Projet d’avis relatif au dossier d’options de sûreté de l’installation de stockage de déchets radioactifs Cigéo
18/09/2017 11:09
DES AVIS CRITIQUES SUR UN MAUVAIS PROJET, INACCEPTABLE DANS SON PRINCIPE ET DONT LE CHANTIER COMPORTE LUI MEME DES RISQUES MAJEURS A COURT ET MOYEN TERME.
Introduction
L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a mis en consultation publique un projet d’avis relatif au dossier d’options de sûreté (DOS) présenté par l’Andra pour le projet Cigéo de stockage de déchets radioactifs en couche géologique profonde.
Cet avis tient compte en grande partie de la revue internationale, sollicitée par l’ASN, sur le « Dossier d’options de sûreté » présenté par l’Andra par des pairs régulateurs de différentes nationalités, organisée par l’AIEA,
Cette revue a été effectuée dans le cadre restreint du projet Cigéo : ni le choix de l’enfouissement des déchets en grande profondeur dans la croûte terrestre, ni le choix de l’argile comme couche géologique, ni évidemment la question de la production même de ces déchets n’ont fait l’objet de discussion. Le titre même de « Revue par les pairs régulateurs » (ERI : Equipe de revue internationale) montre que « l’on reste entre soi », mais dans un cadre international, ce qui est intéressant.
Dans une première partie de ce commentaire, nous présentons les éléments essentiels du rapport de la revue par les pairs. Dans une deuxième partie, nous examinons deux questions particulières sur lesquelles il y a eu à notre avis un détournement de la volonté nationale exprimée par la loi ainsi que de l’expression des citoyens. Une troisième partie nous permettra de présenter une proposition alternative sur la gestion des déchets, en amont des questions de stockage . Enfin, dans une quatrième partie, après avoir parcouru rapidement l’enchaînement discutable des décisions prises, nous porterons un jugement sur le projet Cigéo et sur le principe de l’enfouissement en profondeur des déchets radioactifs.
1. Le jugement par les pairs
Le travail de l’ERI se traduit par une série d’observations, de suggestions et de recommandations. Nous en présentons les éléments les plus significatifs classés suivant les thèmes concernés .
1. 1 Recherches en cours à poursuivre et recherches nouvelles à entreprendre
1.1.1 Dès le résumé du rapport, l’ERI (Equipe de revue internationale) donne le ton :
« Constatant que dans de nombreux domaines, la recherche est toujours en cours pour la démonstration ou la confirmation de la sûreté, l’ERI a identifié quelques domaines supplémentaires qu’il serait utile d’approfondir, afin de renforcer la confiance existante dans la démonstration de sûreté ».
Ainsi, des recherches sont toujours en cours et il faudra en faire d’autres : on aimerait déjà le calendrier de ces recherches en cours puisqu’il n’est pas question d’avancer dans la réalisation du projet avant de connaître le résultat de ces recherches.
L’ERI n’a pas manqué de souligner cette difficulté :
« Le calendrier pour la préparation de la demande d’autorisation de création de Cigéo pour 2018 est ambitieux…L’ERI encourage, par conséquent, l’ASN, l’IRSN et l’Andra à se fonder sur la revue du dossier pour préciser les attentes relatives à la demande d’autorisation. Cette étape est d’une importance toute particulière en raison du caractère unique du projet Cigéo ».
Cela est dit très aimablement et signifie en langage clair que l’objectif 2018 est totalement irréaliste.
1.1.2 Extraits de l’observation n°5 :
« L’ERI conclue qu’une confiance raisonnable peut être accordée à la robustesse du concept de stockage ».
Voilà une formulation bien peu scientifique : qu’est-ce donc qu’une confiance raisonnable ?
Est-ce que l’on peut lancer un tel projet au vu d’une appréciation aussi imprécise ?
« L’ERI a identifié quelques secteurs qui permettraient de renforcer la base de connaissances existante de l’Andra (sans ordre de priorité) : production et transport de gaz ; description du vieillissement des composants de l’installation de stockage au cours de la période d’exploitation, en particulier ceux des alvéoles de stockage ; incertitudes liées au temps de restauration des alvéoles de stockage et effet sur la dégradation des colis de déchets ; rôle des microbes et potentielle formation de biofilms au cours de la période d’exploitation ; conséquences de défaillances non détectées ».
Travail nécessaire mais considérable et certainement long.
1.2 Les scénarios pour la démonstration de sûreté
Sur les questions concernant la sûreté du projet Cigéo, nous conseillons de consulter les travaux de Bertrand Thuillier ainsi que le commentaire qu’il a adressé sur l’avis de l’ASN objet de cette consultation.
1.2.1 Ecoulement de l’eau dans la roche
Extrait de l’observation n° 12 :
« Bien que l’Andra ait argumenté, d’après leur étude étendue du site, que la probabilité d’apparition de discontinuités participant à l’écoulement de l’eau (fractures par exemple) dans la ZIRA (Zone d’intérêt pour la reconnaissance approfondie) est négligeable, l’ERI suggère à l’Andra de prendre en compte la fracturation de la roche du Cox (abréviation de « Callovo-Oxfordien » (qualification précise de l’argilite de la couche géologique prévue pour l’enfouissement des déchets) dans le cadre des scénarios hypothétiques ».
et,
« Le calcul de la portée des caractéristiques spatiales et hydrauliques de discontinuités favorisant l’écoulement permettrait à l’Andra d’illustrer : le niveau élevé de la roche du Cox contribuant de manière significative à la robustesse générale du système de stockage en phase après fermeture ; l’impact de ces discontinuités dans la roche du Cox de la ZIRA sur la sûreté, permettant ainsi d’évaluer la robustesse du concept ».
Extrait de la recommandation n°4 :
« L’Andra doit considérer des mécanismes d’écoulement des eaux au sein du Cox dans le cadre de calculs de simulation hypothétiques pour renforcer la démonstration de la robustesse du système de stockage, en particulier les performances de la roche du Cox en matière de sûreté ».
Cette question est fondamentale : le caractère « négligeable » avancé par l’Andra n’est pas accepté par les pairs. Il est indispensable que ces études soient réalisées.
1.2.2 Défaut de conteneur de déchets HA
A la suite de l’Observation n° 13,
Recommandation n° 5
« L’Andra doit justifier les raisons qui font qu’il n’est pas nécessaire d’inclure, dans le scénario d’évolution normale, un conteneur HA initialement défectueux ou un conteneur HA prématurément défaillant ».
A la suite de l’observation n°14,
Recommandation n°6
« L’Andra doit inclure, dans son rapport de sûreté et sa démonstration de sûreté, l’activité microbienne présente au niveau de l’interface entre le chemisage et le matériau de remblai, étayé, si nécessaire, par la recherche de cette activité ».
Ici encore, l’ERI ne fait manifestement pas confiance aux affirmations péremptoires de l’Andra.
1.2.3 Scénarios d’intrusion humaine
Extrait de l’observation n°15 :
« Il est reconnu à l’échelle internationale qu’il n’existe aucune base scientifique fiable permettant de prédire le processus ou la probabilité d’une intrusion humaine accidentelle ».
Recommandation n°7
« Conformément aux pratiques internationales, l’Andra doit traiter les scénarios d’intrusion humaine séparément des autres types de scénarios, en excluant tout jugement de probabilité d’occurrence ».
1.2.4 Sûreté en exploitation
Suggestion n° 4
« L’Andra doit considérer l’utilisation d’un système de filtration pour l’air évacué des installations souterraines, en tant que mesure de défense en profondeur pour la limitation de rejets radioactifs en cas d’incident ou accident ».
Cette mesure est indispensable pour la protection des travailleurs du site et la population environnante.
Suggestion n°5
« L’Andra devrait évaluer la robustesse de sa conception pour l’évacuation de grandes quantités d’eau depuis les portions de puits et rampes traversant l’aquifère supérieur combinée à une coupure de l’alimentation électrique des pompes en raison d’un phénomène extrême ».
1.3 Qu’en déduire ?
Nous avons présenté ici les point marquants de la revue par les pairs car celle-ci constitue une initiative originale qui élargit le cercle habituel du système français. Pour se faire une opinion plus complète, il faut évidemment prendre en compte tous les éléments de l’avis de l’ASN lui-même, mais aussi ceux du rapport de l’IRSN « Projet de stockage Cigéo – Examen du Dossier d’options de sûreté » (Rapport IRSN n° 2017-00013) dont nous citons ici la fin du résumé.
Après avoir présenté un jugement globalement favorable sur le dossier présenté par l’Andra, l’IRSN écrit :
« Néanmoins, l’IRSN a identifié quatre points majeurs qui pourraient entraîner des modifications substantielles de la conception du stockage :
- la maîtrise des risques liés à l’incendie dans une alvéole de stockage de colis d’enrobés bitumineux,
- la prise en compte de certaines situations accidentelles pour l’exploitation de l’installation souterraine,
- la faisabilité de la surveillance de paramètres clés de la sûreté de Cigéo,
- l’optimisation du point de vue de la sûreté de l’architecture du stockage ».
L’ensemble des faiblesses, des lacunes et des obstacles mis en évidence tant par l’ERI que l’IRSN et l’ASN, plaide pour une remise en cause profonde du projet Cigéo proposé par l’Andra.
Les difficultés considérables qui sont ainsi mises en évidence doivent conduire les pouvoirs publics à s’interroger sur la poursuite d’une stratégie qui pourrait de fait conduire à une impasse, sans parler des coûts considérables qui lui seraient associés.
2. Deux supercheries : phase industrielle pilote et réversibilité
2.1 La phase industrielle pilote
2.2.1 L’ERI approuve mais s’interroge
Dès le début de son rapport, l’ERI aborde le sujet de la « phase industrielle pilote » prévue dans le projet Cigéo :
Observation n°1 de l’ERI :
« La décision d’introduire une phase industrielle pilote dans le projet et la préparation d’un Dossier d’options de sûreté est appréciable. Elle confirme que l’Andra a tenu compte de la consultation publique réalisée et c’est un bon exemple de la prise en compte des attentes et propositions du public dans le cadre du programme de développement de Cigéo ».
Mais, tout en approuvant la proposition d’une phase industrielle pilote, l’ERI ne manque pas de s’interroger sur la qualité du dossier de l’Andra sur cette question. Ce qui n’est pas étonnant puisque cet « appendice » ajouté au dossier pour faire semblant de répondre à la demande du public n’a certainement pas fait l’objet d’un travail approfondi qui en aurait démontré l’incohérence..
A la suite de l’observation n°7,
Suggestion n°3 :
« L’Andra dit indiquer plus en détails la manière dont les nouvelles informations (fournies par la phase pilote) seront employées lors du passage d’une étape à la suivante, dans le cadre du développement incrémental du projet Cigéo (mentionné dans le PDE, plan directeur d’exploitation), et décrire le lien existant entre les différentes étapes du processus de développement de Cigeo, le processus réglementaire d’autorisation et les étapes-clés du plan de R&D de l’Andra ».
