Dépassement de la limite autorisée de rejets d’effluents gazeux radioactifs
Le 23 juin 2022, le CHU de Toulouse a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) un événement significatif de radioprotection concernant sa plateforme de fluoration.
Cet événement porte sur le dépassement de la limite, sur 12 mois consécutifs, fixée pour les rejets d’effluents gazeux radioactifs. Cet établissement exploite un cyclotron permettant de fabriquer puis distribuer des produits radiopharmaceutiques destinés, notamment, à des recherches impliquant la personne humaine. Cet établissement est ainsi le seul fournisseur de produits radiopharmaceutiques marqués au fluor-18 [1] pour cinq essais cliniques novateurs en cours pour le grand quart sud-ouest de la France (Toulouse, Nîmes, Montpellier, Clermont-Ferrand). Il est également autorisé à fabriquer de l’oxygène-151, mais aucune production n’avait eu lieu depuis 2018.
Le CHU de Toulouse a informé l’ASN que le cumul, sur douze mois consécutifs, des rejets des effluents gazeux radioactifs a atteint 11,8 GBq (gigabecquerels) le 20 juin 2022 alors que la limite fixée dans son autorisation est de 10 GBq.
Cette situation anormale a été identifiée immédiatement par l’exploitant, grâce à la sonde de mesure de la radioactivité installée depuis 2020 sur l’émissaire de rejet. Le dépassement observé résulte d’un événement ponctuel survenu dans la seule journée du 20 juin 2022 : lors d’une production d’oxygène-15 pour un nouvel essai clinique, un rejet de 8,05 GBq a été observé. Cette valeur, s’ajoutant aux 3,69 GBq rejetés depuis le 21 juin 2021, a conduit au dépassement de la limite annuelle autorisée.
L’impact de cet événement sur les personnes vivant à proximité du site reste extrêmement limité ; en effet il ne représente qu’une fraction de l’exposition résultant du fonctionnement normal de l’installation, qui est elle-même environ 300 fois inférieure à la valeur limite d’exposition d’une personne du public, fixée par le code de la santé publique, qui est de 1 mSv/an.
Les premières actions engagées par l’exploitant, outre la mise à l’arrêt de l’installation, ont permis d’identifier l’origine de la fuite : une connectique défaillante entre un capillaire sortant du cyclotron et la « boucle retard ». Cette dernière permet de réduire très notablement la quantité de radioactivité émise dans l’atmosphère en retardant le rejet, bénéficiant ainsi de l’effet de la décroissance radioactive de l’oxygène-15 produit par le cyclotron. La connectique défaillante a conduit à ce que les effluents ne transitent pas par la « boucle retard ».
S’agissant d’un rejet dans l’environnement supérieur aux limites prévues dans la décision d’autorisation de l’activité nucléaire, l’événement est classé au niveau 1 de l’échelle INES, qui comporte 8 niveaux de 0 à 7.
Au titre de son programme d’inspection, l’ASN avait déjà prévu une inspection sur ce cyclotron dans la première quinzaine du mois de juillet. Cette inspection permettra notamment d’examiner plus en détail les causes de l’incident et les actions prévues par l’exploitant d’ici au redémarrage de l’installation.
[1] Le fluor-18 et l’oxygène-15 sont des radionucléides utilisés pour des activités de diagnostic. Ils sont produits au moyen d’un cyclotron. Tous deux ont une période radioactive très courte (d’environ 110 minutes pour le fluor-18 et de 2 minutes pour l’oxygène-15).
Date de la dernière mise à jour : 01/07/2022
Classement de l’incident (INES)
Niveau 1
Anomalie