Région Hauts-de-France : en 2022, le niveau de la sûreté nucléaire et de la radioprotection pour la centrale de Gravelines reste en retrait
Communiqué de presse
A l’occasion de la parution du Rapport de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France, la division territoriale de Lille de l’ASN présente les conclusions des actions de contrôle qu’elle a menées tout au long de l’année 2022 en région Hauts-de-France.
L’activité de contrôle de l’ASN en 2022 en région Hauts-de-France
124 inspections
- 33 inspections dans la centrale nucléaire de Gravelines ;
- 82 inspections dans le domaine du nucléaire de proximité ;
- 9 inspections dans le domaine du transport de substances radioactives.
12 événements significatifs au niveau 1 INES ont été déclarés à l’ASN
14 journées d’inspection du travail dans la centrale nucléaire de Gravelines.
Le contrôle des installations nucléaires
L’ASN considère que les performances de la centrale nucléaire de Gravelines sont en retrait en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection par rapport à l’appréciation générale que l’ASN porte sur les centrales nucléaires d’EDF. Les performances en matière de protection de l’environnement rejoignent quant à elles l’appréciation générale que l’ASN porte sur les centrales nucléaires d’EDF.
Les performances en matière de sûreté nucléaire ne se sont pas améliorées en 2022, notamment en matière de rigueur d’intervention. Le plan rigueur mis en place par l’exploitant a commencé à porter ses fruits, mais le site doit encore poursuivre ses efforts afin de fédérer l’ensemble des acteurs. L’ASNa réalisé un point d’étape des actions mises en place par l’exploitant, à la fin du premier semestre.
L’année a été marquée par un nombre d’événements significatifs déclarés à l’ASN plus important que celui des années précédentes et supérieur à la moyenne des réacteurs d’EDF, même si le nombre d’événements classés au niveau 1 reste stable. Cette tendance ne traduit pas nécessairement une dégradation des conditions d’exploitation.
Sur le plan de la maintenance, l’année 2022 a, de nouveau, été marquée par des prolongations importantes des durées d’arrêt pour maintenance et renouvellement en combustible des réacteurs.
En matière de protection de l’environnement, l’ASN considère que la centrale nucléaire de Gravelines a amélioré sa réponse, en matière de maintenance, face aux enjeux présentés par les équipements utilisant du gaz isolant à effet de serre (SF6) et qu’elle doit poursuivre ses efforts sur les installations de traitement des effluents radioactifs produits par l’exploitation des réacteurs. Un contrôle renforcé sera mené en 2023.
Sur le plan de la radioprotection, l’ASN considère que la situation reste dégradée et que le site ne parvient toujours pas à rétablir un niveau satisfaisant, malgré la mise en place de mesures préventives en 2021. Les efforts engagés doivent être développés afin de retrouver rapidement et durablement des performances satisfaisantes en matière de radioprotection des travailleurs en 2023.
En matière d’inspection du travail, le nombre d’accidents du travail demeure à un niveau élevé en 2022 malgré les mesures déployées par l’exploitant. Le non-respect de certaines règles vitales, induit par des comportements individuels ou des organisations de travail, ainsi que des manques de maîtrise de consignations d’équipements ont été observés à plusieurs reprises. L’inspection du travail portera une vigilance particulière sur ces sujets lors de ses prochains contrôles.
Nucléaire de proximité
L’ASN considère que l’état de la radioprotection dans le domaine médical se maintient à un bon niveau avec toutefois des fragilités persistantes. La forte tension, en particulier sur les moyens humains, a conduit à la mise en place de nouvelles organisations de travail, notamment multi-sites ou faisant appel à des intervenants extérieurs. L’ASN a été particulièrement vigilante à ce que ces nouvelles organisations n’engendrent pas un recul de la radioprotection.
Sur la base des observations tirées des inspections conduites en 2022 et d’une analyse faite sur la période 2018-2022, la culture de la radioprotection reste perfectible en particulier dans le domaine des pratiques interventionnelles radioguidées, pour lesquelles la formation des personnels à la radioprotection des patients et des travailleurs peine à progresser.
Les événements significatifs de radioprotection restent en nombre très faible comparé au grand nombre d’actes réalisés, mais la répétition de certains événements montre que le retour d’expérience d’événements anciens est parfois oublié. Ces événements nous rappellent que la culture de radioprotection n’est jamais acquise, mais doit être entretenue.
L’ASN promeut toutes les actions susceptibles de concourir à la mise en œuvre des principes de justification et d’optimisation. A ce titre, l’ASN a insisté sur l’importance et la plus-value des audits cliniques externes par les pairs, en particulier dans les domaines à fort enjeu et soutient leur mise en place en particulier en radiothérapie et en scanographie. Par ailleurs, la part importante des traitements par radiothérapie en oncologie et l’amélioration de la survie rend d’autant plus importante l’évaluation des effets radio-induits à long terme. L’ASN rappelle ainsi la nécessité de la mise en place de registres de suivi pour permettre une meilleure évaluation de ces effets radio-induits à long terme, en particulier pour les nouvelles pratiques comme l’hypo fractionnement ou la flash-thérapie.
Canicule et sécheresse
L’été 2022 a été marqué par une canicule et une sécheresse exceptionnelles qui ont conduit l’ASN, pour la première fois depuis 2003, à prendre des décisions permettant de déroger aux prescriptions de rejets thermiques et de maintenir en fonctionnement cinq réacteurs. Cette situation n’a pas eu de conséquence sur la sûreté nucléaire. Par ailleurs, la surveillance de l’environnement a été spécifiquement renforcée pour être en mesure de détecter au plus tôt une éventuelle dégradation du milieu.
Dans cette logique d’anticipation, l’ASN continuera d’analyser les conséquences du changement climatique sur la sûreté des centrales nucléaires et la protection de l’environnement notamment dans le cadre de la démarche qu’elle lance sur la poursuite de fonctionnement de ces installations jusqu’à et au-delà de 60 ans.
Bien que non concernée en 2022 par les dérogations précitées, la centrale de Gravelines doit, de plus, se re-questionner sur ses températures au rejet en raison de l’impact potentiel de réacteurs supplémentaires vis-à-vis de limites d’échauffement approchées en 2022.
En savoir plus :
L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), autorité administrative indépendante, assure, au nom de l’Etat, le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection pour protéger les personnes et l’environnement. Elle informe le public et contribue à des choix de sociétés éclairés. Le rapport de l’ASN sur l’état de sûreté nucléaire et de radioprotection en France en 2022 est téléchargeable en ligne
Contact presse :
Evangelia PETIT, cheffe du service presse - 01 46 16 41 42 - evangelia.petit@asn.fr
Date de la dernière mise à jour : 20/06/2023