Extrait de l’observation n° 8
« Le concept d’une phase industrielle pilote bien identifiée en vue de la confirmation de différents aspects de l’exploitation et de la technologie de l’installation de stockage est louable, bien que sa portée exacte reste à déterminer ».
2.2.2 Les pairs ont été trompés
Les pairs ont été trompés. Ce qui est présenté comme un bel exemple de consultation citoyenne repose sur un double mensonge : d’une part sur la qualité de cette consultation sur laquelle nous reviendrons au chapitre 4, d’autre part sur cette question particulière.
Ce qui est sorti des débats et en particulier de la conférence de citoyens qui en a fait partie, ce n’est pas une phase industrielle pilote, première étape d’un projet global déjà autorisé, mais la réalisation d’un pilote industriel indépendant, réplique à échelle réduite du projet Cigéo (une galerie et quelques alvéoles par exemple) qui permette de tester dans des conditions réelles, y compris avec chargement de déchets radioactifs, non seulement toutes les opérations prévues dans le projet mais aussi les réponses à des situations incidentelles ou accidentelles et surtout l’évolution du système de stockage sur une durée suffisante, de l’ordre de cinquante à cent ans. Solution qui, au cours des débats, avait d’ailleurs reçu le soutien de certains responsables techniques de la sûreté nucléaire.
En effet, comment peut-on admettre que l’on décide de construire le projet colossal de Cigéo, qui devrait contenir les déchets HA-VL et MA-VL résultant de tout le programme nucléaire français depuis son origine, projet absolument unique au monde (les autres projets du même type sont en couche granitique) sans avoir réalisé un projet pilote indépendant.
C’est à peu près comme si l’on avait construit Superphénix d’un seul coup. Ce projet n’a été réalisé sur la base des pilotes Rapsodie et Phénix de puissance bien moindre et, malgré cela, il a rencontré de nombreuses difficultés…
Aucun ingénieur ne peut considérer comme raisonnable ce saut dans l’inconnu que représente l’enchaînement, sans aucun recul sérieux, d’une phase pilote et de la suite du projet.
Dans le cadre de la poursuite d’un projet d’enfouissement, la décision de poursuivre dans la voie actuellement proposée ne devrait être prise qu’après la réalisation de ce pilote industriel et sa durée de fonctionnement entre un demi siècle et un siècle afin de tester en particulier les vieillissements et les déformations de l’installation.
Une telle décision relèverait de la sagesse élémentaire et ne poserait pas de problème particulier vis-à-vis de la gestion des déchets puisque, de toute façon, la surveillance des stockages des déchets dits de faible activité actuellement en fonction devra être maintenue sur des périodes allant de 300 à 800 ans.
Les ambiguïtés notées par l’ERI seraient ainsi levées car ce n’est qu’en fonction des résultats obtenus sur le pilote industriel sur une période suffisamment longue que la décision de construire ou non un stockage définitif serait prise.
2.2 La réversibilité du stockage
Sans parler encore de réversibilité, la loi sur les déchets radioactifs du 30 septembre 1991 nous dit :
Article 1er :
« La gestion des déchets radioactifs à haute activité et à vie longue, doit être assurée dans le respect de la protection de la nature, de l’environnement et de la santé, en prenant en considération les droits des générations futures ».
Cette prise en considération se traduit dans la loi du 28 juin 2006 :
Article 5 :
« Le stockage en couche géologique profonde de déchets radioactifs est le stockage de ces substances dans une installation souterraine spécialement aménagée à cet effet, dans le respect du principe de réversibilité ».
C’est là qu’intervient la loi du 25 juillet 2015 :
Extrait de l’article 1 :
II.-L'article L. 542-10-1 du code de l'environnement est ainsi modifié :
1° Après le premier alinéa, sont insérés cinq alinéas ainsi rédigés :
« La réversibilité est la capacité, pour les générations successives, soit de poursuivre la construction puis l'exploitation des tranches successives d'un stockage, soit de réévaluer les choix définis antérieurement et de faire évoluer les solutions de gestion.
« La réversibilité est mise en œuvre par la progressivité de la construction, l'adaptabilité de la conception et la flexibilité d'exploitation d'un stockage en couche géologique profonde de déchets radioactifs permettant d'intégrer le progrès technologique et de s'adapter aux évolutions possibles de l'inventaire des déchets consécutives notamment à une évolution de la politique énergétique. Elle inclut la possibilité de récupérer des colis de déchets déjà stockés selon des modalités et pendant une durée cohérentes avec la stratégie d'exploitation et de fermeture du stockage.
« Le caractère réversible d'un stockage en couche géologique profonde doit être assuré dans le respect de la protection des intérêts mentionnés à l'article L. 593-1. Des revues de la mise en œuvre du principe de réversibilité dans un stockage en couche géologique profonde sont organisées au moins tous les cinq ans, en cohérence avec les réexamens périodiques prévus à l'article L. 593-18.
« Afin de garantir la participation des citoyens tout au long de la vie d'une installation de stockage en couche géologique profonde, l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs élabore et met à jour, tous les cinq ans, en concertation avec l'ensemble des parties prenantes et le public, un plan directeur de l'exploitation de celle-ci.
« L'exploitation du centre débute par une phase industrielle pilote permettant de conforter le caractère réversible et la démonstration de sûreté de l'installation, notamment par un programme d'essais in situ. Tous les colis de déchets doivent rester aisément récupérables durant cette phase. La phase industrielle pilote comprend des essais de récupération de colis de déchets. »
Le tour est joué : la réversibilité est limitée à la période d’exploitation (ce qui représente un petit nombre de générations futures) et on apprend en plus que la récupérabilité, qui est dans les faits l’application de la réversibilité, ne serait imposée que dans la phase industrielle pilote.
La logique du projet Cigeo est complètement tournée vers le très long terme, avec la volonté de répondre à une question unique : comment assurer la stabilité du stockage des « déchets ultimes » sur des durées géologiques. La solution choisie repose sur le double concept de « barrière naturelle » qu’apporterait à très long terme les couches géologiques (à condition d’être judicieusement choisies) à la migration éventuelle des particules radioactives mais aussi d’irréversibilité.
En effet le but revendiqué de l’opération est de pouvoir « oublier » ces déchets en rendant impossible leur accès à l’homme pendant des dizaines de générations. Dans cette perspective, les questions de court et moyen terme (<100 ans) n’ont jamais été considérées que comme accessoires dans le projet.
En réalité, l’option d’irréversibilité a existé dès le choix de l’enfouissement en couche d’argile puisqu’il serait impossible de « revenir en arrière » ou de changer de stratégie de gestion des déchets une fois la fermeture de l’installation effectuée. Mais cette option d’irréversibilité en fin de chantier, qui est cohérente sinon souhaitable avec la notion de stockage « définitif » ne devrait en aucun cas concerner la longue phase de chantier de plus de 100 ans qui précèderait la fermeture et « l’oubli » du site. Tout au long de cette période, la réversibilité est essentielle pour pallier les aléas d’un chantier comprenant de nombreux risques et permettre de récupérer les déchets défectueux dans des délais compatibles avec la sûreté du site et des populations environnantes. Les promoteurs du projet eux-mêmes admettent (et cela a été souligné en particulier par la revue de l’ERI) que l’on ne peut exclure la présence d’un « colis » défaillant et la nécessité de la récupérer, ou bien la nécessité d’intervenir sur un accident, même banal, pendant la durée du chargement des déchets. En réduisant l’hypothèse de récupération des déchets à la seule phase pilote qui ne va durer que quelques années le projet dénature le sens de l’objectif réversibilité qui s’était dégagé au cours de la conférence de citoyens. En cas de difficulté dans le chantier la réversibilité devrait être compatible avec le traitement de l'accident. Ce n’est évidemment pas le cas si un incendie se déclenchait au fond d'une galerie comportant une série de colis et qu'il faut des mois pour le sortir. Or aucun élément temporel sur le rythme de réversibilité en situation normale (on change d'avis) ou accidentelle n'est indiqué par l’Andra.
La démonstration de sûreté ne peut pas faire l’économie d’une étude précise des conditions temporelles de l’exercice de la réversibilité et de sa compatibilité avec le traitement d’un accident éventuel au cours du chantier.
3. Revisiter la stratégie de gestion des matières et déchets radioactifs
Le projet Cigéo de stockage géologique est supposé résoudre la question d’un stockage multimillénaire des « déchets ultimes » du nucléaire, définis comme ceux qui ne sont pas physiquement recyclables dans l’état actuel des sciences et des techniques et qui présentent une forte ou très forte radioactivité HAVL et MAVL (loi du 28 juin 2006) pour des durées très longues, supérieures à des centaines d’années.
Les déchets HAVL sont constitués des produits de fission et des actinides mineurs contenus dans le combustible usé des centrales nucléaires préalablement séparés de l’uranium et du plutonium contenus dans ce même combustible. Ces déchets ultimes représentent, en masse, moins de 5% de l’ensemble des matières nucléaires dangereuses à long terme qu’engendre l’activité nucléaire civile. Ils sont conditionnés après vitrification dans des colis en inox et doivent être entreposés 50 à 60 ans pour refroidissement avant leur enfouissement.
Les 95% de matières dangereuses non concernées par cette définition sont supposées bénéficier d’un recyclage (sous des formes diverses mais non encore déterminées) et sont donc exclues du projet. Quant aux déchets ultimes éventuels de ce recyclage éventuel, ils ne sont ni définis ni comptabilisés et par conséquent exclus du projet Cigeo.
Les déchets MAVL sont d’origines plus diverses (résidus divers des usines du combustible ou du retraitement, coques des combustibles, etc.) et sont conditionnés sous des formes diverses: vitrification, cimentation, bitumage. Moins radioactifs donc moins chauds, ils pourraient commencer à être stockés dès l’ouverture du site de stockage.
Le projet Cigeo repose donc sur l’hypothèse implicite d’une pérennité de cette distinction entre « matières valorisables » et « déchets ultimes » pendant les 130 ou 150 ans que va durer le projet. La distinction actuelle repose en effet sur des bases qui n’ont rien à voir avec la question de la sûreté du devenir à long terme des différents composants de l’uranium irradié issu des centrales actuelles. C’est le besoin de plutonium à des fins militaires d’abord puis pour l’alimentation de la filière des surgénérateurs (sans objet depuis l’arrêt définitif de Superphénix en 1998) et enfin pour la fabrication de MOX qui ont conduit à cette définition. L‘industrie militaire et civile nucléaire n’étant intéressée que par le plutonium a regroupé des composants d’activité radiologique, d’activité chimique et de durée de vie extrêmement diverses dans un seul paquet dit déchet ultime. Cette distinction est inopérante du point de vue de la sûreté du devenir de ces différents composants pour deux raisons principales :
- La classification du plutonium en matière valorisable est évidemment contingente puisqu’elle dépend principalement des politiques énergétiques nationales et de l’évolution des filières. On peut le constater dès aujourd’hui puisque une part croissante du plutonium de retraitement ne trouve pas d’usage malgré l’usage du MOX dans un certain nombre de réacteurs.
- Le terme actuel de « déchets ultimes » recouvre une très grande diversité de matières dont les caractéristiques radiologiques chimiques et de durée de vie étant très différentes posent des questions de sûreté également très diverses.
Il est manifeste que la prise en compte de critères de sûreté pour la gestion et l’éventuel stockage pérenne ou définitif des différentes matières composant l’UOX ou le MOX irradié conduirait à un classement différent du classement actuel et à une diversification des solutions d’entreposage ou de stockage.
Donnons en un exemple : les déchets HAVL actuels sont composés de produits de fission dont la durée de vie n’excède pas quelques centaines d’années et d’actinides mineurs de durée de vie parfois très supérieures. D’autre part, les différents produits ont des comportements de migration très différents en présence d’eau. On voit bien à travers cet exemple que le rassemblement sous un seul terme de ces matières ne peut pas conduire à une gestion optimale en termes de sûreté.
Le projet Cigeo, centré sur le stockage d’un type précis de déchets HAVL dits « ultimes » aujourd’hui et pendant les 100 ans qui viennent, a toutes chances d’être totalement inadapté au stockage de matières nucléaires dangereuses qui vont se révéler comme des déchets au cours du 21ième siècle, dont la composition et les caractéristiques ne sont pas connues et qui pourraient représenter jusqu’ à 20 fois les déchets considérés comme « ultimes » aujourd’hui.
C’est une des raisons pour lesquelles le débat public de 2013 avait mis l’accent sur la nécessité d’un programme de recherche sur ces questions et sur les autres solutions que le stockage à grande profondeur tout au long d’une période pilote qui devait durer plusieurs dizaines d’années. Ce n’est manifestement plus le cas dans le projet actuel avec une phase pilote réduite au minimum et sans programme de recherche sur les alternatives citées plus haut.
Outre ses propres problèmes de sûreté, le projet Cigéo introduit donc des problèmes de sûreté par omission.
4. Le stockage de déchets radioactifs en profondeur dans la croûte terrestre est-il acceptable ?
La thèse selon laquelle on dispense ainsi les générations futures de se soucier des déchets radioactifs, parce que, d’une certaine façon, on va les faire « disparaître », est d’une grande hypocrisie : en les enfouissant de manière totalement irréversible dans la croûte terrestre sans aucun espoir de modification de stratégie, on impose en fait aux générations futures une pollution du sous-sol qu’elles ne pourront que découvrir et en pâtir très probablement, sans pratiquement aucun moyen d’agir.
Il est aventureux de prétendre « imaginer l’inimaginable » (au dire de la directrice de l’Andra) quand il s’agit de « garantir » un stockage sans encombre pendant plus de cent mille ans. Certes, les expériences réalisées sur les couches géologiques devraient permettre de calibrer des modèles complexes, mais nul ne peut s’engager sur des évènements géologiques inattendus, et aujourd’hui probablement inimaginables.
Plus concrètement, le risque d’infiltration d’eau dans des couches géologiques est probablement le principal risque « technique » à long terme, sans doute inévitable : au bout de combien de temps des eaux chargées d’éléments radioactifs pourraient remonter à la surface ? Et cela quelle que soit la nature de la couche géologique concernée, l’argile étant toutefois plus favorable que le granite selon ce critère.
Le second inconvénient est la perte de mémoire de ce stockage souterrain. Certes, ce problème est étudié et les idées ne manquent pas. Selon les uns, l’objectif de l’enfouissement des déchets étant de les « faire disparaître », la meilleure solution serait de ne rien signaler aux générations futures et de confier à la géologie le soin de maintenir ces déchets bien calfeutrés et ignorés. Pour les autres, il faut au contraire faire le maximum pour signaler, sur longue période, la présence de ce lieu souterrain de risque majeur. Mais on parle de siècles et de millénaires ; que sera cette région à très long terme? Et, quelles que soient les précautions prises, information ou non, suffisamment de bouleversements de toute nature peuvent provenir pour que la seule mémoire reste sans doute « qu’il y a quelque chose au fond qui pourrait bien être précieux » et qu’il faudrait aller le chercher.
Ce qui paraît à court et moyen terme le plus grave est que si la France, « championne du nucléaire », adoptait cette solution d’enfouissement en profondeur, il n’est pas difficile d’imaginer que de nombreux Etats et entreprises s’empresseraient de « faire comme la France ». Ce modèle idéal serait internationalement adopté pour faire disparaître non seulement des déchets radioactifs mais aussi toutes sortes de déchets toxiques, dans des conditions invérifiables dans la pratique. Et l’on se trouverait en moins d’un siècle avec une croûte terrestre parsemée de trous soigneusement rebouchés, contenant des déchets extrêmement dangereux.
Après la pollution de l’atmosphère et des océans, si difficile à endiguer et à réduire, l’homme s’attaque sérieusement au sous-sol. Sous-sol riche en matières premières, en ressources énergétiques et surtout lieu de circulation et de stockage de l’eau, indispensable à la vie sur la Terre.
De la même façon que des conventions internationales (convention climat, protocole de Montréal, convention OSPAR) tentent d’améliore la situation de l’air et de l’eau, il n’est pas interdit de penser que les générations qui nous suivent seront moins destructrices que les nôtres et qu’une convention internationale verra bientôt le jour, interdisant le stockage en profondeur de tout déchet toxique ou radioactif.
Enfin, une fois refermé, le stockage en profondeur serait un choix imposé aux générations futures, car irréversible dans la pratique. Le choix de faire ou ne pas faire un stockage profond est loin d’être seulement scientifique et technique : c’est un choix éthique, politique et citoyen.
5. Quelles solutions préconiser
Trois pistes sont recommandées : la poursuite des recherches afin de réduire, en quantité et dans le temps, la nocivité des déchets radioactifs, la sécurisation des entreposages et stockages actuel, l’entreposage pérenne en sub-surface.
La séparation-transmutation, une des trois voies de recherche de la loi de 1991, ne permettra pas de « régler » la question des déchets. Pour transmuter, il faut « sur-irradier » les déchets avec des neutrons. Et l’énergie de ces neutrons dépend des éléments contenus dans les déchets. Il faudrait donc séparer complètement tous les déchets (techniquement à peu près impossible, financièrement très élevé), et en outre, cela ne « supprime » pas les déchets. Cela diminue simplement la durée de vie d’une partie des déchets (de 10 000 ans à quelques centaines d’années). La transmutation est encore étudiée par le CEA, mais cela ne concerne qu’une infime partie des déchets. Et le débat de 2006 a conclu que ce ne pouvait pas devenir une solution industrielle pour les dizaines de milliers de tonnes de déchets existants. Mais le fait que cette voie de recherche paraisse décevante n’est pas une justification pour ne pas poursuivre les efforts de réduction de la nocivité des déchets radioactifs. La poursuite de ce domaine de la recherche doit être une priorité.
Le stockage en surface (considéré comme « définitif ») existe déjà pour des déchets de faible activité (centres de stockage ANDRA de Soulaines, Morvilliers, la Manche) et n’est pas sans poser des problèmes : il devrait être « contrôlé » pendant au moins 300 ans, voire 800 car il contient parfois du plutonium. L’entreposage en surface (stockage temporaire) existe également pour les déchets de haute activité que sont les combustibles irradiés ou « usés » à la sortie du réacteur : ils sont tellement chauds et radioactifs qu’il faut les stocker pendant six mois au moins et souvent plus (au moins deux ans et demi pour les combustibles MOX) dans des « piscines », vastes bassins situés auprès des réacteurs et dans lesquels ils sont refroidis en permanence. Ces combustibles sont ensuite transportés à La Hague, également entreposés dans une piscine qui est actuellement la plus grande concentration au monde de déchets radioactifs (l’équivalent du chargement de cent réacteurs nucléaires). Ces piscines, auprès des réacteurs ou à La Hague, ne sont pas sécurisées vis-à-vis d’agressions extérieures graves (naturelles, terroristes ou militaires). La première urgence, comme cela a été souligné par l’Autorité de sûreté nucléaire est la sécurisation de ces piscines, en premier lieu celles de La Hague.
Il n’existe pas à l’heure actuelle de solution satisfaisante pour la gestion des déchets. Celle qui paraît la moins mauvaise paraît être le « stockage à sec en sub-surface ».
La logique du projet Cigéo d’oubli et de confiance dans la nature et la technique comme garantie de sûreté a fait l’objet de vives controverses au cours du débat national sur la gestion des déchets radioactifs de 2006. Est apparu à cette occasion la notion d’entreposage surveillé et pérennisé qui repose sur une attitude très différente, en refusant l’oubli proposé comme solution à la société actuelle et future. L’entreposage envisagé impose en effet non seulement une surveillance mais la possibilité technique réelle d’extraire les fûts de déchets à tout moment et d’en disposer autrement. La notion d’évolution (évolution scientifique et technique, évolution des esprits et des sociétés) est donc au cœur de ce concept concurrent qui a recueilli une large approbation au cours du débat public engagé par la Commission nationale du débat public sur la gestion des déchets radioactifs en 2005-2006.
L’entreposage à sec existe déjà en France pour plusieurs types de déchets, notamment les verres produits à La Hague qui contiennent les produits de fission et les actinides mineurs (éléments plus lourds que l’uranium, hors plutonium) qui sont issus des combustibles usés provenant des réacteurs et séparés par le retraitement : ils sont entreposés à La Hague dans des silos verticaux et, comme ils sont très chauds, ils sont refroidis par une ventilation naturelle forte et une ventilation forcée. Ce sont des déchets HA-VL (haute activité, vie longue). En Allemagne et surtout aux Etats-Unis, les combustibles usés (ou combustibles irradiés) qui sont considérés comme des déchets puisqu’ils ne sont pas retraités comme en France (qui est pratiquement le seul pays à le faire à grande échelle), ont développé et développent des entreposages de longue durée sur le site même des centrales nucléaires (ce qui évite les transports), à sec, pour les combustibles usés, après un séjour d’environ cinq ans dans les piscines de refroidissement situées auprès des réacteurs nucléaires.
Quant à la « sub-surface », il s'agit de stocker les combustibles irradiés des centrales sans aucun retraitement dans des galeries creusées à faible profondeur, on dans le flanc de montagnes granitiques. De la sorte, on facilite la surveillance, et on garantit la possibilité d'extraire ces combustibles dans le cas d'une solution technique. Cette méthode peut s’appliquer également aux conteneurs (bien conditionnés) des déchets MA-VL existants, ainsi que des verres HA existants entreposés à La Hague. Après a période de refroidissement nécessaire.
CONCLUSION
1. L’ensemble des faiblesses, des lacunes et des obstacles mis en évidence par les trois avis officiels – celui mis en consultation par l’ASN, celui de l’IRSN et celui de la Revue par les pairs – conduit à une remise en cause profonde du projet Cigéo présenté par l’Andra. Constat renforcé par nombre de commentaires en réponse à la consultation lancée par l’ASN.
