Canicule : l’ASN étend à la centrale nucléaire du Bugey la modification temporaire des prescriptions applicables aux rejets liquides pour permettre d’assurer la sécurité du réseau électrique
Note d'information
Depuis le 8 juillet 2022, un épisode exceptionnel de canicule a conduit au réchauffement de certains cours d’eau utilisés pour le refroidissement des centrales nucléaires. Pour assurer la sécurité du réseau électrique, l’Autorité de sûreté nucléaire a adopté le 13 juillet 2022 une décision encadrant temporairement les rejets thermiques des centrales de Golfech, de Saint-Alban et du Blayais. À la suite de l’arrêt fortuit du réacteur 5 de la centrale du Bugey, l’ASN a également adopté, le 15 juillet 2022, une décision d’encadrement temporaire des rejets thermiques de la centrale du Bugey.
Pour contribuer au refroidissement de ses réacteurs, une centrale nucléaire prélève de l’eau dans un cours d’eau ou dans la mer. Cette eau est ensuite restituée au milieu naturel à une température plus élevée, soit directement (dit en circuit ouvert), soit après refroidissement dans des tours aéroréfrigérantes (dit en circuit fermé) permettant une évacuation partielle de la chaleur dans l’atmosphère.
Cette eau rejetée par la centrale nucléaire conduit à une élévation de la température du cours d’eau entre l’amont et l’aval du rejet. Cette élévation peut aller, suivant les réacteurs, de quelques dixièmes de degrés (en cas de circuit fermé) à plusieurs degrés (en cas de circuit ouvert). Afin d’en maîtriser l’impact sur l’environnement, les conditions thermiques de ces rejets sont encadrées par des décisions de l’ASN pour chaque centrale nucléaire. Les prescriptions fixées imposent des valeurs limites sur la température de rejets des eaux de refroidissement dans le milieu naturel et l’échauffement en aval de la centrale nucléaire ainsi que des modalités de surveillance de l’environnement.
Les conditions climatiques et hydrauliques exceptionnelles rencontrées cet été conduisent à une élévation inhabituelle de la température de certains cours d’eau.
Les valeurs limites sur la température des rejets liquides pourraient ne pas être respectées et impliquer la réduction de la puissance ou l’arrêt de la production électrique. Si le maintien à une puissance minimale d’une centrale est indispensable à la sécurité du réseau électrique, EDF peut demander à l’ASN une modification temporaire des prescriptions encadrant les rejets thermiques de cette centrale assortie d’un programme de surveillance renforcée. C’est ce qui a été fait pour les sites de Blayais, Golfech et Saint-Alban1.
La centrale nucléaire du Bugey est confrontée à une situation semblable. À la suite de l’arrêt fortuit survenu le 14 juillet 2022 de son réacteur 5 disposant d’un système de refroidissement en circuit fermé, seul le réacteur 2 disposant d’un système de refroidissement en circuit ouvert est disponible pour le réseau électrique [1]. De ce fait, les valeurs limites fixées par l’ASN pourraient ne plus être respectées. Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité (RTE) estime que le maintien à une puissance minimale de la centrale nucléaire du Bugey est indispensable à la sécurité du réseau électrique. Sur cette base, le ministère de la transition énergétique considère que cela constitue une nécessité publique.
En conséquence, EDF a demandé à l’ASN une modification temporaire des prescriptions encadrant les rejets thermiques de cette centrale assortie d’un programme de surveillance renforcée.
La demande d’EDF est acceptable au regard du retour d’expérience de la surveillance de l’environnement spécifiquement réalisée lors d’épisodes caniculaires antérieurs ainsi que du suivi long terme sur les écosystèmes concernés.
En application du II de l’article R. 593-40 [2] du code de l’environnement, l’ASN a adopté le 15 juillet 2022 une décision encadrant temporairement les rejets thermiques de la centrale nucléaire du Bugey pendant l’épisode de canicule et prescrivant les mesures spécifiques de surveillance renforcée de l’environnement aquatique dont en particulier la vie piscicole. Cette décision est applicable jusqu’au 24 juillet 2022. Toutefois, l’ASN demande qu’EDF privilégie, dès que les conditions le permettront, le fonctionnement du réacteur 5, dont la réfrigération s’effectue en circuit fermé.
Cette décision a été homologuée par la ministre chargée de la sûreté nucléaire le 15 juillet 2022.
Nota : Les précédentes situations comparables ont été rencontrées en 2003 et en 2006. Des prescriptions spécifiques avaient alors été prises par arrêtés conjoints des ministres chargés de l’industrie, de la santé et de l’environnement.
En savoir plus :
[1] Les réacteurs 3 et 4 de la centrale nucléaire du Bugey sont actuellement arrêtés pour maintenance.
[2] « Si, du fait d'une situation exceptionnelle, la poursuite du fonctionnement d'une installation nucléaire de base nécessite une modification temporaire de certaines prescriptions, et si ce fonctionnement constitue une nécessité publique, l'autorité peut décider cette modification sans procéder aux consultations préalables prévues par le présent article. Cette modification temporaire cesse de produire ses effets au plus tard au terme de la procédure normale de modification, si elle a été engagée, ou, à défaut, à l'expiration d'un délai d'un an. »
Date de la dernière mise à jour : 20/07/2022