Le combustible
Le combustible nucléaire sert à alimenter le coeur des réacteurs de centrales nucléaires pour produire de la chaleur qui est ensuite transformée en énergie électrique. Le combustible nucléaire sert également à alimenter des réacteurs de recherche pour différentes applications. Il existe plusieurs types de combustibles :
- le combustible à base d'uranium enrichi (enrichissement entre 3 et 6 % en isotope 235) utilisé dans les centrales nucléaires ;
- le combustible à base d'uranium hautement enrichi (enrichissement jusqu'à 93,5 % en isotope 235) ou d'uranium moyennement enrichi (jusqu'à 20 % en isotope 235) utilisé dans les réacteurs de recherche ;
- le combustible à oxyde mixte d'uranium et de plutonium, dit MOX (mixed oxydes), utilisé dans les centrales nucléaires.
Les matières radioactives
Certaines substances radioactives mises en jeu dans le cycle du combustible nucléaire sont considérées comme valorisables. Elles sont pour partie actuellement valorisées et leur valorisation complète est envisagée notamment dans le cadre de la poursuite d'un programme électronucléaire, et du développement de nouveaux types de réacteurs. Ces substances radioactives ne sont donc pas considérées comme des déchets mais comme des matières radioactives au sens de l’article L. 542-1-1 du code de l'environnement. Leurs modalités de gestion, leurs perspectives de valorisation, ainsi que l’examen des possibilités de stockage dans l’hypothèse où des changements de politique énergétique impliqueraient de les considérer comme des déchets sont traités dans le cadre du PNGMDR.
Consulter les pages dédiées au Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs
L'uranium
L'uranium est un élément qui existe dans la nature. Il peut prendre plusieurs formes que l'on appelle isotopes : l'uranium a 11 isotopes, U230 à U240.
L'enrichissement de l'uranium pour devenir un combustible nucléaire
Pour servir de combustible aux centrales nucléaires, l'uranium, après avoir été extrait de la mine, doit subir plusieurs opérations comme la concentration, la transformation en hexafluorure d'uranium, l'enrichissement en isotope 235 et enfin la transformation en oxyde d'uranium.
L'uranium issu du retraitement des combustibles usés peut aussi, une fois enrichi (appelé alors URE), être utilisé pour fabriquer du combustible pour centrales nucléaires. Le combustible URE est utilisé dans 2 réacteurs nucléaires français : réacteurs 3 et 4 de Cruas (900 MWe).
L'utilisation de l'uranium
L'uranium appauvri, c'est-à-dire à faible concentration en isotope 235 est un sous-produit de l'enrichissement. Il est, pour la plus grande part, entreposé en l'attente d'une valorisation ultérieure. Il peut être associé au plutonium pour fabriquer du combustible MOX.
Dans les centrales nucléaires, le combustible à uranium utilisé est enrichi en isotope jusqu'à des valeurs comprises entre 3 et 6 %.
Dans les réacteurs de recherche, c'est le combustible à uranium hautement enrichi (enrichissement jusqu'à 93,5 % en isotope 235) ou à uranium moyennement enrichi (jusqu'à 20 % en isotope 235) qui est utilisé.
Les risques présentés par l'uranium
Les isotopes de l'uranium sont, pour la plupart, radiotoxiques et des émetteurs de rayonnements alpha et gamma.
L'uranium présente aussi un risque de criticité.
La radiotoxicité de l'uranium et le risque de criticité qu'il présente lorsqu'il est enrichi nécessitent que des précautions soient prises pour protéger les travailleurs des installations où il est mis en oeuvre. C'est particulièrement le cas pour l'uranium issu du retraitement dont la manipulation est rendue délicate par la présence de produits de fission tels que le technétium, l'uranium 232, et quelques transuraniens.
Les contraintes imposées aux fabricants de combustible, notamment au travers de leurs autorisations de rejet, limitent la quantité annuelle d'URE mis en oeuvre, tout en contrôlant la part de chaque isotope présente. C'est le risque d'irradiation par exposition et ingestion qui est en cause.
Par ailleurs, les manipulations de l'uranium afin d'enrichir sa composition isotopique en isotope 235 présentent des risques essentiellement chimiques liés au fluor mis en oeuvre.
