Plateforme de Marcoule
Le site en bref
La plateforme nucléaire de Marcoule est située à l’ouest d’Orange, dans le département du Gard. Elle est dédiée, pour ce qui concerne ses 6 installations civiles, à des activités de recherche relatives à l’aval du cycle du combustible et à l’irradiation de matériaux, ainsi qu’à des activités industrielles, notamment concernant la fabrication de combustible MOX, le traitement de déchets radioactifs et l’irradiation de matériaux. La majeure partie du site est en outre constituée d’installations nucléaires de défense.
Centre du CEA de Marcoule
Créé en 1955, le centre CEA de Marcoule comporte trois installations civiles :
- les laboratoires Atalante (INB 148),
- la centrale Phénix (INB 71)
- l’installation d’entreposage Diadem (INB 177).
Installation Atalante – Centre du CEA
Les laboratoires Atalante, créés dans les années 1980, ont pour mission principale de mener des activités de R&D en matière de recyclage des combustibles nucléaires, de gestion des déchets ultimes et d’exploration de nouveaux concepts pour les systèmes nucléaires de quatrième génération. Afin d’étendre ces activités de recherche, des aménagements ont été réalisés en 2017 pour accueillir des activités et des équipements provenant du laboratoire d’études et de fabrication des combustibles avancés (Lefca) du centre CEA de Cadarache.
Le CEA a transmis à l’ASN le rapport de réexamen de l’installation en décembre 2016. En 2018, l’ASN a demandé au CEA des compléments portant notamment sur la protection de l’installation contre les agressions externes (foudre et inondation), la maîtrise du risque de perte d’alimentation électrique et la méthodologie de caractérisation radiologique et chimique des sols. Le CEA a transmis des compléments en 2018, qui sont en cours d’instruction par l’ASN.
Centrale Phénix – Centre du CEA
La centrale Phénix est un réacteur surgénérateur de démonstration de la filière dite « à neutrons rapides », refroidi au sodium. Ce réacteur, d’une puissance électrique de 250 MWe, a été définitivement arrêté en 2009 et est en cours de démantèlement.
Le démantèlement de la centrale est encadré dans ses grandes phases par le décret no 2016‑739 du 2 juin 2016. La décision no 2016-DC-0564 de l’ASN du 7 juillet 2016 de l’ASN prescrit au CEA différents jalons et opérations de démantèlement.
L’exploitant déploie actuellement des actions permettant de répondre aux prescriptions de l’ASN et de mettre en œuvre ses engagements, pris dans le cadre de son réexamen périodique.
Installation Diadem – Centre du CEA
L’installation Diadem, en cours de construction, sera dédiée à l’entreposage de conteneurs de déchets radioactifs émetteurs de rayonnement bêta et gamma, ou riches en émetteurs alpha, dans l’attente de la construction d’installations permettant le stockage de déchets à vie longue, ou de déchets de faible et moyenne activité – vie courte dont les caractéristiques – notamment le débit de dose – ne permettent pas l’acceptation en l’état dans le Centre de stockage de l’Aube.
Le CEA a informé l’ASN, fin 2018, du gel de certaines opérations de construction, pour des raisons budgétaires.
Usine Melox
L’ INB 151, dénommée Melox, créée en 1990 et exploitée par Orano Cycle, est une usine de production de combustible MOX, combustible constitué d’un mélange d’oxydes d’uranium et de plutonium.
L’exploitant a déposé en 2018 son dossier d’orientation de réexamen de l’installation. L’exploitant a par ailleurs mis en œuvre toutes les actions permettant de répondre à ses engagements et aux prescriptions de la décision no 2014-DC-0440 du 15 juillet 2014 de l’ASN, issues de son précédent réexamen périodique.
Usine Centraco
L’INB 160, dénommée Centraco et créée en 1996, est exploitée par la société Socodéi, filiale d’EDF. L’usine Centraco a pour finalité de trier, décontaminer, valoriser, traiter et conditionner, en particulier en réduisant leur volume, des déchets et des effluents faiblement radioactifs. Les déchets issus de son procédé sont ensuite acheminés vers le CSA de l’Andra.
L’installation est constituée :
• d’une unité de fusion, où sont fondus les déchets métalliques, pour un tonnage annuel maximal de 3 500 tonnes ;
• d’une unité d’incinération où sont incinérés les déchets combustibles, pour un tonnage annuel maximal de 3 000 tonnes de déchets solides et 2 000 tonnes de déchets liquides ;
• et de capacités d’entreposages.
Les unités d’incinération et de fusion des déchets ont fonctionné dans de bonnes conditions de sûreté, sans encore atteindre leurs capacités maximales de traitement. En particulier, l’arrêt technique pour maintenance préventive de l’unité d’incinération a été prolongé afin d’anticiper un remplacement préventif de filtre de la ventilation de la dernière barrière de confinement.
L’ASN avait prescrit, par la décision n° 2014-DC-0446 de juillet 2014, des études complémentaires concernant la chute d’avion, la foudre et le séisme. Ces études sont été transmises en 2018 et sont en cours d’instruction par l’ASN.
