1. Les flux de transport de substances radioactives Les marchandises dangereuses susceptibles d’être transportées sont réparties par la réglementation en neuf « classes », en fonction de la nature du risque associé (par exemple : matières explosibles, toxiques, inflammables, etc.). La classe 7 correspond aux substances radioactives. Le transport de substances radioactives se distingue par sa grande diversité. Les colis de substances radioactives peuvent peser de quelques centaines de grammes à plus de 100 tonnes et l’activité radiologique de leur contenu peut s’étendre de quelques milliers de becquerels à des milliards de milliards de becquerels pour les colis de combustibles nucléaires irradiés. Les enjeux de sûreté sont également très variés. La très grande majorité des colis présente individuellement des enjeux de sûreté limités, mais une faible part des colis présente de très forts enjeux de sûreté. Environ 770 000 transports de substances radioactives ont lieu chaque année en France. Cela correspond à environ 980000 colis de substances radioactives, ce qui représente quelques pourcents du total des colis de marchandises dangereuses transportés chaque année en France. La très grande majorité des transports sont effectués par route, mais quelques-uns ont également lieu par voies ferrée, maritime et aérienne (voir tableau 1). Ces transports concernent trois secteurs d’activité : l’industrie non nucléaire, le secteur médical et l’industrie nucléaire (voir graphique 1). Une majorité des colis transportés sont à destination de l’industrie ou de la recherche, non nucléaire : il s’agit le plus souvent d’appareils contenant des sources radioactives qui ne sont pas utilisés à poste fixe et doivent donc être transportés très fréquemment. On peut, par exemple, citer les appareils de détection de plomb dans les peintures, utilisés pour les diagnostics immobiliers, ou les appareils de gammagraphie utilisés pour détecter par radiographie des défauts dans les matériaux. Les déplacements vers les différents chantiers expliquent le très grand nombre de transports pour l’industrie non nucléaire. Les enjeux de sûreté sont très variables ; en effet, la source radioactive contenue dans les détecteurs de plomb a une très faible activité radiologique, alors que celle contenue dans les appareils de gammagraphie a une activité nettement plus élevée. Environ un tiers des colis transportés sont utilisés dans le secteur médical : il s’agit de fournir les centres de soins en sources radioactives, par exemple des sources scellées utilisées en radiothérapie ou des produits radiopharmaceutiques, et d’en évacuer les déchets radioactifs. L’activité des produits radiopharmaceutiques décroît rapidement (par exemple, la période radioactive du fluor‑18 est proche de 2 heures). Par conséquent, ces produits doivent être très régulièrement acheminés vers les services de médecine nucléaire, ce qui occasionne un nombre élevé de transports, dont la bonne réalisation est critique pour la continuité des soins. La plupart de ces produits ont des activités faibles ; néanmoins, une petite proportion d’entre eux, comme les sources utilisées en radiothérapie ou les sources irradiées servant à la production du technétium (utilisé en imagerie médicale), présente des enjeux de sûreté significatifs. Enfin, 12 % des colis transportés en France sont en lien avec l’industrie nucléaire. Cela représente environ 19 000 transports annuels pour 114 000 colis. Ces transports sont nécessaires au fonctionnement du « cycle du combustible », du fait de la répartition des différentes installations et des centrales nucléaires sur le territoire national (voir carte ci‑après). Suivant l’étape du « cycle », la forme physico‑chimique et l’activité radiologique des substances varient fortement. Les transports à très forts enjeux de sûreté sont notamment les transports d’hexafluorure d’uranium (UF6) enrichi ou non (dangereux notamment du fait des propriétés toxiques et corrosives du fluorure d’hydrogène formé par l’UF6 au contact de l’eau), les évacuations de combustibles irradiés en direction de l’usine de retraitement de La Hague et les transports de certains déchets nucléaires. Parmi les transports liés à l’industrie nucléaire, on dénombre annuellement environ : ∙ 200 transports organisés pour acheminer les combustibles irradiés des centrales électronucléaires exploitées par EDF vers l’usine de retraitement Orano Recyclage de La Hague ; ∙ une centaine de transports de plutonium sous forme d’oxyde entre l’usine de retraitement de La Hague et l’usine de production de combustible de Melox, située dans le Gard ; ∙ 250 transports d’UF6 servant à la fabrication du combustible ; ∙ 400 transports de combustible neuf à base d’uranium et une cinquantaine de transports de combustible neuf « MOX » (Mélange d’OXydes) à base d’uranium et de plutonium ; GRAPHIQUE Proportion des colis transportés par domaine d’activité en % 1 0 10 20 30 40 50 60 Industrie et recherche non nucléaire Médical Industrie nucléaire Le transport de substances radioactives constitue un secteur particulier du transport de marchandises dangereuses, caractérisé par les risques liés à la radioactivité. Le champ du contrôle de la sûreté du transport de substances radioactives couvre de nombreux domaines d’activité dans les secteurs industriels, médicaux et de la recherche. Il s’appuie sur une réglementation internationale exigeante. 274 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2022 • 09 • Le transport de substances radioactives
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