Phénomène de corrosion sous contrainte détecté sur les réacteurs 1 et 2 de Civaux, B2 de Chooz et 1 de Penly
Note d'information
Le 21 octobre 2021, à la suite de la réalisation de contrôles par ultrasons programmés lors de la deuxième visite décennale du réacteur 1 de la centrale nucléaire de Civaux (réacteur de 1450 MWe), EDF a informé l’ASN de la détection d’indications[1] au niveau de soudures des coudes des tuyauteries d’injection de sécurité[2] du circuit primaire principal du réacteur (voir image ci-après).
Le réacteur 2 de la centrale de Civaux étant alors le seul réacteur de 1450 MWe à ne pas avoir encore réalisé de tels contrôles, EDF a mis celui-ci à l’arrêt en novembre 2021 pour les réaliser de manière anticipée par rapport à la date prévue initialement pour sa seconde visite décennale. Ces contrôles ont confirmé la présence d’indications similaires à celles du réacteur 1.
Le 15 décembre 2021, EDF a informé l’ASN que les expertises métallurgiques réalisées sur les parties déposées des tuyauteries du réacteur 1 de la centrale de Civaux avaient mis en évidence la présence de fissuration résultant d’un phénomène inattendu de corrosion sous contrainte en face interne de la tuyauterie, à proximité du cordon de soudure.
Les contrôles réalisés lors des visites décennales visent à détecter la présence de fissuration par fatigue thermique, notamment au travers de contrôles par ultrasons. Ce procédé est moins performant pour détecter la fissuration par corrosion sous contrainte, et a pu conduire à classer comme parasites les indications correspondantes. Pour les contrôles complémentaires en cours, EDF a optimisé le procédé utilisé afin de mieux détecter les défauts résultant d’une corrosion sous contrainte.
Des indications classées comme parasites ayant été détectées lors des contrôles précédemment réalisés en visite décennale sur les deux autres réacteurs de 1450 MWe (réacteurs B1 et B2 de la centrale de Chooz), EDF a procédé à leur arrêt afin d’effectuer des contrôles complémentaires. Les premiers résultats indiquent la présence sur le réacteur B2 d’indications similaires à celles observées sur Civaux. Les contrôles sont en cours pour le réacteur B1.
Concomitamment, le contrôle réalisé lors de la troisième visite décennale du réacteur 1 de la centrale nucléaire de Penly, de conception différente (réacteur de 1300 MWe), a mis en évidence des indications sur les mêmes tuyauteries. L’expertise en laboratoire des parties déposées a également conclu à la présence de fissuration par corrosion sous contrainte. Les résultats disponibles sur ce réacteur montrent, à l’heure actuelle, un phénomène de moindre ampleur que sur le réacteur 1 de la centrale de Civaux.
Les quatre réacteurs de 1450 MWe ainsi que le réacteur 1 de Penly sont à l’arrêt et font l’objet de contrôles complémentaires visant à déterminer les zones et circuits affectés par le phénomène de corrosion sous contrainte. De plus, EDF poursuit ses investigations afin de déterminer les causes de cette corrosion et d’identifier les autres zones et réacteurs possiblement concernés. En particulier, EDF réexamine les résultats des contrôles précédemment réalisés sur l’ensemble de ses réacteurs afin de rechercher d’éventuelles indications classées comme parasites mais pouvant correspondre à de la corrosion sous contrainte. A l’issue de ces contrôles et investigations, EDF transmettra à l'ASN un programme priorisant les réacteurs à contrôler, sur lequel l’ASN se prononcera.
Les parties découpées seront remplacées par des pièces neuves.
L’ASN a mené une inspection sur les chantiers des interventions de découpe des coudes de tuyauterie du réacteur 1 de Civaux.
Outre des échanges techniques réguliers avec EDF, l’ASN a réalisé deux inspections sur la centrale de Civaux et une sur la centrale de Penly. Ces inspections ont porté sur les conditions de mise en œuvre des contrôles complémentaires, l’exposition radiologique des intervenants et les conditions de conduite des chantiers de découpe des coudes à expertiser. La maîtrise de la procédure de contrôle a ainsi été jugée satisfaisante lors d’une inspection sur le site de Civaux. L’ASN poursuivra ses actions d’inspection.
Enfin, l’ASN autorise les découpes des circuits concernés pour expertise, et se prononcera sur leurs modalités de réparation et de remise en service.
En savoir plus :
Consulter la note d'information publiée par l'IRSN
[1] Une indication est un signal (typiquement un écho pour des contrôles par ultrason) mettant en évidence la possible présence d’un défaut dans le matériau contrôlé.
[2] Le circuit d’injection de sécurité (RIS) permet, en cas d'accident causant une brèche importante au niveau du circuit primaire du réacteur, d'introduire de l'eau borée sous pression dans celui-ci afin d'étouffer la réaction nucléaire et d'assurer le refroidissement du cœur.
Date de la dernière mise à jour : 04/11/2022