Non-respect d’une mesure compensatoire liée à la ségrégation du carbone présente sur un générateur de vapeur
Le 23 mars 2020, l’exploitant de la centrale nucléaire de Gravelines a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire un événement significatif pour la sûreté relatif au non-respect d’une mesure compensatoire liée à la présence d’une zone de ségrégation du carbone sur un générateur de vapeur du réacteur 2.
Le fond primaire[1] d’un des générateurs de vapeur[2] du réacteur 2 de la centrale nucléaire de Gravelines présente, dans sa zone centrale, une concentration supérieure à la norme en carbone. Celle-ci, appelée ségrégation du carbone, doit normalement être éliminée de la pièce finale lors des opérations de forgeage, ce qui n’a pas été le cas lors de la fabrication de ce fond. Cette zone présente potentiellement des propriétés mécaniques, en particulier de résistance à la propagation de fissures, plus faibles qu’attendues.
Afin d’éviter d’exposer le générateur de vapeur à des chocs de température lors des phases de démarrage ou d’arrêt du réacteur, les spécifications techniques d’exploitation du réacteur 2 ont été modifiées pour tenir compte de cette situation, notamment en définissant des mesures compensatoires d’exploitation. Cela consiste notamment, lors de l’arrêt du réacteur, à maintenir une température minimale (30 °C) au refoulement de la pompe de refroidissement du réacteur à l’arrêt, lorsque le circuit primaire est encore en pression.
Le 12 mars 2020, le réacteur 2 est replié pour effectuer une intervention en raison d’une anomalie sur le circuit d’injection de sécurité[3]. Le 14 mars 2020, un opérateur constate que la température en sortie de la pompe de refroidissement du réacteur à l’arrêt atteint la valeur de 23,8 °C. Des manœuvres d’exploitation sont immédiatement mises en œuvre afin de retrouver une température conforme, qui est atteinte au bout de trois heures et quatorze minutes. La température du circuit primaire est toujours restée, quant à elle, au-dessus de 30°C.
Cet événement n’a pas eu de conséquence sur l’environnement ou sur les travailleurs. Il est classé au niveau 1 de l’échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité).
[1] Le fond primaire est un composant en acier qui a la forme d’une portion de sphère située à la base du générateur de vapeur. Il permet de confiner l’eau du circuit primaire.
[2] Un générateur de vapeur (GV) est un échangeur thermique entre l'eau du circuit primaire, portée à haute température (320 °C) et à pression élevée (155 bars) dans le cœur du réacteur, et l'eau du circuit secondaire qui se transforme en vapeur et alimente la turbine. Chaque générateur de vapeur comporte plusieurs milliers de tubes en forme de U, qui permettent les échanges de chaleur entre l'eau du circuit primaire et l'eau des circuits secondaires pour la production de la vapeur alimentant la turbine. Les réacteurs à eau sous pression de 900 MWe comportent 3 générateurs de vapeur.
[3] Le circuit d’injection de sécurité (RIS) permet, en cas d'accident causant une brèche importante au niveau du circuit primaire du réacteur, d'introduire de l'eau borée sous pression dans celui-ci. Le but de cette manœuvre est d'étouffer la réaction nucléaire et d'assurer le refroidissement du cœur.
Date de la dernière mise à jour : 09/11/2021
Classement de l’incident (INES)
Niveau 1
Anomalie