Projet d’avis de l’ASN relatif à l’anomalie de la composition de l’acier du fond et du couvercle de la cuve du réacteur EPR de la centrale nucléaire de Flamanville (INB n° 167)

Il n'est pas raisonnable ni imaginable de mener des tests de mise sous pression sur, puis de mener l'exploitation avec, un élément essentiel de production et de sécurité de l'EPR, qui présente de multiples défauts et dont les documents techniques de fabrication ont été "aménagés" pour obtenir une éventuelle validation de rattrapage.
On ne peut pas jouer avec la sécurité des français. Laisseriez-vous vos enfants et petits-enfants travaillaient et vivre dans ce périmètre ?
La cuve est la pièce essentielle du réacteur. Sa qualité doit être irréprochable ! Or, elle n'a pas les caractéristiques requises : rien ne permet de surveiller son évolution et de prévenir le risque d'une rupture brutale ! La cuve ne doit pas être qualifiée dans son état actuel.
Nous n'acceptons pas la prise de risque que constitue l'utilisation de pièces comportant des anomalies. Le chantier doit être arrêté ! Nous, citoyens français, n’avons pas à payer le prix des erreurs stratégiques et techniques d’EDF et AREVA.

Demande de non validation de la cuve et du couvercle par l’ASN
Rappel préalable : « La cuve fait partie des équipements dits « en exclusion de rupture ». Cela signifie que sa défaillance et sa rupture ne sont pas postulées dans la démonstration de sûreté.
En conséquence, sa conception, sa fabrication et son suivi en service font l’objet de dispositions de contrôle particulièrement exigeantes afin d’écarter le risque de rupture (Fiche pédagogique IRSN du 28 juin 2017, page 1) »
En clair, aucune procédure n’est prévue pour rupture ou fuite de la cuve ou du couvercle qui sont réputées comme fiables à 100%.
Or, c’est précisément cette question qui est posée à l’ASN : elle reconnait que la composition de l’acier de ces deux pièces essentielles n’est pas conforme ; et elle se dit même prête à exiger le remplacement du couvercle dans 7 ans (alors que la durée normalement prévue est de 30 ou 40 ans).

La question n’est pas nouvelle : Dès 2005, l’ASN avait alerté EDF sur le fait que l’usine Creusot Forge connaissait de sérieux problèmes de qualité. C’était avant la fabrication de la cuve de l’EPR.
A plusieurs reprises, des tests de résistance sont réalisés sur des copeaux (2007, puis 1013), avec les mêmes résultats : la résistance attendue n’est pas obtenue. Fin 2014, l’ASN écrit à AREVA « Je considère donc que l’exigence de qualification technique n’est pas respectée (…) ». Mais il faudra attendre avril 2015 pour que l’ASN rende publique l’information sur la non-conformité des calottes du couvercle et du fond de la cuve du réacteur EPR de Flamanville. Il est même établi que l’usine Creusot Forge (AREVA) a livré des pièces forgées non conformes aux exigences de résistance pour de nombreuses centrales nucléaires, des générateurs de vapeur en particulier. Pire, même, certaines pièces ont été accompagnées de faux certificats de conformité !
Mais un décret du 1er juillet 2015 et son arrêté d’application du 30 décembre 2015 fait bénéficier d’un régime dérogatoire l’application des règles de conformité des équipements sous pression nucléaires (« solution » suggérée par l’ASN). En vertu de quoi, la cuve de l’EPR à Flamanville est installée. Elle est maintenant noyée dans le béton et son remplacement reviendrait à reprendre la construction de la centrale à zéro.

En Belgique, l’Autorité de sûreté nucléaire (AFCN) adopte une autre attitude : découvrant la présence de fissures dans la cuve de la centrale de Doel 3, près d’Anvers, l’AFCN a ordonné l’arrêt immédiat (et sans doute définitif) en 2016. De plus, elle a provoqué le 16 août 2016 une réunion des Autorités de sureté nucléaire des 7 pays concernés par la production de Creusot Forge pour les alerter, tout particulièrement par rapport à la cuve de la centrale de Tricastin dont les fissures de Tricastin sont potentiellement plus dangereuses que celles de Doel 3.

