Isolement prématuré des accumulateurs du système d’injection de sécurité lors de la mise à l’arrêt du réacteur

Le système d’injection de sécurité et de refroidissement du réacteur à l’arrêt (RIS-RA) comprend notamment quatre « accumulateurs » (réservoirs pressurisés remplis d’eau borée) qui, en cas de fuite du circuit primaire, permettent d’injecter de l’eau borée pour éviter le dénoyage des assemblages de combustible dans la cuve du réacteur. Ces accumulateurs sont isolés du circuit primaire par des clapets qui s’ouvrent par effet mécanique à l’atteinte d’une pression d’environ 45 bars dans le circuit primaire. Afin d’éviter la vidange des accumulateurs lors de la dépressurisation du circuit primaire pendant la phase de mise à l’arrêt du réacteur, des vannes d’isolement sont fermées lorsque la pression du circuit primaire se trouve inférieure à 70 bars environ.

Les RGE sont un recueil de règles approuvées par l’ASN qui définissent le domaine autorisé de fonctionnement de l’installation et les prescriptions de conduite des réacteurs associées. Elles prescrivent notamment la disponibilité de certains matériels requis pour assurer la sûreté du réacteur en fonction des conditions thermohydrauliques. En particulier, les RGE précisent que pour une pression dans le circuit primaire supérieure à 70 bars, les accumulateurs du circuit RIS-RA doivent être disponibles.

Le 26 décembre 2024, dans le cadre de la mise à l’arrêt du réacteur, l’opérateur a isolé les quatre accumulateurs du système d’injection de sécurité conformément à sa procédure. Des alarmes relatives à l’indisponibilité des accumulateurs sont alors apparues successivement. Il se trouve que l’indicateur de pression du circuit primaire utilisé dans la procédure de mise à l’arrêt était inadapté et que la pression dans le circuit primaire a effectivement atteint les 70 bars environ trois minutes après l’isolement des accumulateurs par l’opérateur. Les accumulateurs ont donc été indisponibles à une pression supérieure à 70 bars pendant trois minutes, ce qui n’est pas autorisé par les RGE.

EDF avait déjà déclaré un événement similaire lors d’une phase de démarrage du réacteur le 29 juin 2024. Plusieurs actions correctives avaient été entreprises, dont la mise à jour de la procédure de démarrage mais il n’avait pas été identifié la nécessité de mettre à jour la procédure de mise à l’arrêt du réacteur.

Cet événement n’a pas eu de conséquence sur les installations, les personnes et l’environnement. Toutefois, en raison de la prise en compte insuffisante du retour d’expérience d’un précédent événement, cet événement qui a affecté la fonction de sûreté « refroidissement » a été classé au niveau 1 de l’échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité).