Rapport de l'ASN 2022

Afin de s’assurer de l’avancement du traitement du passif de substances radioactives diverses entreposées sur le site, l’ASN a demandé à Orano de lui présenter annuellement l’état d’avancement de son plan d’action relatif au traitement de ces substances. Certaines opérations prévues avec la Russie ont été suspendues et des alternatives doivent être recherchées. Enfin, afin d’augmenter ses capacités d’enrichissement, Orano a initié en 2022 le projet d’extension de l’usine d’enrichisse ‑ ment Georges Besse II Nord qui fera l’objet de consultations du public dès 2023. L’ASN veillera également en 2023 à ce qu’Orano dispose et engage toutes les ressources utiles dans les nouveaux projets de construction, que ce soit pour augmenter ses capacités de production mais aussi pour améliorer certaines fonctions supports comme le projet AMC2 ou le traitement du passif de substances radioactives entreposées sur le site. Usines Orano de chimie de l’uranium TU5 et W L’INB 155, dénommée TU5, peut mettre en œuvre jusqu’à 2000 tonnes d’uranium par an, ce qui permet de traiter la totalité de l’UO2(NO3)2 issu de l’usine Orano de La Hague pour le convertir en U3O8 (composé solide stable permettant de garantir des conditions d’entreposage de l’uranium plus sûres que sous une forme liquide ou gazeuse). Une fois converti, l’uranium de retraitement est entreposé sur le site du Tricastin. L’usine W, située dans le périmètre de l’INB 155, permet quant à elle de traiter l’UF 6 appauvri, issu de l’usine d’enrichissement Georges Besse II, pour le stabiliser en U 3O8. L’ASN considère que les installations situées dans le périmètre de l’INB 155 sont exploitées avec un niveau de sûreté satis ‑ faisant. Bien que l’année 2022 ait été marquée par une forte baisse du nombre d’événements significatifs ou intéressants, l’ASN a été attentive au retour d’expérience (REX) de deux événements de contaminationde l’enceinte d’enfûtage de l’usine TU5. L’ASN sera vigilante en 2023 sur le maintien d’une bonne rigueurd’exploitationet examinera les conséquences sur l’usine W du projet d’augmentation de capacité de l’usine Georges Besse II Nord. Usines Orano de fluoration de l’uranium Conformément à la prescription de l’ASN, les installations de fluoration les plus anciennes ont été définitivement mises à l’arrêt en décembre 2017. Les installations arrêtées ont depuis été vidangées de la majorité de leurs subs - tances dangereuses et sont en phase de préparation au démantèlement. Le démantèlement de l’INB 105 est autorisé par le décret n° 2019-1368 du 16 décembre 2019. Les principaux enjeux associés sont liés aux risques de dissémination de substances radioactives, ainsi que d’exposition aux rayonnements ionisants et de criticité, en raison de substances uranifères résiduelles présentes dans certains équipements. Malgré une certaine stabilité d’exploitation en 2021, l’usine Philippe Coste, dont les installations sont classées Seveso seuil haut et remplacent celles de l’INB 105 (ex‑ Comurhex), a rencontré divers problèmes techniques en 2022. L’ASN considère néanmoins que cette usine est exploitée avec un niveau de sûreté satisfaisant. Pour les installations mises à l’arrêt, si les opérations de démantèlement ont effectivement commencé, l’ASN attend de l’exploitant qu’il se mobilise plus fortement pour assurer le reconditionnement, dans les délais impartis, des colis conte‑ nant des substances radioactives et dangereuses entreposés sur les aires 61 et 79. Usine d’enrichissement Georges Besse I Constituant l’INB 93, l’installation d’enrichissement de l’uranium Georges Besse I (Eurodif) était principalement composée d’une usine de séparation des isotopes de l’uranium par le procédé de diffusion gazeuse. À la suite de l’arrêt de la production de cette usine en mai 2012, l’exploitant a mis en œuvre, de 2013 à 2016, les opérations de « rinçage intensif suivi de la mise “en air” d’Eurodif » (opéra‑ tion « Prisme »), qui consistaient à effectuer des opérations de rinçage répétées des circuits de diffusion gazeuse avec du trifluorure de chlore (ClF3), une substance toxique et dan‑ gereuse. Ces opérations ont permis d’extraire la quasi‑totalité de l’uranium résiduel déposé dans les barrières de diffusion et sont désormais terminées. L’exploitant a déposé sa demande de mise à l’arrêt définitif et de démantèlement de l’installation en mars 2015. Le décret prescrivant à Orano de procéder aux opérations de démantè‑ lement de l’usine Georges Besse I a été publié le 5 février 2020. Les enjeux du démantèlement concernent notamment le volume important de déchets de très faible activité (TFA) pro‑ duits, dont 160000 tonnes de déchets métalliques qui font l’objet d’études spécifiques. En 2022, l’ASN a contrôlé diverses opérations de préparation au démantèlement comme le déplacement de matériels lourds, le regroupement d’aires à déchets ou des essais de découpe de matériels obsolètes en vue de qualifier les options des outils prévus pour la découpe des diffuseurs. Désormais, le principal risque résiduel de l’INB 93 est lié aux conteneurs d’UF6 des parcs d’entreposage, appartenant encore au périmètre de l’installation. Ces parcs devraient être rattachés à court terme aux parcs uranifères du Tricastin (INB 178). Usine d’enrichissement Georges Besse II Constituant l’INB 168, l’usine Georges Besse II est la nouvelle installation d’enrichissement du site depuis l’arrêt d’Eurodif. Elle met en œuvre la séparation des isotopes de l’uranium par le procédé de centrifugation. Les installations de l’usine ont présenté en 2022 un niveau de sûreté satisfaisant. Les technologies mises en œuvre dans l’installation permettent d’atteindre des objectifs de sûreté, de radioprotection et de protection de l’environnement élevés. L’ASN considère que l’exploitant suit bien ses engagements envers l’ASN. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2022 43 Le panorama régional de la sûreté nucléaire et de la radioprotection • AUVERGNE‑RHÔNE‑ALPES •

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