Rapport de l'ASN 2023

de redonner du sens à ces démarches afin de maintenir l’intérêt des professionnels et de garder une dynamique collective. La répétition d’erreurs de cibles (en particulier d’erreurs de latéralité ou de positionnement), déclarées en 2023, rappelle à nouveau la nécessité d’évaluer régulièrement les barrières mises en place en tirant davantage parti du retour d’expérience dressé au niveau national. L’ASN insiste sur l’importance de l’analyse des risques a priori lors des changements techniques et organisationnels. À cet égard, l’ASN a partagé une méthodologie pour réaliser l’analyse des risques a priori dans son bulletin «La sécurité du patient» de septembre 2023. En curiethérapie, les inspections confirment une bonne prise en compte des règles de radioprotection mais l’effort de formation renforcée aux situations d’urgence en cas de blocage de source doit se maintenir dans la durée. L’ASN souligne les enjeux dans les années à venir liés au maintien des ressources et compétences nécessaires à cette activité. En médecine nucléaire, les inspections témoignent d’une prise en compte satisfaisante de la radioprotection tout en soulignant la nécessité de poursuivre le déploiement des démarches d’assurance de la qualité pour sécuriser le processus d’administration des médicaments, en particulier pour les procédures thérapeutiques, ainsi que pour celles concernant les enfants au regard des ESR déclarés. Par ailleurs, la formalisation de la coordination des mesures de prévention avec les entreprises extérieures (pour la maintenance, l’entretien des locaux, l’intervention de médecins libéraux, etc.), la formation des personnels et l’analyse des niveaux de référence diagnostiques (NRD) constituent toujours des axes de progrès. Dans le domaine des PIR et plus particulièrement au bloc opératoire, des non-conformités réglementaires persistent, au fil des années, s’agissant des règles techniques d’aménagement des installations, des exigences de formation à la radioprotection (formations travailleur et patient) et de la coordination des mesures de prévention lors de coactivité, notamment lors de l’intervention de praticiens libéraux. Ces écarts ont conduit l’ASN à mettre en demeure un établissement pour qu’il se mette en conformité avec les règles relatives à la formation à la radioprotection des professionnels et à l’aménagement des salles où des actes interventionnels sont réalisés. Par ailleurs, l’ASN constate que les centres recourent de plus en plus aux organismes compétents en radioprotection (OCR), soit en tant qu’intervenant spécialisé pour des missions d’appui à une PCR interne, soit en tant que conseiller en radioprotection, et que cette sous-traitance, dès lors qu’elle est insuffisamment maîtrisée, conduit à une dilution des responsabilités des responsables d’activités nucléaires (RAN) et à une moindre appropriation, voire une dégradation de la radioprotection. L’ASN poursuivra en 2024 ses inspections dans les secteurs prioritaires que sont la radiothérapie, la radiochirurgie, la médecine nucléaire, les PIR et la scanographie, dans la continuité des contrôles opérés en 2023. Une attention particulière sera portée aux signaux faibles précédemment mentionnés et aux points de fragilité identifiés en 2023 (formation, démarche de retour d’expérience des événements et enseignements des ESR déclarés, coordination des mesures de prévention lors de coactivité, mise en conformité des installations aux règles d’aménagement, maintenance), ainsi qu’à la mise en œuvre des obligations d’assurance de la qualité et de la maîtrise du changement. Si besoin, des inspections inopinées seront diligentées. 1. SimpleRad – EANM EARL – Research4Life : earl.eanm.org/simplerad/ En radiothérapie et en médecine nucléaire, sur la base des enseignements issus des ESR déclarés ces dernières années, des inspections spécifiques sur la maitrise du processus d’étalonnage des accélérateurs et la vérification de non-contamination seront conduites en 2024 par l’ASN en collaboration avec l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). S’agissant des PIR, l’ASN mènera des inspections ciblées auprès des praticiens libéraux qui, bien que n’étant pas RAN, ne détenant pas les équipements sur lesquels ils interviennent, ont des obligations de radioprotection pour eux-mêmes et en tant qu’employeur de personnels classés au titre des expositions aux rayonnements ionisants. Au plan réglementaire, l’ASN révisera en 2024 la décision n° 2019-DC-0667 du 18 avril 2019 fixant les valeurs de NRD pour mettre à jour les valeurs relatives aux actes de mammographie et poursuivra les travaux préparatoires à la révision de la décision n° 2008-DC-0095 du 29 janvier 2008 fixant les règles techniques auxquelles doit satisfaire l’élimination des effluents et des déchets contaminés par les radionucléides. Enfin, le déploiement des nouvelles techniques et pratiques en thérapie (radiothérapie, radiothérapie interne vectorisée – RIV) demeure un sujet de vigilance pour l’ASN, qui s’attachera à promouvoir toute action visant à mieux évaluer les enjeux de radioprotection et à permettre une meilleure démonstration de leurs avantages en comparaison avec les techniques existantes. À cet effet, l’ASN poursuivra ses travaux en lien avec les différents acteurs institutionnels du domaine de la santé, les sociétés savantes et en s’appuyant sur les groupes d’experts (GPE), en particulier le Comité d’analyse des nouvelles techniques et pratiques utilisant des rayonnements ionisants (Canpri), s’agissant notamment de la thérapie flash et de la radiothérapie adaptative. En médecine nucléaire, dans un contexte d’émergence de nouveaux vecteurs et radionucléides à des fins thérapeutiques, de projections de croissance du nombre de patients éligibles à ces nouveaux traitements avec des modalités de prise en charge en ambulatoire et d’infrastructures limitées, l’ASN souligne l’importance d’anticiper les enjeux de radioprotection pour le patient et son entourage, les travailleurs, ainsi qu’en matière d’aménagement des installations, de gestion des effluents et des déchets. Elle a saisi à cette fin le Groupe permanent d’experts en radioprotection (GPRP), suit les travaux européens menés dans le cadre du projet SimpleRad(1) et maintient un dialogue avec les acteurs de la médecine nucléaire pour rappeler le cadre réglementaire et examiner l’adéquation de celui-ci avec les évolutions. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2023 27 Les appréciations de l’ASN

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