2. Les difficultés considérables ainsi mises en évidence doivent conduire le Gouvernement et le Parlement à remettre en cause ce projet qui ne peut que conduire à une impasse, sans parler des coûts considérables d’une telle entreprise qui seraient évidemment, in fine, à la charge de nos concitoyens.
3. Le choix de l’enfouissement des déchets radioactifs en couche géologique profonde n’est pas acceptable : il ne fait pas « disparaître » les déchets, mais il les cache et impose de façon irréversible aux générations future une pollution de la croûte terrestre de durée illimitée à l’échelle humaine. Il impose de plus la mise en place et la gestion d’un chantier à haut risque pour les populations pendant une période de plus d’un siècle. La reproduction d’une telle solution dans des conditions incontrôlées ne pourrait qu’aboutir à la pollution à grande échelle des eaux souterraines dans de nombreuses régions du globe.
4. En application des lois sur la gestion des déchets radioactifs, recommandée par les consultations citoyennes, la solution de l’entreposage à sec en sub-surface doit être sérieusement étudiée et un ou des installations pilotes réalisées.
5. La stratégie de gestion des déchets radioactifs, après une longue période de désintérêt sur la question, a été conduite sur la base de choix – retraitement des combustibles, production du plutonium, différentiation discutable entre « matières valorisable et déchets…- dictés par, justement, les producteurs de déchets, doit être entièrement revisitée.
6. Comme l’on fait certains pays « avancés », notamment l’Allemagne et l’Italie, la justification de la production même de l’électricité par l’utilisation de l’énergie nucléaire, productrice de la grande majorité des déchets, doit être réexaminée.
15/09/2017 23:09
BURE CIGEO
Muriel habitante d’un territoire en voie de stérilisation par les poubelles nucléaire et leur gestion
En préambule bravo à l’ASN pour cette consultation. Souhaitons que le bon sens populaire soit, à la différence des débats publics de 2005 et 2013, prise en compte dans la décision .
ASN et IRSN affirmez votre indépendance.
L’Etat a décidé depuis 1991 d’opérer une profonde et définitive mutation de la vie économique des départements de l’Est, Aube, Haute-Marne, Meuse.
Aux productions agricoles à haute valeur ajoutée, Champagne, Brie de Meaux, produits de qualité issus de l’élevage il préfère les poubelles nucléaires :
Aube :
• 1992 Soulaines CSA Déchets faible moyenne activité à vie courte (300ans) 1 million de M3 100 hectares.
• 2003 Morvilliers CIRES Déchets TFA très faiblement radioactifs 650000 M3 50 hectares
• 2011 Daher centre de tri de déchets radioactifs
• En cours un projet de création d’un centre de stockage pour les déchets FAVL pour lequel la communauté de communes a reçu un chèque d’un million d’euros pour réaliser « un projet de territoire » est une aide au choix ?
• Cerise sur le gâteau un projet »Bison » d’optimisation des volumes de déchets radioactifs, atomisé par les habitants de Gudmont Villiers, risque de s’implanter à Chaumesnil dans l’aube.
Haute-Marne/Meuse :
Afin de clore le champ connu à ce jour des déchets radioactifs un projet de stockage souterrain des pires déchets radioactifs a vu le jour dans ces départements ruraux.
Au mépris de l’avis des populations l’etat et son bras armé l’andra se permettent à la limite de la légalité l’accaparement des terres nécessaires à ce projet.
Arrosant de subventions, élus, communes, départements, ne négligeant pas de mentir pour rendre acceptable cet enfouissement.
Malgré tout des expets indépendants dénoncent et mettent en évidence les failles conceptuelles du projet .
Les risques d’explosion, d’incendie, de dénaturation de la qualité de la roche sur une durée temporelle proche de l’infini inquiète.
Nous demandons à l’ASN indépendante de ne pas se montrer complice d’une catastrophe prévisible non maitrîsable ( stockage à ASSE wipp, stocamine, Fukushima) qui montre l’arrogance puis l’impuissance des promoteurs du nucléaire.
La region Grand est n'a pas vocation à devenir la poubelle atomique de la France
15/09/2017 23:09
Cigéo
Sur l’avis de l’ASN et les documents préparatoires :
La remarque de l’IRSN (Avis IRSN N° 2017 00190, page 5) remet en cause la capacité de l’Andra à mener à bien sa mission: « A ce stade, l’IRSN considère qu’il n’est pas acquis que la conception retenue par l’Andra permette d’exercer pendant la phase d’exploitation, une surveillance adaptée aux enjeux particuliers posés par la maîtrise des risques associés au stockage. »
Pas plus que celle-ci, qui rappelle qu’à la dangerosité des colis bitumineux s’ajoute les difficultés liées à la maîtrise d’un incendie à grande profondeur (« risque d’emballement de réactions exothermiques ») : « La conception actuelle du stockage ne permettant pas le stockage sûr des déchets bitumineux, l’IRSN estime qu’une solution de neutralisation de la réactivité des enrobés bitumineux préalablement à leur mise en stockage doit être privilégiée. »
Du DOS à la DAC :
« S’agissant de l’analyse des risques liés à la phase d’exploitation et de réversibilité ainsi que des risques à long terme »…, l’IRSN identifie « quatre points majeurs qui pourraient entraîner des modifications substantielles de la conception du stockage »… et « ne présage pas des délais nécessaires pour réunir ces éléments de démonstration et en conséquence de l’échéance à laquelle le dossier de DAC pourra in fine être achevé. » (Avis IRSN N° 2017 00190, page 7 et 8).
Le projet Cigéo a ceci de particulier qu’il est un prototype et à cet égard, il nous propose de découvrir par l’expérience ce qui pourrait ou pas poser problème. A nos risques et périls, si d’aventure, malgré les avertissements de l’ASN, les pouvoirs publics décidaient de passer outre !
Lorsque le projet d’enfouissement a été « vendu » aux élus de Meuse et de Haute-Marne, il s’agissait de faire des recherches dans un laboratoire. Or, à un an du dépôt de la DAC, malgré plusieurs années de retard, l’Andra n’a pas prouvé sa capacité à maîtriser la conception et la sûreté d’un stockage à grande profondeur. Elle en est même très loin. Mais elle a trouvé une parade avec l’introduction lors du débat public de 2013 d’un nouveau concept : la phase pilote. Ce que l’Andra était censée résoudre avant le dépôt de la demande d’autorisation de création pourrait être repoussé à une phase ultérieure.
La tromperie qui a consisté à faire émerger cette idée -une seule fois citée lors du débat public – par une conférence de 17 citoyens réunis pour la cause en dehors du débat public. Il a suffi de téléguider la médiatisation du nouveau concept pour enterrer les contributions de ceux qui avaient eu la faiblesse de croire que le DP allait prendre en compte leurs avis.
Cette phase pilote nécessitant la construction de toutes les infrastructures coûterait près de 7 Mds d’€ d’ici 2034 (estimation Andra), et engloutirait par là-même plus que les 5 Mds d’€ de provisions pour la totalité du projet Cigéo (estimation Cour des Comptes 2012). Cette mascarade prouve qu’il ne s’agit pas d’une simple phase pilote. C’est tout au plus une manière malhabile de faire accepter l’inacceptable : le démarrage d’un projet extrêmement dangereux et suicidaire et notre mise devant le fait accompli.
C’est pourtant cette proposition que souligne le rapport de la Revue par les pairs de l’AIEA (Résumé page 3) :
« L’Équipe de Revue Internationale (ERI) souligne positivement la décision d’introduire une phase industrielle pilote dans le processus, ainsi que la préparation d’un DOS. Cela confirme la prise en compte par l’Andra des attentes et propositions du public, exprimées lors du dernier débat public. ». Sans commentaire !
Il n’est pas trop tard pour les pouvoirs publics de réaliser que la grande profondeur ajoute des difficultés insurmontables à la gestion déjà difficile des déchets HA et MAVL et pour abandonner le projet Cigéo, qui, rappelons-le, vise à concentrer en un seul lieu plus de 99% de la radioactivité totale produite par les centrales nucléaires.
Il sera alors possible de réorienter les crédits de recherche vers la remise à plat de la gestion de l’ensemble des déchets radioactifs existants (de nature et dangerosité très différentes), dans une tentative de trouver les moins mauvais compromis possibles, sans précipitation et en y consacrant les moyens nécessaires.
15/09/2017 23:09
Cigéo Bure une catastrohe écologique annoncée
LERAY Jacques
Membre du CEDRA et de l’EODRA
Maire de Beurville 52110 de 1995 à 2013
Membre du Clis de Bure
Opposant aux poubelles atomiques depuis le projet CSA de Soulaines d’huys, accoutumé au mépris des nucléocrates pour les consultations et la Démocratie, je m’interroge sur la destination de cette consultation de l’ASN.
Les gouvernants et leurs instruments IRSN , ASN etc…… tiendront-ils compte des avis exprimés par les citoyens ?
A l’issue du débat public de 2005 les participants demandaient l’entreposage des déchets HAVL près des lieux de production :
En Juin 2006 une vingtaine de députés votaient, de nuit, à main levée l’enfouissement en grande profondeur de ces substances, assorti d’une exigence de « Réversibilité ». Cette exigence est à ce jour oubliée.
« Les promesses n’engagent que ceux qui y croient » citait Mr Charles PASQUA .
Enfouir en grande profondeur les déchets radioactifs les plus virulents ; une sécurité pour les générations futures ?
Le désir frénétique d’enfouir ces déchets hautement toxiques (voire mortels) dénote chez ses partisans une image de « modèle de société » empreint de méfiance sur la race humaine.
Cependant l’histoire montre que l’homme a toujours tenté de percer le mystère des évènements et des phénomènes atypiques de son environnement.
Le choix de laisser ces déchets « accessibles » dénote au contraire une vision optimiste de l’Homme qui lui permettra en fonction des progrès de la science d’optimiser le traitement des ces déchets.
Bien évidemment informations et mises en garde devront avertir nos successeurs de la dangerosité de ces substances toutes précautions étant prises pour éviter le moindre dommage à l’environnement.
Historique du projet.
30 décembre 1991 loi Bataille mère de tous ces maux prévoit 3 axes :
Axe 1 : séparation et transmutation
Axe 2 : stockage en couche géologique
Axe 3 : conditionnement et entreposage de longue durée
L’axe 2 nous intéresse prioritairement
Il convient de préciser ici le décalage entre les promesses et la réalité
DES laboratoires sur différents sites doivent permettre de caractériser le meilleur sous sol d’accueil.
Face à la colère de la population des autres sites seul Bure sera exploité. Mensonge 1
La réversibilité devait être garantie, la sureté exige le scellement du stockage Mensonge 2
La radioactivité devait être confinée dans un coffre fort d’argile ……….Mais dès son premier rapport de juin 1995 la CNE déclare : l’objectif est » de LIMITER à un niveau spécifié le transfert des radionucléides vers la biosphère » CNE1 p 33 Mensonge 3
La règle fondamentale de sûreté III 2f précise : « Absence de stérilisation de ressources souterraines : Au plan de la gestion du sous-sol, le site devra être choisi de façon à éviter des zones dont l'intérêt connu ou soupçonné présente un caractère exceptionnel. (p473 chap 4.4).
