Rapport de l'ASN 2023

Le 19 juin 2023, Orano a déposé une demande de modification du décret de création afin d’augmenter la capacité de production de l’usine Georges Besse II (INB 168) d’environ 30%. La demande est en cours d’instruction par l’ASN et fera l’objet d’une enquête publique en 2024. L’ASN souligne la qualité du dossier remis par Orano et des échanges techniques dans le cadre de son instruction. Orano devra veiller à ce que l’engagement de ressources dans les nouveaux projets, comme celui-ci, ne se fasse pas au détriment d’autres projets d’amélioration de fonctions supports ou du traitement du passif de substances radioactives entreposées sur le site, qui ne sont pas moins prioritaires. La reprise et le conditionnement des déchets anciens et le démantèlement sur le site de La Hague De nombreux déchets anciens à La Hague ne sont pas entreposés selon les standards de sûreté actuels et présentent des enjeux majeurs. La reprise et le conditionnement de ces déchets anciens (RCD) sont une étape clé pour l’avancement des démantèlements des usines définitivement arrêtées. Ainsi, l’ASN relève favorablement la décision d’Orano début 2023 de construire de nouveaux silos pour améliorer significativement les conditions d’entreposage des boues de l’ancienne station de traitement des effluents (INB 38) sans attendre de disposer du procédé de conditionnement final de ces boues. S’agissant de l’organisation et de la gestion de ces projets complexes, l’ASN note les avancées réalisées telles que l’appropriation des objectifs de démantèlement immédiat, le recours à l’évaluation de la maturité des projets ou le développement d’outils de pilotage de l’avancement des projets. L’ASN considère qu’Orano doit progresser dans la robustesse des scénarios de reprise et de traitement de déchets et dans la fiabilisation des procédés en exploitation de reprise des déchets afin de garantir les plannings des différents projets de RCD et de démantèlement annoncés. Les appréciations installation par installation Les appréciations de l’ASN sur chaque installation nucléaire sont détaillées dans les pages du Panorama régional de ce rapport. CEA La majorité des installations nucléaires de recherche françaises sont historiquement exploitées par le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). Si certaines contribuent toujours aux programmes de recherche scientifique et technique du CEA, un bon nombre d’entre elles sont désormais arrêtées et le CEA fait face à des défis importants pour mener à bien leur démantèlement et gérer les déchets historiques de manière satisfaisante. L’ASN considère que la sûreté des installations exploitées par le CEA reste maîtrisée, mais que les projets de démantèlement et de reprise et conditionnement des déchets anciens présentent toujours des résultats contrastés et restent exposés à des aléas majeurs. En effet, malgré le renforcement progressif des pratiques de pilotage des projets, la performance de mise en œuvre reste limitée par les moyens disponibles, et par les capacités opérationnelles des prestataires de la filière. Par ailleurs, la réalité opérationnelle des chantiers est presque systématiquement plus complexe que prévu, au point de remettre parfois en cause l’ensemble d’un projet, ou d’en reporter très significativement les échéances. L’ASN estime à cet égard que la maîtrise de ces projets demeure un point de vigilance. Enfin, l’ASN estime que l’organisation de gestion des situations d’urgence, ainsi que la surveillance des intervenants extérieurs, restent à améliorer. La stratégie de démantèlement et de gestion des matières et déchets du CEA Afin de suivre l’avancement des projets prioritaires pour la sûreté, les autorités et le CEA ont mis en place un reporting régulier et à haut niveau des échéances à plus fort enjeu de sûreté ; l’ASN souligne l’engagement des responsables du CEA dans le pilotage et le suivi de ces jalons. Le CEA a notamment poursuivi en 2023 l’évacuation d’un certain nombre de substances radioactives (effluents et combustibles usés) de ses installations à l’arrêt définitif, ce qui a contribué à en diminuer substantiellement les risques résiduels. L’ASN constate toutefois que, malgré une volonté affirmée du CEA de conduire les opérations de démantèlement des installations et de RCD, cet exploitant rencontre d’importantes difficultés à atteindre les échéances initialement fixées. Ces retards ont notamment pour origine des difficultés techniques ou contractuelles. Par ailleurs, l’ASN attire régulièrement l’attention du CEA sur certaines fragilités de sa stratégie de gestion des déchets et des effluents. En effet, celle-ci repose en large partie sur des installations uniques, donc sans alternative opérationnelle, dont chacune engage le bon déroulement des multiples projets qui y recourent. De surcroît, plusieurs de ces installations présentent des enjeux forts en matière de délais de mise en service (Diadem), de rénovation (INB 37-A) ou d’extension de capacités d’entreposage (Cedra), qui constituent autant de risques pour les projets qui en dépendent. 24 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2023 Les appréciations de l’ASN

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