Rapport de l'ASN 2023

Les opÉrations de reprise et de conditionnement des dÉchets anciens Contrairement aux déchets conditionnés directement en ligne, que produisent les nouvelles usines UP2‑800 et UP3-A de La Hague, la majeure partie des déchets produits par la première usine UP2‑400 ont été entreposés en vrac, sans conditionnement définitif. Les opérations de reprise de ces déchets sont complexes et nécessitent la mise en œuvre de moyens importants. Elles présentent des enjeux de sûreté et de radioprotection majeurs, que l’ASN contrôle particulièrement. La reprise des déchets contenus dans les entreposages anciens du site de La Hague constitue, en outre, un préalable aux opérations de démantèlement et d’assainissement de ces installations. Reprise et conditionnement des boues de STE2 La station STE2 servait à collecter les effluents de l’usine UP2‑400, à les traiter et à entreposer les boues de précipitation issues du traitement. Les boues de STE2 sont ainsi les précipités qui fixent l’activité radiologique contenue dans les effluents ; elles sont entreposées dans sept silos. Une partie des boues a été enrobée dans du bitume et conditionnée dans des fûts en acier inoxy‑ dable dans l’atelier STE3. À la suite de l’interdiction du bitumage par l’ASN en 2008, Orano a étudié d’autres modes de condi‑ tionnement pour les boues non conditionnées ou entreposées. Le scénario concernant la reprise et le conditionnement des boues de STE2 présenté en 2010 était découpé en trois étapes: • reprise des boues entreposées dans des silos de STE2 (INB 38); • transfert et traitement, initialement envisagé par séchage et compactage, dans STE3 (INB 118); • conditionnement des pastilles obtenues en colis « C5 », en vue du stockage en couche géologique profonde. L’ASN a autorisé la première phase de travaux pour la reprise des boues de STE2 en 2015. Le DAC de STE3 a été modifié par décret du 29 janvier 2016, afin de permettre l’implantation du procédé de traitement des boues de STE2. Fin 2017, Orano a cependant informé l’ASN que le procédé retenu pour le traitement des boues dans STE3 pouvait entraî‑ ner des difficultés pour l’exploitation et la maintenance des équipements. Orano a proposé un scénario alternatif par centrifugation et a transmis en août 2019 un dossier d’options de sûreté (DOS), qui repose cependant sur des hypothèses encore trop peu étayées. Une inspection réalisée fin 2019 a confirmé que le projet n’était pas suffisamment mûr pour que l’ASN puisse donner un avis sur ce DOS. En 2022, dans le cadre des échanges techniques menés entre Orano, l’ASN et l’IRSN, Orano s’est engagé sur une nou‑ velle feuille de route pour ce projet. Ainsi, Orano a abandonné le scénario de centrifugation et s’est engagé à mener en paral‑ lèle de nouvelles études visant d’une part à approfondir les solutions de traitement et de conditionnement des boues, et d’autre part, à mettre en place un entreposage intermédiaire (nouveaux silos) dans des conditions de sûreté satisfaisantes, permettant de dissocier la reprise et la mise en sûreté de ces boues, de leur conditionnement définitif. Orano a transmis à l’ASN le dossier d’options de sûreté associé à ce projet de création de nouveaux silos d’entreposage des boues (projet nommé «NABUCO») en décembre 2023. Silo 130 Le silo 130 est un entreposage enterré en béton armé, muni d’un cuvelage en acier noir utilisé pour l’entreposage à sec de déchets solides issus du traitement des combustibles des réacteurs «uranium naturel-graphite-gaz» (UNGG), ainsi que de déchets technologiques et de terres et gravats contaminés. Le silo a reçu des déchets de ce type à partir de 1973, jusqu’à son incendie en 1981, qui a contraint l’exploitant à noyer ces déchets. L’étanchéité du silo ainsi rempli d’eau n’est aujourd’hui assurée qu’au moyen d’une unique barrière de confinement, constituée d’une «peau» en acier. Par ailleurs, la structure du génie civil du silo 130 est fragilisée par son vieillissement et par l’incendie survenu en 1981. L’eau est en contact direct avec les déchets et peut contribuer à la corrosion du cuvelage en acier noir. Un des risques majeurs de cette installation concerne la dis‑ persion des substances radioactives dans l’environnement (infiltration de l’eau contaminée dans la nappe phréatique). L’étanchéité du silo 130 est notamment surveillée par un réseau de piézomètres situés à proximité. Un autre facteur pouvant compromettre la sûreté du silo 130 est lié à la nature des subs‑ tances présentes dans les déchets, comme le magnésium, qui est pyrophorique. L’hydrogène, gaz hautement inflammable, peut aussi être produit par des phénomènes de radiolyse ou de corrosion (présence d’eau). Ces éléments contribuent aux risques d’incendie et d’explosion. Le scénario de RCD comporte quatre étapes: • reprise et conditionnement des déchets UNGG solides; • reprise des effluents liquides ; • reprise et conditionnement des déchets UNGG résiduels et des boues de fond de silo; • reprise et conditionnement des terres et gravats. Orano a construit une cellule de reprise au‑dessus de la fosse contenant les déchets et un nouveau bâtiment dédié aux opé‑ rations de tri et de conditionnement. L’exploitant a validé la mise en service industrielle du procédé de reprise des déchets en 2022, à la suite des essais menés en 2020 et 2021. En termes quantitatifs, l’année 2023 a permis la reprise d’une cinquantaine de fûts de déchets supplémen‑ taires, ce sont ainsi environ 17% de la quantité totale de déchets qui ont été repris depuis le début des opérations en 2020. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2023 77 Le panorama régional de la sûreté nucléaire et de la radioprotection • NORMANDIE •

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