Le mépris pour cette exigence risque d’oblitérer une richesse géothermique très importante. Mensonge 4
Implantation d’un centre de stockage de déchets radioactifs et Démocratie.
Les populations des 2 départements sélectionnés n’ont jamais été consultées sur la stérilisation future due au changement du modèle économique de leur territoire passant de l’agriculture à la poubelle atomique. L’impact sera sur la surface, sur le sous sol, les transport aggravant ce processus de dégradation environnemental.
Les phases institutionnelles de concertation avec la population furent des échecs notoires à la limite de l’escroquerie intellectuelle :
• Débat public 2005 : voir ci-dessus.
• Débat public 2013 : La population s’oppose à l’enfouissement. Un panel de citoyens surgit de nulle part et le président de la commission de Débat public Mr Leyrit donne des délais à l’andra, et lui fait cadeau d’une phase pilote grandeur réelle prélude à l’exploitation du centre.3 membres dénoncent de l’intérieur la partialité de la CNDP.
• 2016 Débat au Sénat la ministre de l’environnement Mme Royal est absente
• 2016 Débat à l’Assemblée nationale le projet de loi est présenté par le président de l’andra le député Bouillon faible participation, vote à main levée, la ministre de l’environnement fait des selfies avec l’équipe de France de foot ball ……. La REVERSIBLITE est transformée en un concept très flou ……. Les déchets seront inaccessibles pour l’éternité.
• L’argent du GIP 30 millions par an, par département favorise l’acceptation d’élus de communes en état de faiblesse ; Pour la première fois de l’argent PUBLIC est distribué avant la création de la moindre nuisance.
Les fragilité conceptuelles de BURE/cigéo.
La localisation du site, dénoncée depuis l’origine par Mr André MOUROT Géologue expert, par Mr HUVELIN Paul, Mr MEYER .
On retrouve à Bure les pires conditions géologiques pour un stockage souterrain de déchets HAVL et MAVL :
Failles
Eau
Séismes dont l’épicentre se situe à environ 80 kms
Couche d’argilites manquant d’homogénéité suspectée d’avoir causé un accident mortel en janvier 2016 (affaire judiciaire en cours)
Travaillant sur ce dossier depuis 20 ans les ingénieurs de l’andra n’ont jamais évoqué (ont dissimulé) les risques d’explosion du à l’hydrogène qu’un expert indépendant a mis en évidence.
La lutte contre l’incendie à cette profondeur est une gageure deux exemples corroborent cette affirmation : accident du WIPP au USA, incendie de Stocamine en Alsace où les déchets resteront au fond selon la décision récente de Mr HULOT ministre de la Transition écologique.
Les questions demeurent :
Taille des alvéoles
Scellement
Récupération des produits radioactifs en cas de problème
Ventilation, conséquence d’un arrêt
Plus value d’une descenderie ?
Risque de criticité
Risques d’explosion
Fermeture définitive
Relâchement de radionucleides
Ce projet semble contraire à l’application des principes de précaution et de prévention de la Constitution,
Cédric VILLANI président de l’OPECST pourrait mettre en équation les incertitudes de ce projet.
Conclusion
L’ASN, l’IRSN connaissent parfaitement les risques que ce projet pharaonique (25 milliards selon l’etat) fait courir à l’environnement .Autoriser la phase pilote c’est ouvrir la boîte de Pandore d’une catastrophe irréversible.
Les membres de ces offices ne cessent de vanter leur INDEPENDANCE et leur HONNETETE. Les citoyens attendent de leur part un choix libre sans subir la pression des lobbies.
En cas de catastrophe votre RESPONSABILITE sera engagée.
15/09/2017 20:09
projet d'avis de l' ASN sur le dossier Cigeo
André 55 , ne produisons plus ces déchets et trouvons une solution pour ne pas laisser ce cadeau empoisonné à nos enfants et petits enfants .
15/09/2017 18:09
Avis défavorable pour ce projet dangereux
Depuis la création du laboratoire de Bure dans des conditions scandaleuses [(1) le site n’avait pas été choisi dans un premier temps par l’Andra lors des premières prospectives de la fin des années 80’, signe que les conditions géologiques n’étaient pas les meilleures, 2) site proposé par les élus locaux totalement hors-sol en échange notamment de compensations financières, 3) site situé en Meuse, frontière de la Haute-Marne, qui a donc été choisi pour sa faible densité de population et nécessairement une opposition moindre, 4) site unique qui n’a donc rien d’expérimental, alors que la loi Bataille en préconisait plusieurs], au dépôt du dossier d’options de sûreté en 2016, nous considérons que l’ANDRA a échoué à démontrer la faisabilité du projet.
En effet, la lecture de l’avis des groupes permanents d’experts pour les déchets et pour les laboratoires et usines, établi à partir du rapport de l’IRSN confirme nos doutes, nos inquiétudes depuis 20 ans : un projet d’enfouissement de déchets radioactifs aux fins irréversibles relève de la folie. Des experts indépendants ayant travaillé sur les dossiers de l’Andra depuis une dizaine d’années avaient déjà soulevé ces fameux risques :
- Des explosions dues à une concentration d’hydrogène (potentiel combustible et explosif) en milieu confiné en cas par exemple de panne de ventilation
- Des incendies notamment par la présence de colis bitumineux hautement inflammables et d’hydrogène
Ces risques sont inhérents à la nature même de cigéo (un enfouissement qui n’a finalement rien de réversible et qui ne permet donc pas de gérer/maîtriser des situations post accidentelles), à sa conception (ex : dans un souci d’optimiser l’architecture, il n’y a pas protection radiologique suffisante apportée au colis et les alvéoles sont inaccessibles et irradiantes ; ce qui ne permet pas d’intervenir !). A ceux-ci s’ajoutent de fait les dégradations des structures, les déversements radioactifs dans les sous-sols etc.
Les craintes des experts indépendants sont confirmées dans ce projet d’avis, 20 ans après le début des investigations. Les questions soulevées ont pour particularité de n’appeler aucune autre réponse que l’abandon de Cigéo puisqu’affirmer qu’il n’y aura pas d’incidents ou d’accidents pendant la période d’exploitation, ou pire après scellement, relève de la fiction. Il y a des risques dont on ne peut pas prendre le risque de leur réalisation.
Nous ne reviendrons pas ici sur les risques sociologiques et territoriaux que ce projet amène avec lui dans la Meuse et la Haute-Marne, ni sur son implantation anti démocratique (risques et motifs qui mériteraient pourtant de décider de l’abandon de cigéo à eux seuls !) dans le souci de rester dans le périmètre de cette présente consultation publique : l’analyse du projet d’avis relatif à la faisabilité technique de Cigéo, qui n’est pas démontrée, et qui n’est pas démontrable. En revanche, que chacun ait en tête que cet échec de l’Andra a pour source des erreurs certes scientifiques et géologiques, mais également largement sociologiques et démocratiques.
Heureusement, il est encore temps de dire STOP, et de préférer un entreposage pérennisé en surface, qui permettrait contrôle et surveillance, donc réactivité et intervention en cas d’accident ; et qui serait nécessairement réversible dans l’attente de véritables solutions (sur tous les plans).
22/01/2021 14:01
Dossier d’options de sûreté de l’installation de stockage de déchets radioactifs Cigéo
Le processus décisionnel de CIGéo, un complot ?
Ce lien donne les détails : http://www.villesurterre.eu/index.php?option=com_content&view=article&id=416
Un film illustrant cette affirmation est en cours de réalisation.
Résumé :
On n'est pas obligé d'être familiarisé avec la classification des déchets nucléaires pour comprendre ce complot !
C'est la loi de 2006 qui régit ce projet d'enfouissement de ces déchets les plus dangereux. Les députés Christian BATAIILE et Claude BIRRAUX ont rédigé un rapport sur l’état d’avancement et les perspectives des recherches sur la gestion des déchets radioactifsqui est remis au Parlement français le 16 mars 2005.
Le 20 décembre 2005, l’Andra remet au gouvernement un dossier qui synthétise les quinze années de recherche depuis la première loi de 1991. Ces recherches s’appuient sur le programme scientifique mis en œuvre au laboratoire souterrain de BURE.
Le ministre délégué à l’Industrie, présente un projet de loi sur la gestion des matières et des déchets radioactifs lors du Conseil des ministres du 22 mars 2006. L’examen de ce projet de loi commence à l'Assemblée nationale le 6 avril 2006. Le Sénat modifie le texte après déclaration d’urgence et l’ensemble du projet de loi est adopté le 15 juin 2006 à l’Assemblée nationale. Durant les débats, les mots bitume et hydrogène n'ont même pas été prononcés.
C’est l'OPECST (Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques) qui évalue et rend compte sous la forme d'un rapport destiné aux parlementaires. Et on a tout lieu d'être inquiet, parce que l’OPECST n’est qu’une assemblée de 18 députés et de 18 sénateurs qui travaillent sous l’emprise d’un célèbre trio pro-nucléaire et pro-enfouissement des déchets nucléaires : BIRRAUX-BATAILLE-SIDO. BIRRAUX n’est certes plus député depuis les législatives de 2012, mais il a été remplacé par son clone : LE DEAUT... Quant à l'OPECST 2017, il est truffé de pro-nucléaire. Son président qui sait, lui, ce qu'est un modèle mathématique n'aura pas les moyens de mettre son savoir au service du principe de précaution.
L'OPECST qui fournit les informations, qui rédige les dossiers, qui rend compte aux deux assemblées, joue un rôle considérable dans cette affaire.
Pour décider de la création de CIGéo, on constate donc qu'il n'y aura ni débat, ni vote. Est-ce normal ?
Le rapport de l'OPECST sera à la disposition de l'ensemble des parlementaires. Les parlementaires auront également à leur disposition l'avis de l'ASN, les conclusions du Débat public, l'avis des collectivités, tous les documents qui leur seront fournis par les différentes parties prenantes et ceux que les parlementaires demanderont.
Le décret sera cosigné par les ministres en charge de la sureté nucléaire. C'est à dire le ministre en charge de l'écologie et le ministre en charge de la santé.
Problème n°1
Pourquoi la décision de construire ce pharaonique stockage n'est-elle pas prise par le pouvoir législatif : Assemblée nationale et Sénat ?
On fait travailler des jours et des nuits des députés et des sénateurs pour voter des lois sur des assiettes d'impôts, sur la cueillette des champignons ou sur le port du voile, et on se contente de confier, dans un premier temps à l'OPECST, soit un petit groupe de seulement 36 élus, (18 députés et 18 sénateurs... bien choisis) et, dans un deuxième temps, à l'ASN, l'Autorité de sûreté nucléaire, (une entité dont l'indépendance reste à démontrer, voir le chapitre sur la gouvernance de CIGéo : http://www.villesurterre.eu/index.php?option=com_content&view=article&id=423
La responsabilité de la construction d'un projet colossal. Un gigantesque "tombeau" de 275 km de galeries et d'alvéoles souterraines jamais réalisé sur cette Terre, à 500 m de profondeur, un chantier d'une durée d'un siècle, d'un coût estimé à 35 milliards d'euros, (1 million d'euros par jour pendant un siècle) et d'une dangerosité incroyable (99,96 % de la totalité de la radioactivité artificielle produite en France réunis en un seul lieu), dont des "colis" qui tuent en une minute un homme stationné à un mètre !