Ionisateur Gammatec
La société Stéris exploite depuis 2013 un irradiateur industriel. Dénommée Gammatec, l’INB 170 assure le traitement de produits par ionisation (émission de rayonnement gamma) dans l’objectif de les aseptiser, les stériliser ou d’améliorer les performances des matériaux. L’installation est constituée d’une casemate industrielle et d’une casemate expérimentale. Toutes les deux renferment des sources scellées de cobalt-60, qui assurent le rayonnement nécessaire à l’activité de l’installation.
Installation Écrin
L’INB 175, dénommée Écrin, est située dans la commune de Narbonne, dans le département de l’Aude, au sein du site de Malvési exploité par Orano Cycle et dans lequel sont transformés les concentrés issus des mines d’uranium en tétrafluorure d’uranium, ce qui constitue la première étape de constitution d’un combustible à l’uranium (hors extraction de minerais). Le procédé de transformation produit des effluents liquides contenant des boues nitratées chargées en uranium naturel, qui sont décantés et évaporés dans des lagunes de l’installation. L’ensemble de l’usine est soumis au régime des ICPE Seveso seuil haut.
Les deux bassins d’entreposages historiques de boues (B1 et B2) de l’usine, qui ne sont plus utilisés dans le procédé depuis la rupture de la digue du bassin B2 en 2004, constituent l’INB Écrin. Le classement de ces deux bassins comme installation nucléaire de base est dû à la présence de traces de radio‑isotopes artificiels issus de campagnes de traitement d’uranium de retraitement en provenance du site de Marcoule. Cette INB a été autorisée par décret du 20 juillet 2015 pour l’entreposage de déchets radioactifs pour une durée de trente ans et pour un volume de déchets limité à 400 000 m3 et d’activité radiologique totale inférieure à 120 térabecquerels.
Protection de l’environnement de la plateforme de Marcoule
La gestion des rejets et transferts d’effluents des installations civiles et la surveillance de l’environnement sont encadrées par des décisions de l’ASN du 1er mars 2016 fixant des prescriptions relatives aux limites et modalités de rejets d’effluents liquides et gazeux de Melox, Atalante, Centraco et Gammatec. Cette gestion est jugée satisfaisante par l’ASN. Dans le contexte du démantèlement de la centrale Phénix, le projet de décision similaire pour la centrale Phénix a fait l’objet d’une consultation du public, de la commission locale d’information, de l’exploitant et du Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques en 2018, et est en cours de finalisation. En application de ces décisions, les exploitants du site de Marcoule devront réaliser, d’ici fin 2019, une mise à jour de l’étude d’incidence environnementale du site (qui date de 2012).
Appréciations 2023
L’ASN considère que le niveau de sûreté nucléaire et de radioprotection du centre CEA de Marcoule se maintient à un niveau globalement satisfaisant.
L’ASN a noté une amélioration des dispositions mises en œuvre pour assurer le suivi de la surveillance des intervenants extérieurs dont les contrats sont gérés au niveau du centre de Marcoule. L’organisation des équipes d’intervention du site CEA de Marcoule, dédiées à la lutte contre l’incendie, est également satisfaisante. L’ASN a demandé au CEA, au regard du nombre important d’interventions réalisées, de prendre des dispositions pour maintenir un équilibre entre la couverture opérationnelle du centre et les impératifs d’entraînement et de maintien des acquis des agents.
Les opérations préalables aux transports, ainsi que la maintenance des emballages sont correctement réalisées et suivies par le CEA.
Le CEA a remis en 2020 son étude relative à l’évaluation sanitaire et environnementale des rejets chimiques liquides et gazeux de la plateforme de Marcoule. L’ASN a prescrit au CEA, en association avec les autres exploitants des installations de la plateforme de Marcoule, par décision n° CODEP‑MRS-2023‑013061 du 9 mars 2023, la réalisation, par un organisme indépendant, d’une tierce expertise portant sur l’évaluation de l’impact sur la santé et l’environnement occasionné par les rejets liquides et gazeux de l’ensemble des activités nucléaires du site de Marcoule. La contractualisation avec un tiers expert est en cours.
L’étude technico‑économique des dispositions pour éviter ou réduire le rejet d’eaux pluviales susceptibles d’être polluées, et donc leur impact sur l’environnement, a été remise à l’ASN fin 2020. L’exploitant a finalisé en 2022 la mise en œuvre des dispositions retenues à la suite de l’étude. Un retour d’expérience concernant leur efficacité est attendu par l’ASN.
Concernant la conformité du bâtiment de gestion de crise – dénommé « Surveillance centralisée de Marcoule » (SCM) – aux exigences du noyau dur, définies à la suite de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima (Japon) pour garantir la capacité de certains équipements à assurer leurs fonctions face à des agressions extrêmes, un courrier contenant des demandes complémentaires relatives à son accessibilité et à son habitabilité a été transmis au CEA en mars 2023.
Date de la dernière mise à jour : 16/05/2024