L’ASN aura-t-elle le même courage ?
… alors qu’elle a écrit elle-même que la résistance de l’acier de la cuve et du couvercle n’est pas conforme aux normes exigées.
Si elle le fait, elle rendra pourtant un immense service à EDF et l’Etat français, ainsi qu’à la cause de la nécessaire transition énergétique pour contenir le réchauffement climatique.
L’échec industriel et financier de la filière nucléaire française :
Aucune centrale EPR n’a pu être mise en route, ni en Chine (2 centrales en construction), ni en Finlande (la Finlande réclame un dommage de 5 milliards € à AREVA), ni en France, où l’EPR de Flamanville devait être livrée en 2011 ( !) et a triplé son prix (10,5 milliards € aujourd’hui). Il a même fallu que l’Etat renfloue AREVA pour 4,5 milliards € et EDF pour 2 milliards €.
Pire, encore : EDF s’est engagée à construire 2 centrales EPR en Angleterre pour 20 milliards € ; et ce programme est déjà en déficit de 1,2 milliard €. C’est d’ailleurs cet engagement qui a été désapprouvé par les syndicats d’EDF et qui a provoqué la démission du Directeur financier de l’entreprise.
Il faut se rendre à l’évidence, l’énergie nucléaire est une industrie du passé, car trop gourmande en investissements et en coûts de fonctionnement. C’est la raison pour laquelle 2 centrales en construction aux USA (40% réalisé) viennent d’être arrêtées définitivement par les investisseurs.
C’est pour cela qu’un coup d’arrêt pour l’EPR de Flamanville peut éviter à EDF et à l’Etat français de boire un bouillon financier (sans parler d’AREVA). Cela peut aussi être l’occasion de renoncer à l’enfouissement des déchets nucléaires en couches géologiques profondes à Bure (pour 32 milliards € !).

Orienter les crédits d’investissement vers les économies d’énergie, les renouvelables et le stockage de l’énergie :
Ce coup d’arrêt de la filière EPR est indispensable pour pouvoir dégager les crédits d’investissement pour :
- l’isolation thermique des habitations et des locaux industriels et commerciaux (sans renoncer aux normes environnementales, comme annoncé pour la construction de logements HLM) ;
- le développement des transports en commun et aux alternatives au pétrole pour les déplacements ;
- la recherche et développement des énergies renouvelables et du stockage de l’énergie (ex. hydrogène).

C’est ce que j’ai développé dans un article publié par Ouest-France (Courrier des lecteurs du 8 ou 9 septembre 2017, suivant les départements) : http://patrickcotrel.com/Le-lobby-nucleaire-a-l-offensive

Référence : L’article de Bernard Laponche (spécialiste de l’industrie nucléaire et ancien conseiller technique du Ministère de l’environnement) : https://blogs.mediapart.fr/bernard-laponche/blog/080917/la-perilleuse-affaire-de-la-cuve-de-l-epr-de-flamanville

Bonsoir,
Merci tout d'abord de bien vouloir recueillir nos commentaires, mais dans quelle proportion seront-ils pris en compte ?
Nous verrons.
Pour ma part, je vous écris en tant qu'habitant près de Caen et donc directement intéressé avec ma famille par un éventuel accident sur cet EPR, sachant que nous sommes sous les vents dominants d'Ouest.
Ensuite, je suis ingénieur en électricité et mécaniques industrielles depuis 1971, (avec entre autres une formation en atelier fonderie)
J'ai également un certificat depuis 2008 comme Personne Compétente en Radioprotection, (PCR), renouvelé en 2011 puis 2015 et valide jusqu'à fin 2020.
Concernant la chaudière EPR, tout d'abord, dans un souci du toujours plus grand, nous voyons qu’AREVA et EDF ont conçu sur plans un objet de dimensions sortant de nos possibilités techniques.
C'est pourquoi, toutes les cuves ont été discrètement sous-traitées au Japon.
AREVA a pris pour la Finlande l'assurance totale avec couvercle et fond coulés également au Japon.
Par contre pour Flamanville, (et la Chine), il a été décidé par Creusot Loire de louvoyer il y a longtemps pour y arriver à tout prix (coulage en 2006 et 2007 il y a ... dix ans!).
Ceci veut dire, sans rentrer dans le détail, que techniquement on a rétrogradé dans le moyen de faire, avec le risque de ne pas maitriser l'homogénéité.