Problème n°2
L'OPECST est une entité "voyou", une entité pro-nucléaire et pro-enfouissement !
De même qu'il existe des états voyous, des patrons voyous, on peut se permettre de qualifier cet office parlementaire de voyou. N'en déplaise au président de la CPDP (Commission nationale du débat public) qui vient de censurer le cahier d'acteurs n° 97 qui a été publié pendant 2 mois sur le site du débat public, et qui a été retiré. Voir : http://www.cigeout.com/fr/analyse-du-contenu-du-site-du-debat-public/les-sujets-censures-par-la-cpdp.html
L'indépendance de l'OPECST sur les questions liées au nucléaire a été mise en doute par plusieurs observateurs, dont Michèle RIVASI, députée européenne, qui a déclaré notamment : « On n'imagine pas à quel point le lobby nucléaire imprègne les travaux de l'OPECST »
Dans une vidéo diffusée le 28 novembre 2013, le député Denis BAUPIN déclare : à propos de l’OPECST : « On n’est pas dans un club fermé, on n’est pas dans une officine secrète des services secrets français, on est dans un parlement ».
Marie-Christine BLANDIN, sénatrice et membre de l’OPECST a une certaine idée du rôle de Messieurs Bataille et Birraux ! Dans une émission @rrêt-sur-images, elle a expliqué les mécanismes décisionnels, les lobbies, et a déclaré : “Bataille et Birraux sont les Dupond et Dupont de la promotion de l’énergie nucléaire.”
Le 15 décembre 2011, Valérie Laramée de Tannenberg écrit dans le Journal de l'environnement : "Les deux parlementaires sont de fervents pro nucléaires".
Il suffit de regarder quelques auditions et rapports de l'OPECST concernant le nucléaire, ainsi que les interventions sur la gestion des déchets nucléaires de Claude Birraux, pour comprendre à quel point l'OPECST est pro-nucléaire et pro-enfouissement.
Incroyable : Christian Bataille est même venu présider le CLIS (Comité Local d'Information et de Suivi du Laboratoire souterrain de recherche sur la gestion des déchets radioactifs de Bure) durant une année...
A titre d'exemple, nous avons décortiqué un des rapports, le n°3108-248 du 19 janvier 2011. Un des chapitres traite de l'échec du projet de stockage des déchets Faible Activité et à Vie Longue, dans l'Aube. Vous pouvez lire l'analyse complète.
On peut encore se faire une opinion sur la position préconçue de l'OPECST en visionnant la séance du 28 février 2013.
Quelles que soient les conclusions du CPDP sur le Débat public, quelles que soient les conclusions de l'ASN, quel que soit le rapport de la CNE, quel que soit l'avis des collectivités territoriales, il est clair que le rapport qui sera publié par l'OPECST ne pourra qu'être favorable à l'enfouissement.
Problème n°3
L'IRSN - Le GPD - L'ASN
L'IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) http://www.irsn.fr
le GPD (Groupe permanent d’experts pour les déchets) http://www.asn.fr/L-ASN/Appuis-techniques-de-l-ASN/Les-groupes-permanents-d-experts/Groupe-permanent-d-experts-pour-les-dechets-GPD
et l'ASN, sont aussi trois entités "voyous", trois entités non-indépendantes !
Nous l'avons démontré le 3 septembre dernier dans ce dossier http://www.villesurterre.eu/index.php?option=com_content&view=article&id=397
qui explique qu'à ce jour l'IRSN n'a jamais validé le projet CIGéo, il a seulement validé la "démarche". Subtile nuance…
Le GPD, lui, ne fait qu'un copier-coller de l'Avis de l'IRSN !
Et l'ASN, elle, fait un copier-coller de l'Avis du GPD !
Au passage, tour de passe-passe, ce qui apparaissait comme des risques dans les dossiers de l'ANDRA Argile 2005 et Argile 2009 devient, dans ces rapports, des recommandations ! Subtile nuance…
Le problème c'est qu'au quatrième temps du processus, c'est l'ASN, donc Pierre-Franck CHEVET, qui communiquera ses conclusions au Premier Ministre.
Pour préparer ses décisions les plus importantes, l’ASN s’appuie sur sept GPE ayant chacun leur domaine d’expertise propre. Les dossiers de l’Andra sont suivis principalement par le Groupe Permanent Déchets (GPD), parfois associé au groupe permanent Usines.
Claude-André LACOSTE aimait à rappeler cette spécificité française : les groupes de travail, qui apportent une certaine caution, et des airs de démocratie !
Problème n°4
Mais qu'est-ce donc que ce GPD ?
Le GPD est composé de 35 experts indépendants chargés d’éclairer l’ASN sur toutes les questions relatives aux déchets radioactifs et à leur gestion.
Bizarre, il est présidé par Pierre BEREST, lui même membre de la CNE (Commission nationale d'évaluation des travaux de l'Andra) ! On sent tout de suite l'indépendance de ces entités ! Surtout quand on appartient à l'institution qu'est L'Ecole des Mines...
Que dire de la liste des 35 membres du GPD que nous avons d'ailleurs eu beaucoup de mal à obtenir ?
On découvre que Emmanuel LEDOUX, et Jean-Claude DUPLESSY, sont aussi des membres éminents de la CNE ! Noter que Jean-Claude DUPLESSY, le président de la CNE, est aussi membre de l'Académie des Sciences, une entité qui se déclare clairement pro-nucléaire.
En juin 2012, nous nous sommes intéressés à quelques uns des membres de la CNE. Le curriculum vitae de ces spécialistes bénévoles, qui profitent d'un budget de 870 000 euros par an, est intéressant !
Problème n°5
La CNE (Commission nationale d'évaluation des travaux de l'ANDRA)
Comité "Théodule" ? Entité "voyou" ? Entité "bidon" ? Entité "vaseline" ?
Sa finalité est de valider les travaux de l'Andra. C'est un peu comme un groupe de professeurs "conseil de classe" qui jugent le travail de l'unique élève appelé Andra. Une fois par an le "conseil de classe" sort son rapport. Dans certaines matières on explique à l'élève qu'il peut mieux faire. Curieusement l'année suivante l'élève a progressé. L'élève aura réussi tous ses examens et aura le droit de demander son permis de construire. Et il l'obtiendra ! Regardez bien :
- les résumés des premiers rapports d'évaluation,
- le dossier complet du rapport n°5, avec son accablante analyse vidéo et même un bêtisier !
Le rapport n°6 soulève bien des questions. Lors de sa présentation à Bar-le-Duc, le 4 avril 2013, les membres présents ont eu bien du mal à répondre au flot des questions. Le Journal de la Haute-Marne a titré : Bure : questions sans réponses !
Le cahier d'acteurs n° 80 du débat public CIGéo fait la synthèse de tous les problèmes soulevés par la CNE. Et à l'occasion de la présentation du rapport n°7, par la CNE, le 6 mars 2014, cette synthèse a été complétée.
Problème n°6
L'avis des collectivités territoriales.
Il faut traduire : l'avis des élus, autrement dit l'avis des élus qui ont été achetés, qui ont subi le matraquage des promesses : les emplois, les équipements, les routes, les voies ferrées, les projets structurants, les villages qui vont revivre, les villes nouvelles qui vont être créées, l'inversion des courbes de désertification...
Parmi ces élus locaux, les NAMY, PANCHER, SIDO, les mêmes qui sévissent à l'OPECST !
SIDO qui est aussi membre du HCTISN ! (Haut comité pour la transparence et à l'information sur la sûreté nucléaire)
SIDO qui distribue l'argent au sein du GIP, Groupement d'intérêt public, et du CHN, le Comité de haut niveau !
Ajoutons les conseillers généraux (départementaux maintenant) qui sont sous influence depuis des années, et tous les maires du rayon de 10 km, qui sont aux ordres.
C'est clair, l'avis de l'OPECST ne pourra être que favorable.
Problème n°7
L'OPECST. (Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques)
18 députés et 18 sénateurs encadrés aujourd'hui par Le DEAUT, BATAILLE et SIDO. Parmi les 36 membres on retrouve le député meusien PANCHER et le sénateur meusien NAMY.
Sûr : les conclusions et le rapport à destination des députés et des sénateurs sont déjà écrits : ce n'est pas l'OPECST qui empêchera la construction de CIgéo.
Problème n°8
La LOI sur la REVERSIBILITE.
Curieuse loi.
La réversibilité du projet CIGéo est un processus conceptuel et industriel qui permettrait aux générations futures de revenir sur les décisions prises aujourd’hui, voire de récupérer les colis, et ce, pendant seulement le premier siècle de remplissage. D’où la notion de récupérabilité des colis.
La réversibilité n’est qu’une composante de la "rassurabilité", c’est une invention à caractère sociétal, (aider à faire passer la pilule), voire une manière de justifier l'entreposage de longue durée en surface... L’ANDRA a diffusé fin 2012 un document « Propositions de l’ANDRA relatives à la réversibilité du projet Cigéo ». L’étude de ce dossier confirme bien que la récupérabilité est nullement envisagée, puisqu’on lit :
- le stockage est conçu pour être fermé, sans intention de récupérer les déchets stockés.
- les options de gestion du stockage seront aussi ouvertes que possible. L’optimisation sera continue. Le développement sera progressif avec une flexibilité d’évolution par tranches successives, pour permettre une adaptation de son architecture en cas de besoin. D’où un permis de construire des plus FLOUS.
- en surface, possibilité de modifier ou de déconstruire certains ateliers.
- possibilité de retrait : OUI, mais uniquement d’un petit nombre de colis, et il faudra minimiser les perturbations de l’exploitation.
- en cas d’accident il n’y aura pas de retrait automatique des colis. Une fois la mise en sécurité réalisée, l’exploitant examinera les dispositions à mettre en œuvre pour reprendre l’exploitation normale. Le maintien en stockage de colis, même endommagés, ou leur retrait éventuel pourra alors être décidé et le retrait n’aura pas à être effectué dans l’urgence.
- en cas de remontée des colis, un arrêt du remplissage et de la construction de nouveaux ouvrages sera admis. Attention : les nouvelles installations nécessaires ne sont pas prévues. Elles seraient construites selon les besoins, avant de procéder à la récupération des colis. L’ANDRA se pose même la question de la pertinence de prévoir des réserves foncières.
Voilà. L’ANDRA n’a tellement pas envie de remonter les colis, que ni les bâtiments d’entreposage, ni les ateliers de reconditionnement et de réexpédition ( Et vers qui ? Vers où ? ), ni les terrains pour les construire ne sont prévus !
