Canicule : l’Autorité de sûreté nucléaire modifie temporairement les prescriptions applicables aux rejets liquides de trois centrales nucléaires pour permettre d’assurer la sécurité du réseau électrique
Note d'information
Depuis le 8 juillet 2022, un épisode de canicule a conduit au réchauffement de certains cours d’eau utilisés pour le refroidissement des centrales nucléaires. Pour permettre le maintien à un niveau minimal de puissance des centrales de Blayais, Golfech et Saint-Alban, nécessaire à la sécurité du réseau électrique, l’ASN a adopté, conformément à ce que prévoit la réglementation, des prescriptions temporaires relatives aux conditions thermiques des rejets liquides.
Pour contribuer au refroidissement de ses réacteurs, une centrale nucléaire prélève de l’eau dans un cours d’eau ou dans la mer. Cette eau est ensuite restituée au milieu naturel à une température plus élevée, soit directement, soit après refroidissement dans des tours aéroréfrigérantes permettant une évacuation partielle de la chaleur dans l’atmosphère.
Cette eau rejetée par la centrale nucléaire conduit à une élévation de la température du cours d’eau entre l’amont et l’aval du rejet. Cette élévation peut aller, suivant les réacteurs, de quelques dixièmes de degrés à plusieurs degrés. Afin d’en maîtriser l’impact sur l’environnement, les conditions thermiques de ces rejets sont encadrées par des décisions de l’ASN pour chaque centrale nucléaire. Les prescriptions fixées imposent des valeurs limites sur la température de rejets des eaux de refroidissement dans le milieu naturel et l’échauffement en aval de la centrale nucléaire ainsi que des modalités de surveillance de l’environnement.
Les conditions climatiques et hydrauliques exceptionnelles rencontrées cet été conduisent à une élévation inhabituelle de la température de certains cours d’eau. Le respect des valeurs limites sur la température des rejets liquides pourrait impliquer la réduction de la puissance ou l’arrêt de la production électrique de plusieurs réacteurs sur les sites de Blayais, Golfech et Saint-Alban.
Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité (RTE) estime que le maintien à une puissance minimale des centrales nucléaires de Blayais, Golfech et Saint-Alban, est indispensable à la sécurité du réseau électrique. Sur cette base, le ministère de la transition énergétique considère que cela constitue une nécessité publique.
Pour ces centrales, les valeurs limites fixées par l’ASN pourraient alors ne plus être respectées. En conséquence, EDF a demandé à l’ASN une modification temporaire des prescriptions encadrant les rejets thermiques de ces centrales assortie d’un programme de surveillance renforcée.
Les propositions d’EDF sont acceptables au regard du retour d’expérience de la surveillance de l’environnement spécifiquement réalisée lors d’épisodes caniculaires antérieurs ainsi que du suivi long terme sur les écosystèmes concernés.
En application du II de l’article R. 593-40(1) du code de l’environnement, l’ASN a adopté le 13 juillet 2022 une décision encadrant temporairement les rejets thermiques des centrales de Blayais, Golfech et Saint-Alban pendant l’épisode de canicule et prescrivant les mesures spécifiques de surveillance renforcée de l’environnement aquatique dont en particulier la vie piscicole. Cette décision est applicable jusqu’au 24 juillet 2022.
Cette décision a été homologuée par la ministre chargée de la sûreté nucléaire le 15 juillet 2022.
Nota : Les précédentes situations comparables ont été rencontrées en 2003 et en 2006. Des prescriptions spécifiques avaient alors été prises par arrêtés conjoints des ministres chargés de l’industrie, de la santé et de l’environnement.
1. "Si, du fait d'une situation exceptionnelle, la poursuite du fonctionnement d'une installation nucléaire de base nécessite une modification temporaire de certaines prescriptions, et si ce fonctionnement constitue une nécessité publique, l'autorité peut décider cette modification sans procéder aux consultations préalables prévues par le présent article. Cette modification temporaire cesse de produire ses effets au plus tard au terme de la procédure normale de modification, si elle a été engagée, ou, à défaut, à l'expiration d'un délai d'un an. "
Date de la dernière mise à jour : 18/07/2022