Un été marqué par une canicule et une sécheresse exceptionnelles qui n’ont pas eu d’impact sur la sûreté nucléaire L’été 2022 a été marqué par une canicule et une sécheresse exceptionnelles qui ont conduit l’ASN, pour la première fois depuis 2003, à prendre des décisions permettant de déroger aux prescriptions de rejets thermiques et de maintenir en fonction‑ nement cinq réacteurs. Cette situation n’a pas eu de conséquence sur la sûreté nucléaire. La surveillance de l’environnement a été spécifiquement renfor‑ cée pour être en mesure de détecter au plus tôt une éventuelle dégradation du milieu. Le premier bilan de cette surveillance, réalisé fin 2022, n’a pas mis en évidence d’impact sur l’environnement à l’aval des installations. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la fréquence des épisodes extrêmes de cet été pourrait être doublée voire triplée à l’horizon 2050. La gestion de leurs conséquences nécessitera une consolidation des connaissances scientifiques sur les conséquences environnementales des rejets et des prélèvements en eau, ainsi qu’une anticipation des enjeux globaux à long terme. Un contexte de guerre en Ukraine qui fragilise les responsabilités en matière de sûreté Concernant la situation des installations nucléaires en Ukraine, l’ASN a privilégié, avec ses homologues euro‑ péennes, une évaluation commune des conséquences radiologiques d’un éventuel scénario accidentel. Les travaux de renforcement des installations nucléaires à la suite de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima (Japon) ont contribué à renforcer la robus‑ tesse de la centrale nucléaire de Zaporijia (Ukraine), notamment pour ce qui concerne le risque de perte des alimentations électriques externes. Toutefois, les installations nucléaires ne sont pas conçues pour résis‑ ter à des actes de guerre. L’ASN estime qu’il est fondamental qu’en toute cir‑ constance l’exploitant d’une installation puisse assu‑ rer son rôle de premier responsable de la sûreté, notamment en maîtrisant la chaîne de décision, et que les opérateurs puissent agir sans subir de pres‑ sion physique et psychologique, à la fois pour la gestion de la sûreté au quotidien ou face à une éven‑ tuelle situation accidentelle. De plus, l’ASN rappelle que l’Autorité de sûreté nucléaire ukrainienne (State Nuclear Regulatory Inspectorate of Ukraine – SNRIU), légalement chargée du contrôle de la sûreté nucléaire, doit être à même d’exercer sa mission sans entrave. La mise en service de l’EPR qui reste conditionnée aux dernières étapes à franchir EDF s’est fortement mobilisée sur le site de Flamanville en 2022 dans les dernières activités à réaliser avant la mise en service, pour la requalification de l’installation après les modifications et les réparations effectuées. Toutefois, l’ASN souligne qu’un travail important reste à faire, en amont de la mise en service, pour réaliser la dernière campagne d’essais à chaud sur site et par ail‑ leurs, pour terminer les justifications de la conformité des équipements sous pression nucléaires. À la demande de l’ASN, EDF a réalisé des analyses approfondies afin d’identifier les causes des anomalies affectant le combustible et le cœur constatées dans les premiers réacteurs EPR à l’étranger, ainsi que leurs conséquences sur la sûreté. En particulier, EDF a tiré les enseignements sur la conception des assemblages de combustible, qui seront intégrés à partir du pre‑ mier chargement en réacteur, pour prévenir le risque de perte d’intégrité du combustible. Par ailleurs, EDF étudie la conception d’un dispositif afin de se prému‑ nir des phénomènes hydrauliques constatés dans les premiers réacteurs. L’ASN rappelle que des analyses sont encore néces‑ saires pour justifier la conception de certains équi‑ pements importants pour la sûreté, notamment la fiabilité des soupapes du pressuriseur, ainsi que la per‑ formance de la filtration de l’eau réinjectée depuis le fond du bâtiment réacteur en situation d’accident. Des projets de petits réacteurs innovants qui soulèvent des questions de sûreté inédites Dans le contexte d’objectif de production d’énergie décarbonée, les Small Modular Reactors (SMR) font l’objet d’un fort engouement dans le monde, notam‑ ment des pays non nucléarisés. Cet engouement ne doit pas occulter les questions de sécurité et de sûreté nucléaires qui se posent pour ces réacteurs. Elles doivent être placées au même niveau que les préoc‑ cupations de production d’électricité décarbonée. En particulier, le déploiement de ces petits réacteurs pour différents usages pourrait conduire à leur implanta‑ tion dans des zones industrielles ou des aggloméra‑ tions, soulevant des questions spécifiques comme la maîtrise, par l’exploitant, des risques de malveillance et de prolifération des matières nucléaires. … 4 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2022 Éditorial du collège
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