De plus en plus fort : l’ANDRA propose de ne pas inscrire dans la DAC (Demande d’autorisation de création) les opérations de fermeture. Incroyable : l’ANDRA ne sait pas faire les scellements, alors elle fera plus tard la demande, quand elle saura les réaliser, si elle y parvient ! Les opérations éventuelles de récupération d’un grand nombre de colis ne seront pas inscrites non plus dans la DAC. Exit donc la récupérabilité d’un grand nombre de colis. Alors, si l’eau s’infiltrait en masse dans le stockage, on ne les remonterait pas ? L’autorisation de telles opérations ferait donc l’objet d’une instruction spécifique. L’Etat demanderait alors à l’Andra d’étudier l’opération. L’étude devrait comprendre une analyse détriments-bénéfices, selon la famille de colis concernée, les volumes, le devenir des colis récupérés... Ce type d’opérations nécessiterait en plus le dépôt d’une demande de modification du décret d’autorisation, évaluée par l’Autorité de sûreté nucléaire et soumise à enquête publique ! (Imaginons les alvéoles noyées, avec pour nous, l'urgence de remonter les colis pour éviter une contamination, et bien, pendant ce temps là, en surface, on ferait une enquête publique !) Enfin, c’est la génération qui décide une opération de retrait de colis, qui en supporte la charge. (Joli cadeau : au lieu de léguer aux générations futures des déchets bien conditionnés en surface, on s’en débarrasse à moins 500 m. Et si les alvéoles étaient noyées par exemple, on leur dit : « A vous de les récupérer... Et à vous de trouver le fric pour le faire !» En clair la réversibilité-récupérabilité proposée par l’ANDRA n’est pas un leurre, mais un mensonge grossier.
En décembre 2012, l'ANDRA a diffusé un nouveau dossier : "Bilan des études et recherches sur l'entreposage - Déchets radioactifs de haute activité et de moyenne activité à vie longue". A la page 110 et suivantes, l'ANDRA ne donne pas de nouvelles informations.
Problème n°9
Au 4ème temps, c'est l'ASN qui va recueillir les données :
- de l'Enquête publique,
- des Collectivités territoriales,
- et de l'AE (Autorité environnementale)
L'AE est une émanation du Ministère de l'Ecologie. Sa dénomination exacte est : Autorité environnementale du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD). Selon la législation européenne, elle évalue les impacts environnementaux des grandes opérations...
Ce n'est pas à ce niveau, ni à celui du Ministère de l'Ecologie et du Ministère de la Santé qu'un grain de sable pourrait enrayer l'implacable processus.
L'ASN aura une énorme responsabilité
Nous serons alors en 2018. A ce jourt, c'est 2019. Combien d'accidents nucléaires se seront produits d'ici là ? Pierre-Franck CHEVET sera t-il encore président ? Aura t-il encore le pouvoir de dire NON, comme il l'a affirmé lors de l'assemblée générale de l'ANCCLI le 12 décembre 2012 ?
Pierre-Franck CHEVET, président de la DRIRE Alsace de 1995 à 1999, expliquait les vertus de la loi sur la réversibilité à propos du stockage de STOCAMINE. Or, le 10 septembre 2002 un incendie totalement impossible s'est déclaré. Il n'a pu être éteint que le 21 novembre ! Non seulement d’après les études il n'y avait pas de risque d'incendie, mais en cas d'incendie, il était éteint en un quart d'heure. Or il aura fallu plus de 40 jours pour le maîtriser. Voir le cahier d’acteurs du débat public CIGéo n° 86 à ce sujet.
Un détail : dans le Comité de pilotage de STOCAMINE appelé à la rescousse en 2011, on retrouve Pierre BEREST et Emmanuel LEDOUX, membres de la CNE de BURE !
Voilà : CPDP - CNDP - IRSN - GPD - ASN - CNE - Collectivités territoriales - OPECST - AE - Ministère de l'Ecologie - Ministère de la Santé - Conseil d'Etat - Premier Mnistre, ce sont les acteurs du processus décisionnel de CIGéo.
Enfin, il faut noter que l'ANDRA sait parfaitement communiquer sur les différents acteurs de la gestion des déchets nucléaires. L'ANDRA sait tirer tous les avantages de cette architecture décisionnelle en explicitant la pluralité, la compétence et l'indépendance de toutes ces entités.
Il est tout de même étonnant de constater le nombre incroyable de passerelles entre tous les constituants de ce petit monde qui va décider ce projet aussi FLOU que FOU qu'est CIGéo. Cela est vérifiable dans le cahier d’acteurs n° 98 qui traite de la gouvernance de CIGéo.
Le processus décisionnel de CIGéo : tous les ingrédients d’un véritable complot.
Michel GUERITTE
http://www.villesurterre.eu
15/09/2017 10:09
Et si on arrêtait de tourner en rond ?
Aux personnes qui se disent contre le stockage j'aimerais poser une question : dans ce cas, que faire ? Que faire des déchets radioactifs qui existent déjà ?
Il me semble que la question de savoir si oui ou non il faut faire le stockage géologique pour y enfermer les pires déchets jamais produits par l'industrie nucléaire a déjà été tranchée et que cela fait même l'objet de lois...Alors oui, on pourrait continuer à débattre sur le sujet éternellement, ce serait sans doute la meilleur manière de s'empêcher d'avancer, et in fine de ne rien faire. Est-ce cela que l'on souhaite pour nos descendants ? Pas moi ! Et vu l'enjeu, il me semble qu'il serait dommage d'instrumentaliser la question du stockage au nom de la lutte contre le nucléaire. Car finalement ce sont deux questions bien différentes, et si on arrête le nucléaire, cela ne fera pas pour autant disparaître les déchets !
Dans cet avis il est question de la sûreté de Cigéo. Mais rien n'est dit sur la sûreté des populations vis-à-vis des déchets... est-ce que finalement il est moins sur de faire Cigéo que de ne pas le faire ? Car finalement c'est toute la question puisque, quoi que l'on en pense, on a bel et bien ces déchets sur les bras...
Une fois cela dit, je me permets d'interroger cette mise en consultation. Que nous demande l'ASN exactement ? Est-ce que le projet Cigéo est sûr ? Bien que certains ici semblent s'improviser experts, j'ai quant à moi la sensation que ce travail purement technique revient clairement à l'ASN qui en a les compétences, les moyens et la mission, que ce soit directement ou grâce à ses différents appuis. Tout ce que pourrais dire à ce sujet est donc que nous attendons de vous que vous vous assuriez que l’Andra a bien pris en compte vos recommandations et que vous ne vous prononciez en faveur de l’autorisation du centre stockage, que si vous l’estimez sûr.
Enfin, comment seront pris en compte les commentaires dans le cadre de la mise en consultation ? Est-ce que l'ASN a prévu de répondre à toutes les questions posées ?
15/09/2017 01:09
Projet d’avis de l’ASN relatif au dossier d’options de sûreté de l’installation de stockage de déchets radioactifs Cigéo
Des risques d’explosions et d’incendie permanents
L’Andra ne nie pas qu’ « Une explosion pourrait entraîner la perte d’une fonction de confinement ». La perte d’une fonction de confinement voulant bien entendu dire un relâchement potentiel de radionucléides dans les installations. On peut lire également « Les conséquences potentielles d’une explosion sont des blessures du personnel, l’endommagement ou la destruction de matériels et d’équipements (notamment l’endommagement d’une barrière de confinement ou d’une barrière de protections radiologiques conduisant à un risque de dissémination et/ou d’exposition externe).»
Et alors, les recommandations de l’IRSN se font plus précises, en mentionnant qu’il « appartiendra à l’Andra d’évaluer les conséquences d’une explosion et, le cas échéant, de présenter les dispositions de surveillance, de prévention, de limitation des conséquences et/ou d’intervention retenues ».
La maîtrise d’un incendie dans un tel environnement souterrain serait particulièrement délicate à gérer.
"Il est écrit maintenant par les acteurs principaux de la filière que le projet Cigéo, conceptuellement et structurellement, ne pourra pas permettre d’arriver à une quelconque sécurité, le pragmatisme et le bon sens obligent par conséquent à revenir vers les conclusions du débat public de 2005 qui préconisaient une solution d’entreposage pérenne de quelques centaines d’années sur les lieux de production pour refroidissement, et surtout pour laisser le temps nécessaire aux études et aux recherches complémentaires.
Ne pas enfouir les déchets radioactifs !!! ni à Bure, ni ailleurs .
14/09/2017 20:09
CONTRE CE PROJET D ENFOUISSEMENT
A t'il été besoin d'en venir à de telles violences envers les manifestants contre le projet ? C'est inadmissible de passer un projet qui pourrait impacter la santé des citoyens, le risque 0 n'existant pas !
14/09/2017 20:09
Non au courtermisme et aux risques inacceptables !
Enfouir en grande profondeur les déchets qui dérangent est une tentation forte de tout exploitant, à condition que
ce ne soit pas trop cher. On les enfouit, on les oublie. C'est vrai dans tous les pays. Pour le nucléaire, on avait
trouvé « une bonne solution », jeter les fûts de déchets à la mer. Finalement, devant l’évidence que l'eau de mer
allait corroder le contenant et que le milieu marin serait pollué, cette pratique a été arrêtée. D'autres projets ont
émergé, comme celui de les envoyer dans l'espace. Le risque d'accident de retour sur Terre étant trop important,
cette option a également été abandonnée. Impossible dans l'eau, impossible dans l'air, restait la Terre. Ce
projet CIGEO est en réalité la suite de ces projets avortés et il est urgent qu'il avorte lui aussi.
Enfouir des déchets inertes est déjà un défi. Il faut qu'il n'y ait aucun incident durant tout le chargement des déchets
et jusqu'à la fermeture. Il faut aussi que de l'eau ne s'infiltre pas au cours du temps. Il suffit de voir le risque de
pollution de la nappe phréatique d’Alsace par le stockage abandonné de déchets chimiques de Stocamine ou encore les fûts de déchets nucléaires qui barbotent dans l'eau de la mine de Asse, en Allemagne. Enfin, parmi les
risques liés à l’enfouissement, impossible d’oublier le grand frère de CIGEO aux USA, WIPP, toujours à l’arrêt
après un incendie et un dégagement de produits radioactifs.
Les déchets enfouis entraînent par ailleurs de nombreux impératifs techniques en raison notamment de la chaleur
et de l’hydrogène qu’ils dégagent. Ainsi, le système est dépendant d’une ventilation permanente sensée durer au
moins 150 ans ! Et jusqu’à quand ? Malgré les systèmes de secours, il est raisonnable d’envisager qu’il se produira
à terme un incident et un arrêt forcé de ventilation … laissant le système livré à lui-même.