AREVA a, à la finale, gagné la course à la médiocrité technique, avec des dérives faisant sortir les coulages des valeurs de résiliences fixées par le niveau 1 de sureté nucléaire ( Minima 60 joules) et s'est approché d'EDF pour faire cause commune.
Il est incroyable de voir une telle sainte alliance entre un fabricant et un fournisseur pour évacuer un non respect des valeurs fixées, obturant de plus pendant des années le problème vis à vis du gendarme du nucléaire, vous ASN.
Vous avez finalement été alertés et avez prévenu que le montage fond et couvercle au forcing n'engageait pas un accord final de votre part.
C'est en haussant les épaules à vos mises en garde que le travail a continué pendant des années.

Maintenant se pose le problème de votre avis sur une mise en route à venir.

Personnellement, je ne vois vraiment pas pourquoi vous autoriseriez une mise en route avec clause dite de remise aux normes future par un changement du couvercle au plus tard à fin 2024, dans ......7 ans !!!!

Les essais sacrificiels se sont fait sur un couvercle rescapé de l'aventure ratée "GADONNEIX" des EPR aux USA.
Qui vous dit que tirer des conclusions à partir de ce couvercle soit bien fondées ?
Qui nous dit que les forgeages aient étés identiques en ségrégation lors des différents coulages ?
En effet, pourquoi ne pas imaginer que l'on puisse avoir des résultats plus mauvais encore sur les pièces montées à Flamanville ?

Pour le fond homogène, supposons que les dérives soient supportables, mais pour le couvercle, percé de plus de 100 traversées, il ne peut être qualifié même temporairement tel que.
N'oublions pas que c'est accessoirement la plus grande chaudière jamais mise en route au monde, et on veut bricoler avec ?

Dans un souci de ne pas mettre à terre EDF je demande à autoriser la mise en route, certes, mais alors à puissance réduite de moitié pour compenser par ce biais les défauts de résilience.
Enfin, par ailleurs, nous constatons la qualité irrémédiablement dégradée à la fabrication par ces malfaçons cachées.
Nous avons là, nous le découvrons, une entente à haut niveau pour falsifier au delà du réacteur nombre d’autres pièces soumises elles aussi à la rigueur de nucléaire.
Où que ce soit et nous le voyons bien encore actuellement avec l’automobile, quand il y a fraude, il y a sanctions.
Nous pourrions êtres là plus qu’au civil, au pénal, mais je n'entends rien ?
On va mettre ces brigandages sous le tapis ?
Pitié, quel mauvais exemple pour l'industrie, pour nos concitoyens et peu porteur d'honnêteté pour nos enfants.

Merci de nous éclairer sur votre possible poursuite en justice par plainte de l’ASN pour de tels détournements.

Cordialement,
Pierre Nadaud expert judiciaire en électricité, thermique du bâtiment et énergies renouvelables au TGI de Caen pour la Basse Normandie,

Accepterions-nous de monter dans un bateau en sachant pertinemment que la coque présente des défauts déjà signalés, et que le naufrage aura lieu à plus ou moins brève échéance ? Non, bien sûr ! Or dans le cas présent, ce n'est pas à un naufrage ordinaire qu'il s'agit de donner un feu vert, c'est à un naufrage qui fera des millions de victimes sur plusieurs générations, qui aura des impacts sur la faune et la nature dans sa globalité, un naufrage qui dévastera une bonne partie de notre pays... Nous n'inventons rien : il y a eu des accidents nucléaires avec les conséquences irréversibles qui sont maintenant connues. En notre âme et conscience, nous devons donc nous opposer à la mise en service de cette cuve de Flamanville 3 alors que ses composants ne respectent pas les exigences fondamentales de sûreté, en sachant par ailleurs que les possibilités de dérogation à ces exigences ont été définies très opportunément et de manière très laxistes par l'arrêté du 30 décembre 2015.
Des failles gravissimes ont été mises en évidence dans le système de contrôle : il faut d'urgence identifier les causes de dysfonctionnements, mettre en place des actions correctrices et s'assurer de leur efficacité.

Les conséquences d'accidents nucléaires peuvent être catastrophiques, en dépit de toute les précautions qui sont prises, et quand des intérêts économiques forts sont en jeu, il est fréquent que le respect du principe de précaution ne soit pas du tout à l'agenda, et que les risques soient minimisés.

