Rapport de l'ASN 2022

Cette démarche générique a été soumise à l’avis du Groupe permanent d’experts pour les équipements sous pression nucléaires (GPESPN) le 20 novembre 2018, le 15 octobre 2019 et le 8 septembre 2020. L’examen du GPESPN a porté sur les défauts analysés, l’estimation du vieillissement sous irradiation du métal de la cuve, les analyses thermomécaniques, les études d’évaluation des marges vis‑à‑vis du risque de rupture brutale, le classement des transitoires de petites brèches primaires et la justification du niveau de contraintes résiduelles dans les soudures circulaires des viroles de cœur. Les études réalisées ainsi que les compléments apportés à la demande du GPESPN permettent de conclure favorablement sur la capacité des cuves à fonctionner dix années supplémentaires, sous réserve du résultat des examens réalisés à l’occasion de la quatrième visite décennale des réacteurs concernés. Les coudes moulés Le dossier établi par EDF a fait l’objet d’une instruction par l’ASN et d’un avis du GPESPN le 23 mai 2019. À l’issue de cette analyse, l’ASN a formulé des demandes de justifications complémentaires à EDF sur la prévision du comportement du matériau vieilli, la connaissance des défauts présents dans les coudes, les analyses des marges vis‑à‑vis de la rupture brutale et le suivi en service de ces composants. EDF a fourni des notes de justification pour certaines typologies de coudes et la stratégie de remplacement envisagée pour d’autres. La situation de certains coudes difficilement remplaçables fait l’objet de développements techniques en matière d’essais non destructifs. La restauration des propriétés mécaniques de ces coudes via une régénération thermique a fait l’objet d’études au cours des derniers mois sans aboutir à ce stade à un procédé industriel. Les zones en alliage à base de nickel EDF a actualisé en 2018 son analyse des zones en alliage à base de nickel en réalisant un état des lieux de la conception, une évaluation du risque d’amorçage de la corrosion sous contrainte, une analyse du REX aux niveaux national et international, un bilan des analyses mécaniques et des études de sûreté, un inventaire des procédés de réparation et de contrôle disponibles, ainsi qu’une mise à jour de sa stratégie de maintenance. Ce dossier a été examiné conjointement par l’ASN et l’IRSN, puis présenté au GPESPN lors de sa séance du 26 novembre 2020. Le travail d’actualisation mené par EDF est satisfaisant. Toutefois, EDF doit apporter davantage de garanties sur la capacité des examens non destructifs à permettre une détection précoce des éventuelles dégradations, en particulier en ce qui concerne les pénétrations de fond de cuve. À ce titre, EDF a transmis des éléments techniques répondant à cette demande et a en particulier engagé le développement d’un nouvel examen non destructif qui devrait être mis en œuvre dès 2026. Les générateurs de vapeur La situation des GV est restée un point de vigilance pour l’ASN en 2022. Les constats de niveaux d’encrassement importants dans certains GV, susceptibles d’altérer la sûreté de leur fonctionnement, amènent la programmation d’interventions de nettoyages préventifs en 2023 et dans les années qui suivent. La maintenance en vue de garantir un état de propreté satisfaisant a été insuffisante par le passé et doit être une priorité. La stratégie de contrôle de la partie secondaire des GV déployée par EDF a été revue mi-2020 afin de mieux prévenir ces situations. Des opérations de remplacement de GV sont planifiées au rythme d’un réacteur par an dans les années à venir à partir de 2024. Le percement régulier de tubes de GV, qui font l’objet d’une stratégie pluriannuelle de contrôle et de bouchage par EDF, confirme la nécessité d’adapter le niveau d’exigence du suivi en service. Par ailleurs, la mise en œuvre de la réparation dans un tube «doigt de gant» d’un GV du réacteur 1 de Nogent-sur-Seine à la suite de la détection d’un effet chaudière illustre la nécessité d’anticipation du développement des procédés de réparation. Les tuyauteries auxiliaires du circuit primaire principal De nombreuses fissures liées à de la corrosion sous contrainte ont été découvertes, en particulier sur les tuyauteries RIS et RRA des réacteurs de 1450 MWe et de 1300 MWe de type P’4, à proximité immédiate de certaines soudures. Elles ont conduit à de très nombreuses expertises destructives et réparations. Un programme de contrôle et de réparation est prévu sur les années à venir (voir « Faits marquants » en introduction de ce rapport). 2.3 Les enceintes de confinement 2.3.1 Les enceintes de confinement Les enceintes de confinement, qui constituent la troisième barrière de confinement, font l’objet de contrôles et d’essais destinés à vérifier leur conformité aux exigences de sûreté. En particulier, leur comportement mécanique doit garantir une bonne étanchéité du bâtiment réacteur si la pression à l’intérieur de celui‑ci venait à dépasser la pression atmosphérique, ce qui peut survenir dans certains types d’accident. C’est pourquoi ces essais comprennent, à la fin de la construction, puis lors des visites décennales, une montée en pression de l’enceinte interne avec une mesure du taux de fuite. Ces essais sont imposés par l’arrêté du 7 février 2012 fixant les règles générales relatives aux installations nucléaires de base – INB (arrêté INB). D’autres matériels participent à la fonction de confinement, tels que les accès à l’intérieur de l’enceinte de confinement (dénommés sas et tampon matériel), le circuit de mise en dépression de l’espace inter-enceinte des enceintes de confinement à double paroi ou le circuit de ventilation de la salle de commande. EDF a engagé depuis 2014 un plan d’action afin de garantir, compte tenu des évolutions des réacteurs depuis leur construction, que les débits des systèmes de ventilation répondent aux exigences de sûreté requises à la fois pour le confinement et pour le conditionnement thermique des installations. Le plan d’action est déployé, réacteur par réacteur, sur tous les systèmes de ventilation concernés, et inclut un état des lieux de l’état des matériels et des gaines. EDF procède, le cas échéant, à des remises en état et des améliorations ainsi qu’au réglage des débits de ventilation. 2.3.2 L’évaluation des enceintes de confinement Gestion globale de la fonction de confinement Dans son ensemble, la fonction de confinement fait l’objet d’une gestion assez satisfaisante de la part d’EDF. L’ASN constate toutefois des indisponibilités ponctuelles mais répétées affectant certains matériels participant à la fonction de confinement. Ces indisponibilités concernent notamment le système d’étanchéité et de contrôle de l’enceinte et le système de ventilation de la salle de commande. Ces indisponibilités ont fait l’objet d’échanges avec EDF en 2022 afin d’en identifier les causes profondes. Ces échanges se poursuivront en 2023 afin de vérifier la pertinence des actions envisagées par EDF pour réduire ces indisponibilités. EDF a lancé un plan d’action national en 2014 afin de s’assurer que les débits de ventilation sont conformes aux débits requis de sûreté, et d’engager les modifications appropriées si besoin. La dernière phase de ce plan d’action national intègre un programme visant à s’assurer de la pérennité des réglages réalisés. L’examen de la pertinence de ce programme par l’ASN est en cours, et fera l’objet d’une prise de position. 300 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2022 • 10 • Les centrales nucléaires d’EDF 10

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