Rapport de l'ASN 2023

RÉGION Grand Est Les divisions de Châlons‑en‑Champagne et de Strasbourg contrôlent conjointement la sûreté nucléaire, la radioprotection et le transport de substances radioactives dans les 10 départements de la région Grand Est. En 2023, l’ASN a mené 180 inspections dans la région Grand Est, dont 63 dans les centrales nucléaires en exploitation, 12 dans les installations de stockage de déchets radioactifs et sur les sites des centrales nucléaires de Fessenheim et de Chooz A en démantèlement, 93 dans le domaine du nucléaire de proximité, huit concernant le transport de substances radioactives et quatre concernant des organismes ou laboratoires agréés. L’ASN a par ailleurs réalisé 17 journées d’inspection du travail dans les centrales nucléaires. Au cours de l’année 2023, 11 événements significatifs déclarés par les exploitants des installations nucléaires de la région Grand Est ont été classés au niveau 1 sur l’échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques (échelle INES), et un événement significatif a été classé au niveau 2. Dans le domaine du nucléaire de proximité, trois événements significatifs ont été classés au niveau 1 de l’échelle INES (deux dans le domaine industriel et un dans le domaine médical) et deux événements significatifs concernant des patients ont été classés au niveau 1 de l’échelle ASN‑SFRO. Enfin, dans le cadre de leurs missions de contrôle, les inspecteurs de l’ASN ont dressé un procès-verbal. CENTRALE NUCLÉAIRE DE CATTENOM La centrale nucléaire de Cattenom est située sur la rive gauche de la Moselle, à 5 km de la ville de Thionville et à 10 km du Luxembourg et de l’Allemagne. Elle comprend quatre réacteurs à eau sous pression (REP) d’une puissance unitaire de 1300mégawatts électriques (MWe) mis en service entre 1986 et 1991. Les réacteurs 1, 2, 3 et 4 constituent respectivement les installations nucléaires de base (INB) 124, 125, 126 et 137. L’ASN considère que les performances de la centrale nucléaire de Cattenom en matière de sûreté nucléaire et de protection de l’environnement rejoignent l’appréciation générale que l’ASN porte sur les centrales nucléaires d’EDF. En matière de radioprotection, la centrale nucléaire de Cattenom est jugée en retrait par rapport à la moyenne du parc. L’année 2023 a, comme 2022, constitué une année particulière compte tenu d’arrêts longs pour traiter la problématique de corrosion sous contrainte des circuits d’injection de sécurité. Sur le plan de l’exploitation et de la conduite des réacteurs, l’ASN considère que les performances restent satisfaisantes, comme les années précédentes. La gestion des compétences et la maîtrise de la réactivité sont jugées à un très bon niveau. En revanche, des faiblesses ont été notées sur la gestion des configurations des circuits et des consignations associées et sur la surveillance en salle de commande. En matière de maintenance, l’année 2023 a été marquée par des arrêts de réacteurs relativement longs et souvent conco‑ mitants. L’ASN note positivement la surveillance des activités de maintenance, notamment en lien avec la problématique de corrosion sous contrainte, ainsi que la bonne gestion des interventions fortuites réalisées lors des arrêts. Néanmoins, quelques non‑qualités de maintenance ont été relevées et des événements interrogent le caractère suffisant des essais menés sur certains équipements après des travaux, qui ne permettent pas de détecter les défauts de fonctionnement de manière exhaustive. La thématique de la prévention du risque d’incendie, pour laquelle des faiblesses ont été notées depuis plusieurs années, fait l’objet d’actions spécifiques de la part du site, qui ne per‑ mettent néanmoins pas d’éviter de nouveaux écarts, notam‑ ment relatifs aux entreposages. En matière de protection de l’environnement, le site a pro‑ gressé en 2023, avec en particulier une diminution du nombre d’événements en lien avec cette thématique. Néanmoins, des faiblesses demeurent sur la thématique du confinement des pollutions liquides, ainsi que dans le suivi d’installations spé‑ cifiques, notamment des déshuileurs, à l’origine d’un déver‑ sement d’hydrocarbures en 2022. Les émissions de fluides frigorigènes et la consommation de produits biocides sont toujours élevées, générant des rejets importants. En revanche, malgré un été chaud et sec, l’étiage de la Moselle a été bien maîtrisé et n’a pas eu d’impact sur le site. Dans le domaine de la radioprotection, l’ASN considère que le site est en retrait, notamment concernant la maîtrise de la contamination et des tirs radiographiques. Néanmoins, des améliorations ont été notées sur les accès en zones contrôlées orange et rouges en 2023, et sur l’ensemble de la thématique de la radioprotection sur le second semestre 2023, révélant une bonne prise de conscience par le site de ses fragilités. Enfin, en matière de sécurité au travail, l’ASN a noté positive‑ ment les efforts menés en matière de conformité et de sen‑ sibilisation, notamment sur le temps de travail et le travail dominical, bien que des progrès soient encore attendus. 56 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2023

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