L’assurance de la qualité pour l’utilisation des rayonnements ionisants à des fins médicales en radiothérapie externe et en curiethérapie a fait l’objet d’une déclinaison réglementaire en 2008, après la survenue d’accidents graves en radiothérapie (épinal, Toulouse), avec la publication de la décision technique n° 2008-DC-0103 de l’ASN.
Les centres de radiothérapie se sont progressivement appropriés les exigences fixées par cette décision applicable depuis octobre 2011. La décision actuelle a permis notamment le déploiement d’un système documentaire structuré permettant aux centres de radiothérapie de formaliser leurs pratiques et d’avoir une traçabilité effective tout au long de la chaîne du traitement des patients. Cette décision a également permis la mise en place du processus de retour d’expérience, favorisant la culture du signalement en interne, l’exploitation des cas recensés par une équipe multidisciplinaire et la proposition d’actions d’amélioration. Ce processus reboucle avec l’analyse a priori des risques, ce qui répond à l’objectif recherché d’une amélioration continue de la qualité et de la sécurité des soins. Bien qu’il reste un certain nombre de centres ayant toujours des difficultés méthodologiques pour la mise en œuvre des prescriptions de cette décision, beaucoup se sont investis dans la démarche qualité et ont progressé sur ce point.
À la lumière de plusieurs évolutions réglementaires récentes, il est devenu opportun pour l’ASN de réviser cette décision après la parution :
- du décret n° 2018-434 du 4 juin 2018, renforçant les obligations en termes de formation des acteurs utilisant des rayonnements ionisants à des fins médicales, l’obligation d’un système d’assurance de la qualité englobant le principe d’optimisation, la mise en œuvre d’une analyse des risques d’expositions accidentelles ou non intentionnelles des patients et la mise en place d’audits cliniques par les pairs ;
- de la décision technique n°2019-DC-0660 de l’ASN, relative à l’assurance de la qualité en imagerie médicale.
D’autres facteurs amènent également à réexaminer le dispositif mis en place à partir de 2008 :
- les évolutions des techniques de traitement et des équipements en radiothérapie se développant rapidement, elles conduisent les centres à gérer continuellement des changements organisationnels et techniques, le plus souvent hors démarche qualité ;
- la volonté d’étendre le champ d’application de la nouvelle décision à la médecine nucléaire à finalité thérapeutique, la décision actuelle ne s’appliquant qu’à la radiothérapie externe et la curiethérapie ;
- la nécessité de mettre à jour, après la publication de cette décision, deux guides de l’ASN, l’un relatif à l’auto-évaluation des risques encourus par les patients en radiothérapie (guide n° 4) et l’autre relatif au management de la sécurité et de la qualité des soins en radiothérapie (guide n° 5), les méthodes décrites étant jugées trop lourdes d’application par les centres ;
- l’opportunité de mettre en cohérence les prescriptions de la décision n°2008-DC-0103 avec celles relatives à l’imagerie médicale.
C’est ainsi qu’il conviendra de renforcer les notions relatives à la démarche d’amélioration continue et d’introduire des dispositions relative à la maîtrise des changements et à la formation, en incluant l’habilitation au poste de travail pour tous les professionnels. Le rôle du responsable de l’activité nucléaire devra être affirmé, comme cela est le cas dans la nouvelle décision n°2019-DC-0660 (actuellement, la décision n°2008-DC-0103 vise le chef d’établissement).
L’opportunité d’inclure dans le système qualité les audits par les pairs se présente également, d’autant que la société française de radiothérapie oncologique (SFRO) a élaboré une grille d’audit. La Direction Générale de la Santé (DGS) est favorable à la mise en œuvre de ces audits cliniques mais elle n’est pas encore parvenue à identifier l’organisme qui serait chargé de la gouvernance du dispositif (identification et formation des auditeurs, programmation des audits, rémunération…).