L’ASN publie le rapport du COFSOH sur le démantèlement des installations nucléaires
Note d'information
Réuni par l’ASN entre 2017 et 2021, le groupe de travail du Comité d’orientation sur les facteurs sociaux, organisationnels et humains (COFSOH) sur les activités de démantèlement publie son rapport, intitulé « Le démantèlement des installations nucléaires : les collectifs, acteurs de la réduction de l’incertitude ».
Dans sa volonté d’approfondir les fondements de la maîtrise des risques dans les activités nucléaires, le COFSOH a créé en 2017 un groupe de travail sur les activités de démantèlement des installations nucléaires.
S’appuyant sur l’analyse de cas concrets (chantier de découpe d’un évaporateur du site de La Hague, chantier préparatoire aux opérations de découpe sous eau des internes de la cuve du réacteur de Chooz A, appels d’offres concernant la vidange des piscines de l’INB 56 du site de Cadarache), ce rapport présente les principales caractéristiques propres au démantèlement des installations nucléaires, ainsi que les enjeux sociaux, organisationnels et humains qui en découlent. Il met en exergue des dispositions organisationnelles opportunes pour la gestion de ces projets complexes.
Le démantèlement : gérer l’incertitude dans un environnement changeant
Le démantèlement est un processus complexe qui comprend un ensemble de tâches de différentes natures, allant de la conception des scénarios à l’assainissement des sols en passant par les opérations de démolition et de reprise et conditionnement des déchets. Ces tâches sont interdépendantes et mobilisent des acteurs aux compétences variées sur une durée particulièrement longue et sur une installation qui subit une transformation continue entre son arrêt définitif et son déclassement.
La réalisation de ces opérations est soumise à différents types d’aléas : données d’entrées incomplètes ou incertaines ; fiabilité dans la durée des outils et machines utilisées, qui ont été parfois spécialement développés pour suppléer l’homme en milieu inaccessible ; vétusté de certains équipements ; quantités importantes de déchets et, pour certains, absence de filière de gestion ; co-activité dans les mêmes locaux ; évolutions réglementaires, etc.
En outre, les modes de financement spécifiques au démantèlement influencent les choix stratégiques, techniques et organisationnels des exploitants, avec des conséquences sur la temporalité des opérations de démantèlement.
Les effets sur l’organisation et les activités
Du fait du caractère évolutif des risques, les opérations de démantèlement nécessitent de mettre à jour régulièrement les référentiels de sûreté et les analyses de risque. Les dispositions de prévention des risques vis-à-vis de la sûreté des installations ainsi que de la sécurité et de la radioprotection des intervenants sont ainsi ajustées lors de la réalisation des chantiers, alors que les choix techniques et organisationnels et les cadres contractuels entre exploitants, maîtres d’œuvre et prestataires ont été définis et peuvent limiter les possibilités d’action.
Les projets de démantèlement requièrent donc des modes de management agiles pour gérer l’incertitude et les risques. Ils se distinguent en cela des projets de construction, où l’objectif est de s’assurer que ce qui est construit est conforme à l’attendu.
Développer les capacités d’apprentissage et de régulation
Gérer l’incertitude, c’est se donner les moyens d’apprendre des situations, d’être à l’écoute du terrain et de développer des capacités de régulations individuelles et collectives. Dans ce but, le rapport recommande l’intégration, dans le fonctionnement des organisations, d’espaces collectifs de discussion. Ces espaces, mis en œuvre tout au long du projet, peuvent prendre des formes variées : visite collective de chantier, briefing ou débriefing, réunion de résolution de problèmes, etc. Ils permettent la mise en débat des contradictions, des désaccords et des facteurs de contraintes et de ressources. Ces échanges, lorsqu’ils sont fondés sur les situations de travail concrètes, permettent d’élaborer des solutions intégrant la diversité des points de vue et de gérer quotidiennement les variabilités et les aléas par la mise en œuvre de régulations. Ils contribuent également à la constitution et au maintien des collectifs de travail, indispensables à la maîtrise des risques.
Le Comité d’orientation sur les facteurs sociaux, organisationnels et humains (COFSOH) est une instance pluridisciplinaire et pluraliste créée par l’ASN. Ses travaux ont pour but de faire progresser la réflexion et les travaux concernant la contribution de l’homme et des organisations à la sûreté des installations nucléaires et à la protection des travailleurs.
Le COFSOH regroupe, outre l’ASN, des représentants institutionnels, des associations de protection de l’environnement, des personnalités choisies en raison de leurs compétences scientifiques, techniques, économiques ou sociales, des responsables d’activités nucléaires, des fédérations professionnelles des métiers du nucléaire et des organisations syndicales de salariés représentatives. Organisé en différents groupes de travail, le COFSOH publie depuis 2014 sur le site internet de l’ASN les restitutions de ses réflexions et ses recommandations.
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Date de la dernière mise à jour : 11/04/2023