En conclusion, le concept même d’enfouissement souterrain est à abandonner, indépendamment de toutes les
études qui seraient nécessaires pour répondre aux questions de sécurité
14/09/2017 17:09
CIGEO
1/ Dès lors que les orientations nationales de politique énergétique, la programmation pluriannuelle de l’énergie qui en découle et le PNGMDR conduisent à envisager très concrètement, avec une probabilité de besoin assez forte, le stockage géologique de combustible nucléaire (cf. PNGMDR 2016-2018 : « Une politique énergétique qui déciderait de ne pas aller vers un recyclage complet de tous les combustibles usés conduirait in fine à devoir stocker les combustibles MOx usés qui devraient alors être pris en charge dans le cadre du stockage profond des déchets nucléaires tel que présenté au chapitre 4.2 du PNGMDR ; dans cette éventualité, EDF provisionne les fonds nécessaires au stockage définitif de ces combustibles, en conformité avec les études et estimations actualisés des coûts »), il faut prendre en compte cette « éventualité » dans le projet CIGEO de façon très concrète, très précise, afin d’évaluer complètement faisabilité, sûreté, contraintes techniques, coûts… Ceci ne semble pas avoir été fait avec une profondeur d’étude suffisante. Le délai d’étude supplémentaire du projet CIGEO annoncé par l’ANDRA est-il suffisant pour effectuer cette étude ?
2/ Un accident mortel, conséquence d’un éboulement, est survenu pendant la réalisation du laboratoire : cet accident, ses causes, etc., qui ne sont pas relatés dans les documents publiés, ont-ils été pris en compte dans les études de l’ANDRA présentées à l’ASN ? Si oui, il faudrait exposer comment l’expérience acquise est prise en compte.
3/ Les travaux et ouvrages souterrains réservent souvent des (mauvaises) surprises ; est-il possible, quelque approfondi et complet que soit le dossier présenté, de les prendre en compte ?
4/ La stabilité de la société, sur une période d’un siècle, est -elle suffisamment bien assurée pour que l’imposant programme prévu puisse certainement être réalisé ?
5/ Il faudrait effectuer une étude détaillée du procédé et de l’installation de traitement pour rendre chimiquement inertes les déchets bitumés qui suscitent des inquiétudes afin de comparer vraiment complètement cette voie de solution du problème que pose leur prise en charge, avec un stockage en l’état (en prenant des précautions particulières supplémentaires).
14/09/2017 13:09
DOS CIGEO/Avis ASN
Consultation du public
sur le projet d'avis de l'ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire)
relatif au Document d’Options de Sureté (DOS) du projet CIGEO
Contribution des associations
Meuse Nature Environnement, Mirabel-Lorraine Nature Environnement
et FNE Grand Est
Rappel du contexte:
Meuse Nature Environnement et Mirabel-Lorraine Nature Environnement ont suivi l’implantation du « laboratoire » puis du projet Cigéo depuis 1995, tant sur le terrain en tant qu’associations opposées à l’enfouissement des déchets radioactifs que dans les institutions qui ponctuellement nous invitent à recevoir l’information officielle.
Devant l’indigence des informations distillées à la population, nos associations –en lien avec d’autres sur la Haute-Marne et la Meuse- ont patiemment réalisé un travail d’expertise* qui a été régulièrement communiqué et médiatisé et qui a abouti tout récemment à la publication d’un ouvrage -publié chez l’Harmattan- sous la direction de Pierre Ginet, géographe de l’Université de Lorraine, intitulé « L’opposition citoyenne au projet Cigéo »*. Cet ouvrage destiné au milieu scientifique explique à la fois les enjeux et risques technologiques mais aussi les enjeux et risques sociologiques et territoriaux de ce projet que les pouvoirs publics tentent depuis 23 ans d’imposer aux populations locales et au pays.
L’avis de l’ASN et documents préparatoires :
En cette période de rentrée scolaire, l’avis de l’ASN (et de l’IRSN en préalable : Avis IRSN N° 2017 00190) pourrait se résumer de la manière suivante : l’élève Andra a fait des progrès mais devra redoubler d’effort pour y arriver !
Et ceci est d’autant plus vrai que ce ne sont pas des questions ou des aménagements à la marge mais bien des questions structurelles remettant en cause le concept même du stockage qui sont énumérées au fil des pages: « lacunes », « insuffisances » voire « absence d’études »…sur des questions aussi fondamentales que l’homogénéité de la roche-hôte, la prise en compte des situations accidentelles et post-accidentelles (« en particulier la possibilité de retrait de colis accidentés »), les problèmes de corrosion susceptibles de remettre en cause « le bien fondé du concept d’alvéole HA en termes de faisabilité de construction et de surveillance »…
La liste est longue, trop longue : l’Andra est loin d’avoir soulevé et encore moins apporté une réponse à l’ensemble des points susceptibles d’assurer la sûreté d’un enfouissement déjà présenté comme un modèle de sûreté à 100%.
Est-ce pour cette raison que l’enquête sur l’accident du 26 janvier 2016 n’a toujours pas abouti et que nous sommes toujours dans l’ignorance des raisons techniques pour lesquelles la galerie s’est effondrée sur un opérateur de creusement : quels rôles ont joué dans cet accident la nature de la roche et le choix de la méthode de creusement ?
La remarque de l’IRSN (Avis IRSN N° 2017 00190, page 5) n’est pas de nature à nous rassurer sur la capacité de l’Andra à mener à bien sa mission: « A ce stade, l’IRSN considère qu’il n’est pas acquis que la conception retenue par l’Andra permette d’exercer pendant la phase d’exploitation, une surveillance adaptée aux enjeux particuliers posés par la maîtrise des risques associés au stockage. »
Pas plus que celle-ci, qui rappelle qu’à la dangerosité des colis bitumineux s’ajoute les difficultés liées à la maîtrise d’un incendie à grande profondeur (« risque d’emballement de réactions exothermiques ») : « La conception actuelle du stockage ne permettant pas le stockage sûr des déchets bitumineux, l’IRSN estime qu’une solution de neutralisation de la réactivité des enrobés bitumineux préalablement à leur mise en stockage doit être privilégiée. »
Du DOS à la DAC :
« S’agissant de l’analyse des risques liés à la phase d’exploitation et de réversibilité ainsi que des risques à long terme »…, l’IRSN identifie « quatre points majeurs qui pourraient entraîner des modifications substantielles de la conception du stockage »… et « ne présage pas des délais nécessaires pour réunir ces éléments de démonstration et en conséquence de l’échéance à laquelle le dossier de DAC pourra in fine être achevé. » (Avis IRSN N° 2017 00190, page 7 et 8).
Le projet Cigéo a ceci de particulier qu’il est un prototype et à cet égard, il nous propose de découvrir par l’expérience ce qui pourrait ou pas poser problème. A nos risques et périls, si d’aventure, malgré les avertissements de l’ASN, les pouvoirs publics décidaient de passer outre !
Lorsque le projet d’enfouissement a été « vendu » aux élus de Meuse et de Haute-Marne, il s’agissait de faire des recherches dans un laboratoire. Or, à un an du dépôt de la DAC, malgré plusieurs années de retard, l’Andra n’a pas prouvé sa capacité à maîtriser la conception et la sûreté d’un stockage à grande profondeur. Elle en est même très loin. Mais elle a trouvé une parade avec l’introduction lors du débat public de 2013 d’un nouveau concept : la phase pilote. Ce que l’Andra était censée résoudre avant le dépôt de la demande d’autorisation de création pourrait être repoussé à une phase ultérieure.
Nous ne sommes pas dupes de la tromperie qui a consisté à faire émerger cette idée -une seule fois citée lors du débat public – par une conférence de 17 citoyens réunis pour la cause en dehors du débat public. Il a suffi de téléguider la médiatisation du nouveau concept pour enterrer les contributions de ceux qui avaient eu la faiblesse de croire que le DP allait prendre en compte leurs avis.
Cette phase pilote nécessitant la construction de toutes les infrastructures coûterait près de 7 Mds d’€ d’ici 2034 (estimation Andra), et engloutirait par là-même plus que les 5 Mds d’€ de provisions pour la totalité du projet Cigéo (estimation Cour des Comptes 2012). Cette mascarade ne peut pas nous convaincre qu’il s’agit d’une simple phase pilote. C’est tout au plus une manière malhabile de nous faire accepter l’inacceptable : le démarrage d’un projet extrêmement dangereux et suicidaire et notre mise devant le fait accompli.
C’est pourtant cette proposition que souligne le rapport de la Revue par les pairs de l’AIEA (Résumé page 3) :
« L’Équipe de Revue Internationale (ERI) souligne positivement la décision d’introduire une phase industrielle pilote dans le processus, ainsi que la préparation d’un DOS. Cela confirme la prise en compte par l’Andra des attentes et propositions du public, exprimées lors du dernier débat public. ». Sans commentaire !
Notre proposition :
Il n’est pas trop tard pour les pouvoirs publics de réaliser que la grande profondeur ajoute des difficultés insurmontables à la gestion déjà difficile des déchets HA et MAVL.
Il n’est donc pas trop tard pour abandonner le projet Cigéo, qui, rappelons-le, vise à concentrer en un seul lieu plus de 99% de la radioactivité totale produite par les centrales nucléaires.
Il sera alors possible de réorienter les crédits de recherche vers la remise à plat de la gestion de l’ensemble des déchets radioactifs existants (de nature et dangerosité très différentes), dans une tentative de trouver les moins mauvais compromis possibles, sans précipitation et en y consacrant les moyens nécessaires.
*http://mirabel-lne.asso.fr/dossier/bure-projet-cig%C3%A9o-denfouissement-d%C3%A9chets-nucl%C3%A9aires
*Cet ouvrage est disponible en format papier ou électronique chez l’éditeur :
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=53311&motExact=0&motcle=&mode=AND
14/09/2017 12:09
Projet d’avis de l’ASN relatif au dossier d’options de sûreté de l’installation de stockage de déchets radioactifs Cigéo
Ce projet "ambitieux" du moins en termes financiers est difficile à appréhender pour un simple citoyen ; en effet, un particulier a tendance à envisager, AVANT d'être envahi par ses déchets, comment les éliminer. L'industrie nucléaire les a tout d'abord répandu un peu n'importe où, dans la mer par exemple, de façon très désinvolte . Maintenant, elle envisage de les stocker de façon réversible ( ! ) en sous-sol , en grande profondeur .
Ajoutant au retard pris pour envisager une solution à ces déchets de plus en plus volumineux et encombrants ( 50 ans ) , elle veut faire croire au bon peuple que c'est la seule solution.
C'est vrai que je n'ai pas de solution pour ce problème gravissime; je ne peux que redire : On arrête immédiatement d'en produire !
14/09/2017 10:09
Non au projet CIGEO
Trop de risques humains, environnementaux et financiers liés au transport et à l'enfouissement des déchets radioactifs. Le principe de précaution doit être appliqué strictement et des solutions prônant le traitement de ces déchets là où ils sont produits doivent être la priorité, ainsi que des investissements pour le développement des énergies renouvelables, à l'usage des générations futures.
Sommaire de la consultation
- Introduction
- Modalités de la consultation
- Documents à consulter
- Les contributions des internautes
- Que permet le module de participation du public ?
- Quelles sont ses fonctionnalités ?
- Pourquoi créer un compte sur le site de l'ASN ?
- Confidentialité
Date de la dernière mise à jour : 10/06/2024