RÉGION Nouvelle-Aquitaine La division de Bordeaux contrôle la sûreté nucléaire, la radioprotection et le transport de substances radioactives dans les 12 départements de la région Nouvelle‑Aquitaine. En 2023, l’ASN a réalisé 142 inspections dans la région Nouvelle-Aquitaine, dont 58 dans les centrales nucléaires du Blayais et de Civaux, 69 dans les installations nucléaires de proximité, cinq dans le domaine du transport de substances radioactives et dix concernant les organismes et laboratoires agréés par l’ASN. L’ASN a, par ailleurs, réalisé 18 journées d’inspection du travail à la centrale nucléaire du Blayais et neuf journées à la centrale nucléaire de Civaux. Au cours de l’année 2023, 13 événements significatifs classés au niveau 1 de l’échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques (échelle INES) ont été déclarés par les exploitants des centrales nucléaires de Nouvelle‑Aquitaine. Dans les activités nucléaires de proximité, un événement significatif pour la radioprotection classé au niveau 1 de l’échelle INES et un événement classé au niveau 2 de l’échelle ASN-SFRO ont été déclarés à l’ASN. CENTRALE NUCLÉAIRE DU BLAYAIS La centrale nucléaire du Blayais, exploitée par EDF dans le département de la Gironde, à 50 km au nord de Bordeaux, est constituée de quatre réacteurs à eau sous pression (REP) d’une puissance de 900 mégawatts électriques (MWe), mis en service en 1981 et 1982. Les réacteurs 1 et 2 constituent l’installation nucléaire de base (INB) 86 et les réacteurs 3 et 4 l’INB 110. L’ASN considère que les performances de la centrale nucléaire du Blayais en matière de sûreté nucléaire sont en retrait par rapport à l’appréciation générale que l’ASN porte sur les cen‑ trales nucléaires d’EDF, et que les actions engagées pour rehausser ces performances doivent être poursuivies et ampli‑ fiées. Les performances en matière de radioprotection et de protection de l’environnement rejoignent globalement cette appréciation générale. En matière de sûreté nucléaire, la centrale nucléaire du Blayais n’est pas parvenue en 2023 à enrayer la dégradation des per‑ formances déjà constatée en 2022. Dans le domaine de la conduite des réacteurs, l’ASN considère que les performances de l’exploitant n’ont pas été à l’attendu, malgré la mise en place d’un plan de rigueur d’exploitation par la direction du site. Le renforcement des effectifs engagé n’a pas encore permis de redresser cette situation. L’ASN a relevé des lacunes dans la formation et le maintien des compétences, le respect des pro‑ cédures et la préparation des activités. De plus, les inspections réalisées par l’ASN portant sur la conduite incidentelle et acci‑ dentelle, ainsi que sur la gestion des situations d’urgence ont mis en évidence des défauts dans la documentation et l’accès à certains matériels. Dans le domaine de la maîtrise du risque d’incendie, l’ASN relève la survenue de plusieurs événements marquants et des manquements encore trop nombreux dans l’application des règles de sécurité sur le terrain. Enfin, dans le domaine de la maintenance, qui était jugé plutôt performant en 2022, l’ASN a constaté des difficultés de suivi et de réalisa‑ tion d’activités dans le contexte d’un programme industriel conséquent généré par les visites décennales des réacteurs, ce qui constituera un point de vigilance en 2024. En matière de radioprotection des travailleurs, l’ASN considère que les performances ont légèrement progressé par rapport à l’année 2022. Elle souligne l’engagement de l’exploitant dans ce domaine, mais relève qu’il se heurte à des difficultés chro‑ niques dans le respect des fondamentaux de la radioprotection, tels que le port des dosimètres, le respect des alarmes ou le non‑franchissement de balisages de zones contrôlées. L’ASN note favorablement la bonne maîtrise de la radioprotection lors des arrêts de réacteurs en 2023. Concernant la protection de l’environnement, l’ASN souligne les résultats obtenus par l’exploitant pour améliorer le fonc‑ tionnement de la station d’épuration des eaux usées, pour la maîtrise d’anciennes pollutions dans les sols et dans les nappes souterraines, et pour la diminution de ses rejets dif‑ fus de fluides frigorigènes à effet de serre. Toutefois, l’ASN a constaté la poursuite de pratiques d’exploitation inadéquates (manipulation d’acide en dehors des circuits prévus à cet effet) ayant entraîné des pollutions non radioactives ou des détournements des voies normales de rejets. L’ASN estime que l’exploitant doit améliorer ses pratiques d’exploitation et la maintenance des éléments importants pour la protection de l’environnement. Par ailleurs, l’ASN a adopté en 2023 deux décisions encadrant les prélèvements d’eau et les rejets d’effluents liquides et gazeux de la centrale nucléaire du Blayais. Ces nou‑ velles décisions actualisent les prescriptions de 2003 afin de prendre en compte les évolutions de la réglementation et le retour d’expérience des rejets d’effluents liquides et gazeux, conduisant à l’abaissement de certaines limites de rejets. En matière d’inspection du travail, l’ASN relève que les résultats s’améliorent en ce qui concerne la sécurité des travailleurs. L’ASN a constaté des situations à risque pour les travailleurs concernant la circulation et le risque de heurt entre un pié‑ ton et un engin, le travail en hauteur, ainsi que la survenue d’événements affectant la sécurité en lien avec les outillages électroportatifs. La prise en charge pour l’évacuation de per‑ sonnes blessées doit être améliorée et prise en compte le plus en amont possible lors de la préparation des chantiers. 80 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2023
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