Le combustible MOX
Le combustible MOX est un combustible nucléaire à base d'oxyde mixte d'uranium et de plutonium.
Son utilisation dans des réacteurs nucléaires de production d'électricité a débuté à l'étranger dans les années 1970. Il est utilisé en France depuis 1987.
En 2017, sur les 58 réacteurs français, 22 réacteurs nucléaires d'EDF utilisent ce combustible. 24 réacteurs sont autorisés à l'utiliser.
En France, le combustible MOX utilise exclusivement du plutonium civil, extrait du combustible irradié.
Les risque liés au combustible MOX
La mise en oeuvre du plutonium, élément très radiotoxique et pouvant présenter des risques de criticité, nécessite des précautions particulières, notamment en termes de radioprotection des travailleurs, dans la fabrication du combustible MOX, son transport et son utilisation en réacteur.
Le point de vue de l'ASN
Le choix d'utiliser du combustible MOX dans ses réacteurs nucléaires relève de la stratégie industrielle d'EDF. L'ASN ne se prononce pas sur cette stratégie. L'ASN n'est pas opposée à la poursuite de l'utilisation de combustible MOX dans les réacteurs EDF. Elle veille, dans les autorisations qu'elle donne, à ce que toutes les précautions soient prises pour obtenir le même niveau de sûreté qu'avec le combustible nucléaire classique à base d'oxyde d'uranium.
L'ASN veille à la cohérence, du point de vue de la sûreté, de la stratégie d'utilisation du combustible MOX ; en particulier, elle veille à ce que les déchets produits ne présentent pas de problème de sûreté à caractère rédhibitoire pour le futur.
Le plutonium
Le plutonium, un sous-produit inévitable de la production d'électricité nucléaire
A la différence de l'uranium, le plutonium (Pu) est un élément qui n'existe pas à l'état naturel. Il est produit dans les réacteurs nucléaires : c'est un sous-produit inévitable de la production d'électricité d'origine nucléaire. Il peut prendre plusieurs formes que l'on appelle isotopes (Pu238 à Pu243).
Le plutonium pour produire de l'électricité
Dans la filière électronucléaire, les formes les plus courantes du plutonium sont les isotopes 238 à 242, l'isotope prépondérant étant le Pu239, utilisé dans les réacteurs à eau sous pression.
Le plutonium, issu du retraitement des combustibles usés, sert à fabriquer du combustible d'oxyde mixte d'uranium et de plutonium, le combustible MOX.
Les risques associés au plutonium
La plupart des isotopes du plutonium sont très radiotoxiques. La plupart d'entre eux émettent des rayonnements alpha, particulièrement nocifs. Le Pu241 est quant à lui un émetteur principalement de rayonnements bêta.
L'ASN veille à ce que toutes les dispositions soient prises pour que le plutonium soit entreposé et utilisé dans des conditions de sûreté satisfaisantes. Des entreposages sûrs donnent le temps de concevoir et mettre en oeuvre des solutions pour l'avenir.
A l'instar de l'uranium, le plutonium présente également un risque de criticité.
La forte radiotoxicité du plutonium et le risque de criticité qu'il présente nécessitent que des précautions particulières soient prises pour protéger les travailleurs des installations où il est mis en oeuvre. C'est notamment le cas pour la fabrication, le transport et l'utilisation en réacteur du combustible MOX.
Une attention particulière doit être apportée à la protection contre les actes de malveillance visant le plutonium.
L'utilisation du plutonium dans le cycle nucléaire français
Actuellement, seule une partie du plutonium produit à l'issue de l'irradiation du combustible en réacteur est réutilisé. Le plutonium utilisé pour le combustible MOX ne représente qu'une faible partie de la production. Le système n'étant pas équilibré, le stock de plutonium augmente.
La stratégie industrielle actuelle est de tendre à l'équilibre entre la production de plutonium séparé et sa consommation en réacteur ; c'est tout l'enjeu de la gestion « Parité MOX » autorisée par L'ASN en décembre 2006. L'option du recyclage du combustible MOX n'est pas envisagée à l'heure actuelle.