Rapport de l'ASN 2022

À la demande de l’ASN, EDF a adopté une approche globale de surveillance et de maintenance pour les zones concernées. Plusieurs zones du circuit primaire en alliage Inconel 600 font ainsi l’objet d’un contrôle particulier. Pour chacune d’elles, le programme de contrôle en service, défini et mis à jour annuellement par EDF, est soumis à l’ASN qui vérifie que les performances et la fréquence des contrôles mis en place sont satisfaisantes pour détecter les dégradations redoutées. Les générateurs de vapeur Les GV sont composés de deux parties, l’une appartenant au CPP et l’autre au CSP. L’intégrité des principaux éléments constitutifs des GV est surveillée, tout particulièrement celle des tubes qui constituent le faisceau tubulaire. En effet, une dégradation du faisceau tubulaire (corrosion, usure, fissure, etc.) peut créer une fuite du circuit primaire vers le circuit secondaire. La rupture de l’un des tubes du faisceau conduirait à contourner l’enceinte de confinement du réacteur, qui constitue la troisième barrière de confinement. Les GV font donc l’objet d’un programme spécifique de surveillance en exploitation, établi par EDF, révisé périodiquement et examiné par l’ASN. À la suite des contrôles, les tubes présentant des dégradations trop importantes sont bouchés pour être mis hors service. Les GV ont tendance à s’encrasser au cours du temps en raison des produits de corrosion issus des échangeurs du circuit secondaire. Sur les tubes, la couche de dépôt de produits de corrosion (encrassement) diminue l’échange thermique. Au niveau des plaques entretoises, les dépôts empêchent la libre circulation du mélange eau‑vapeur (colmatage), ce qui crée un risque d’endommagement des tubes et des structures internes et peut dégrader le fonctionnement global du GV. Pour minimiser cet encrassement, diverses solutions peuvent être mises en œuvre et permettent de limiter les dépôts métalliques : nettoyages chimiques préventifs ou nettoyages mécaniques curatifs (lançages à l’aide de jets hydrauliques), remplacement du matériau (laiton par acier inoxydable ou alliage de titane, plus résistants à la corrosion) de certains faisceaux tubulaires d’échangeurs du circuit secondaire, modification des produits chimiques de conditionnement des circuits et augmentation du pH du circuit secondaire. Certaines de ces opérations nécessitent l’obtention d’une autorisation car elles impliquent des rejets de certains produits mis en œuvre. Certains procédés de nettoyage chimique font encore l’objet d’essais visant à confirmer l’innocuité des produits chimiques employés. Depuis les années 1990, EDF conduit un programme de remplacement des GV constitués des faisceaux tubulaires les plus dégradés. La campagne de remplacement des GV de 26 réacteurs dont le faisceau tubulaire est en alliage Inconel 600 non traité thermiquement s’est achevée. Elle se poursuit par les remplacements des GV des 26 réacteurs dont le faisceau est en alliage Inconel 600 traité thermiquement. 2.2.4 L’évaluation des équipements sous pression nucléaires en exploitation Les cuves des réacteurs L’ASN émet des procès‑verbaux à la suite des contrôles effectués à chaque visite décennale sur les circuits primaires, et en particulier les cuves, qui sont soumis lors de ces arrêts à de nombreux contrôles et à une épreuve hydraulique. Lors de la phase générique du quatrième réexamen périodique des réacteurs de 900 MWe, EDF a justifié la résistance en service des cuves de ces réacteurs jusqu’à leur cinquième réexamen. La démarche générique mise en place par EDF consiste à considérer, suivant une approche enveloppe, les propriétés mécaniques issues de la cuve présentant la fragilisation sous irradiation la plus pénalisante. EDF a réalisé des études de résistance à la rupture brutale en tenant compte de l’évolution des caractéristiques des matériaux et mène des contrôles pour s’assurer de l’absence de défaut préjudiciable dans l’acier lors de la visite décennale de chaque réacteur. LES PRINCIPES DE LA DÉMONSTRATION DE LA RÉSISTANCE EN SERVICE DES CUVES La réglementation en vigueur impose notamment à l’exploitant : ཛྷ d’identifier les situations de fonctionnement ayant un impact sur la cuve; ཛྷ de prendre des mesures afin de connaître l’effet du vieillissement sur les propriétés des matériaux; ཛྷ de mettre en œuvre les moyens lui permettant de détecter suffisamment tôt les défauts préjudiciables à l’intégrité de la structure ; ཛྷ d’éliminer toute fissure détectée ou, en cas d’impossibilité, d’apporter une justification spécifique appropriée au maintien en l’état d’un tel type de défaut. DÉFAUTS DE SUIVI EN SERVICE DES DISPOSITIFS AUTOBLOQUANTS DES TUYAUTERIES DU CIRCUIT PRIMAIRE PRINCIPAL Les dispositifs autobloquants sont des équipements placés entre l’ancrage dans le génie civil et une tuyauterie ou un composant. Ces dispositifs sont destinés à limiter les mouvements brusques indésirables. Ils autorisent ainsi les mouvements lents du composant fixé en n’opposant aucune résistance aux déplacements d’origine thermique, par exemple lors de la remise en service du réacteur. En revanche, ils bloquent les mouvements rapides accidentels tels que ceux liés à un séisme, à une ouverture de soupape ou à une rupture. Les dispositifs autobloquants doivent faire l’objet de contrôles réguliers, afin de s’assurer qu’ils sont en bon état et qu’ils ne sont pas bloqués ou mal réglés, ce qui pourrait les conduire à ne pas jouer leur rôle lorsqu’ils sont sollicités ou à dégrader les composants en fonctionnement normal. Lors d’une inspection sur le site de Saint-Laurent-des-Eaux, les inspecteurs de l’ASN ont détecté que le réglage de nombreux dispositifs autobloquants fixés sur les tuyauteries du circuit primaire comportait des valeurs hors tolérances, sans que cela n’ait été identifié par EDF. L’ASN a alors décidé de réaliser un état des lieux national afin de vérifier si ces équipements étaient correctement suivis. Cette action a mis en évidence le caractère généralisé des non-conformités et des lacunes importantes dans le suivi des dispositifs autobloquants. L’ASN a demandé à EDF de prendre les mesures nécessaires pour corriger rapidement les écarts identifiés et de mettre en place un plan d’action pour améliorer le suivi de ces équipements. EDF a déclaré un événement significatif à caractère générique à la suite de ces inspections. En effet, ces non-conformités pourraient conduire en cas de sollicitation sismique ou transitoire dynamique à des contraintes sur les composants et entraîner dans le cas le plus défavorable une brèche sur les lignes concernées. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2022 299 • 10 • Les centrales nucléaires d’EDF 10 05 01 07 08 13 AN 04 06 12 14 03 09 11 02

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