuvent subsister malgré les dispositions déjà prises lors de la construction.
Le suivi par l’ASN est parmi les plus sérieux au monde et on peut faire confiance au tandem ASN-exploitant pour prioriser, orienter les chantiers correctifs vers les sites les plus urgents.

Je retiens que la Force d’Adaptation Rapide du Nucléaire (FARN) que j’ai eu l’occasion de visiter (à Bugey) en tant que simple particulier permet de secourir un site nucléaire avec des moyens très adaptés. Les japonais n’en n’avaient pas.

Je ne reviendrai pas sur l'argumentation de type étude de sûreté faite ci dessous par Bruno, qui est complète, comme elle est faite sur les sites lorsqu'il y a une analyse d'événement, belle démonstration. Je rajouterai simplement un point qui n'est pas des moindres, la formation annuelle de recyclage sur simulateur et l'évaluation périodique (tous les 2 ans) des exploitants opérateurs, CED, CE, IS qui est aussi une ligne de défense ainsi que la formation systématique à chaque mise en place de nouveau matériel. Les cas de perte électrique partielle et totale sont périodiquement "jouées" sur simulateur (expérience de 8 ans de formateur sur simu et Chef de Service Formation à Blayais durant 4 ans).
Pour le reste j'abonde dans le sens d'Emmanuel, la priorité des priorités planétaire est le réchauffement climatique. Le parc nucléaire français nous permet d'avoir une émission bas carbone comme la Suède, la Norvège et le Brésil pour d'autres raisons, et contrairement à l'Allemagne qui a multiplié par 5 ses émissions de CO2, après le remplacement du nucléaire par des moyens de production aléatoires et intermittents.
La mise à l'arrêt de tranches qui n'auraient pas respecté le délai de mise ne place des DUS contribuerait à fragiliser la sûreté du réseau, qui est déjà très perturbé actuellement par le caractère aléatoire et intermittent des ENR totalement asynchrone avec les besoins du réseau. Un réseau fragilisé, c'est fragiliser la sûreté des tranches.
Et pour terminer, EDF a fait preuve de responsabilité pour faire le REX Fukushima, de dégagement d'investissements lourds et de réactivité pour la mise en oeuvre sans tarder de ces matériels. L'ASN est là pour contrôler la mise en oeuvre effective de ces engagements, c'est son rôle, cependant il convient selon moi, de donner du temps à l’exploitant pour la réalisation de ces modifications pour qu'elles se fassent en toute sûreté, en toute sécurité pour les intervenants, en respectant la législation du travail etc. Particulièrement, au regard de l'évaluation du risque de sûreté, il convient comme le suggère les autres personnes de prioriser les sites qui seraient les plus exposés à un tsunami, en France.
Merci d'avance pour une prise de décision éclairée de tous ces aspects. Bien cordialement

Bonjour,
Cette enième ligne de défense de nos tranches nucléaires françaises, dont le niveau de sûreté est déjà très élevé grâce à la vigilance permanente de l'ASN et de ses appuis à l'IRSN, peut raisonnablement être reportée comme cela est proposé dans ce projet de décision, pour tenir compte des contraintes industrielles. J'encourage l'ASN à poursuivre son contrôle très strict sur les exploitants et industriels du secteur, car elle est un pilier majeur de la sûreté nucléaire en France.

Bonjour,
Le principal danger environnemental qui nous guette est le réchauffement climatique, pas le risque nucléaire dans la mesure ou cette industrie est exploitée avec sérieux.
Renchérir le prix de l'électricité produite par l'ajout d'un diesel résistant aux séismes et tsunamis par tranche me semble riche alors qu'un seul diesel par site raccordé sur toutes les tranches aurait pu être suffisant.
Sans compter que chaque tranche dispose d'un nouveau groupe électrogène situé en hauteur depuis l'accident de Fukushima.
Vu ces éléments, un délai supplémentaire pour achever ces installations dans de bonnes conditions ne me semble pas poser de problème.
Je suis plus inquiet quand j'entends que l'on va fermer Fessenheim, ce qui veux dire plus de CO² à terme donc une contribution au changement climatique vers un accroissement des températures.

Bonjour,
Chaque CNPE dispose de 2 sources externes (ligne principale et auxiliaire et de sources internes ( diesels voie A : LHP et voie B :LHQ). Chaque site 1300 MW dispose d’un système LLS pour alimenter la pompe RCV 191Po et injecter aux joints des pompes primaires en cas de Perte Totale des Alimentations Électriques (PTAE). Une Turbine A Combustion complète le dispositif pour alimenter une tranche en perte de source électrique. Ces dispositions existent depuis le démarrage des sites. Le tsunami qui a touché les tranches de Fuskushima ont conduit à des études complémentaires de Sûreté dites ECS. Ce retour d’expérience a conduit la France à prescrire des groupes supplémentaires électriques appelés DUS sur l’ensemble des sites EDF avec une prescription au 31/12/2018 pour 56 des 58 réacteurs.
L'acceptation par l’exploitant montre que le délai de mise en œuvre s’est fait sans que l’ASN prenne en compte :
- La difficulté de faire sur 18 sites nucléaires en même temps sans prioriser les sites qui sont en risque réel de Tsunami, en parallèle d’un séisme et d’un incendie cumulés.
- Les sites nucléaires en risque d’inondation (situation H5) qui existent que sur certains sites et pas sur d’autres,
- Les règles d’essais périodiques qui imposent à l’exploitant de vérifier la disponibilité des sources électriques (chapitre IX des Règles Générales d’exploitation ). En cas d’indisponibilité constatée, l’exploitant applique le chapitre III des RGE pour conduire la tranche dans un état sûr.
- la mise en place effective de la Force d’Adaptation Rapide du Nucléaire (FARN) qui permet de secourir un site nucléaire avec des moyens humains et matériels (tels que sources électriques, air...)
Je considère que l’ensemble des dispositions ci dessus peuvent permettre à un délai de mise en œuvre supplémentaire à l’exploitant jusqu’au 31/12/2020 sans prescription supplémentaire du fait de l’existence des chapitres III et IX des RGE approuvées par L’ASN et de la FARN (post-Fukushima) opérationnelle pour l’ensemble des 58 réacteurs.
Je suggère à l’ASN de demander à l’exploitant une priorisation des sites les plus sensibles pour finir l’opérabilité des DUS en concertation avec l’IRSN.