Dans le cas de l'EPR de Flamanville, la cuve est la pièce essentielle du réacteur, donc sa qualité se doit d'être impeccable. Or, elle n’a pas les caractéristiques requises : rien ne permet de surveiller son évolution et de prévenir le risque d’une rupture brutale !
Dès 2005, AREVA et EDF étaient parfaitement au courant que l’usine Creusot Forge d’AREVA n’était pas en capacité de produire des pièces conformes aux normes de sûreté. C’est pourtant là que les pièces de l’EPR ont été fabriquées ! Ils ont laissé faire dans le silence…comment leur faire confiance ? Les intérêts de l’industrie nucléaire ne doivent pas passer avant la protection des populations ! Lorsque les citoyennes et citoyens sont laissés à l'écart des choix technoscientifiques, on ne peut pas s'attendre à ce que ces choix soient effectués au nom du bien commun. Maintenant que nous sommes consultés, même si nous avons peu d'espoir que notre avis soit pris en compte, nous l'affirmons clairement et nettement : nous refusons que la sûreté nucléaire soit sacrifiée pour sauver une industrie en faillite.

La cuve ne doit pas être qualifiée avec son acier actuel. Le niveau de sûreté n’est pas satisfaisant, le principe de précaution doit prévaloir !
Nous n’acceptons pas la prise de risque que constitue l’utilisation de pièces comportant des anomalies. Le chantier doit être arrêté ! Nous, citoyens français, n’avons pas à payer le prix des erreurs stratégiques et techniques d’EDF et d’AREVA.

La cuve est la pièce essentielle du réacteur. Sa qualité doit être impeccable ! Or, elle n'a pas les caractéristiques requises : rien ne permet de surveiller son évolution et de prévenir le risque d'une rupture brutale !

Dès 2005, AREVA et EDF étaient parfaitement au courant que l’usine Creusot Forge d’AREVA n’était pas en capacité de produire des pièces conformes aux normes de sûreté. C’est pourtant là que les pièces de l’EPR ont été fabriquées ! Ils ont laissé faire dans le silence...comment leur faire confiance ? Les intérêts de l’industrie nucléaire ne doivent pas passer avant la protection des populations !

La cuve ne doit pas être qualifiée avec son acier actuel. Le niveau de sûreté n'est pas satisfaisant, le principe de précaution doit prévaloir !

Nous n'acceptons pas la prise de risque que constitue l'utilisation de pièces comportant des anomalies. Le chantier doit être arrêté ! Nous, citoyens français, n’avons pas à payer le prix des erreurs stratégiques et techniques d’EDF et AREVA.

La cuve étant la pièce essentielle du réacteur, sa qualité se doit être irréprochable ! Ne prenons pas de risque inutile sachant qu'en cas d'accident, le nucléaire est une source d'énergie avec de grosse conséquence environnementale et surtout sur la santé de nous, habitant de France.
L'entretien des centrales a dépassé tout entendement, des milliards pour une énergie qui pourrait bien nous nuire sur des générations. Investissons dans les énergies propres, elles ont fait leur preuve depuis la nuit des temps et aujourd'hui, nos connaissances nous permettent d'avoir une énergie verte moins chère que le nucléaire. Evoluons !

Habitant en Normandie, j'ai travaillé avec des personnes qui ont travaillé sur le site de l'EPR et ils me disaient que le jour de la mise en route il serait plus sage d'avoir pris des vacances et d'être loin .... Même si c'était avec humour ...Cela reflète une certaine réalité.
Le nucléaire est trop dangereux pour laisser un doute, la cuve n'est pas conforme alors on arrête ou on change car, depuis le début de cette aventure on n'arrête pas de nous mentir, de 3 milliards on arrive à 10 et c'est toujour pas en marche.
Le couvercle n'est pas conforme mais on le met quand même et comme ça il sera difficile de prendre une décision pour le changer... alors qu'ils savaient qu'il n'était pas conforme. 50 ans de nucléaire et la seule solution pour les déchets... les vitrifier et les enterrer c'est quand même un peu léger quand on pense à tous ces cerveaux qui travaillent sur ça.
La cuve n'est pas conforme alors on arrête les frais on n'a pas en 50 ans réussi à rendre le nucléaire plus propre donc c'est fini on passe à autre chose !