Rapport de l'ASN 2022

La récurrence des écarts observés depuis plusieurs années sur la mise en place et la signalisation de la zone d’opération a amené l’ASN à adresser, en 2021, un courrier circulaire à l’ensemble de la profession lui demandant notamment de renforcer sa vigilance sur ce point. L’ASN rappelle également que, dans le cas de la gammagraphie, l’approche du projecteur avec un appareil de mesure, afin de s’assurer que la source radioactive est bien en position de sécurité dans celui‑ci, est indispensable. Il est encore trop souvent constaté que ce contrôle n’est pas réalisé ou qu’il n’est pas fait jusqu’au nez du projecteur (raccord entre le projecteur et la gaine d’éjection), ce qui pourrait entraîner des expositions importantes des opérateurs en cas de défaillance matérielle. Par ailleurs, l’ASN constate que la qualité des dossiers techniques qu’elle est amenée à instruire, dans le cadre de la préparation ou des suites d’inspections et lors des demandes d’autorisation qui lui sont adressées, est hétérogène. Les entreprises doivent notamment être plus vigilantes sur les rapports établissant la conformité de leurs installations aux référentiels techniques appropriés. L’ASN relève encore trop souvent des erreurs, notamment lorsque la réalisation de ces rapports a été sous‑traitée, erreurs conduisant parfois à des non‑conformités. L’ASN juge les risques d’incidents et les doses reçues par les travailleurs globalement bien maîtrisés par les entreprises, lorsque cette activité est réalisée dans une installation conforme à la réglementation applicable. La France offre un bon maillage d’installations fixes de radiographie industrielle. En effet, il y a en 2022 : ∙ 96 installations de gammagraphie autorisées (36 installations de gammagraphie et 60 installations mixtes, c’est‑à‑dire pouvant accueillir soit des gammagraphes, soit des appareils électriques émettant des rayonnements X) ; ∙ 493 installations de radiographie par rayonnements X autorisées (421 installations mettant en œuvre des appareils électriques, 60 installations mixtes et 12 installations mettant en œuvre des accélérateurs). GAMMAGRAPHIE : DES ACCIDENTS GRAVES À L’ÉTRANGER En France, les accidents en gammagraphie restent limités en nombre et en conséquences depuis mars 1979, où un accident avait conduit à l’amputation de la jambe d’un ouvrier qui avait ramassé et mis dans sa poche une source d’iridium-192 de 518 GBq. Cet incident avait entraîné un renforcement de la réglementation en vigueur à l’époque. Ceci ne doit pas être perçu comme un acquis. L’ASN exerce une veille sur les accidents survenus à l’étranger qui ont parfois eu des effets graves. Dans les dernières années, parmi les exemples dont l’ASN a eu connaissance et qui confirment les risques auxquels des actions inappropriées peuvent exposer les opérateurs : ཛྷ en 2022, aux États‑Unis, une équipe de trois opérateurs d’une société de contrôle non destructif procédait à des tirs de gammagraphie. Un des opérateurs se trouvait à proximité de la source de cobalt-60 lorsqu’elle a été éjectée par son collègue qui n’avait pas de visuel direct. Étant donné l’environnement très sonore du chantier, l’opérateur n’a pas entendu l’alarme de ses appareils de mesure et a été exposé pendant environ une minute à une dose de 55 millisieverts (mSv) ; ཛྷ en 2022, en Belgique, un radiologue a été exposé (14 mSv corps entier, dose extrémité non précisée) à une source de sélénium-75 pendant un bref instant (60 à 90 secondes) lorsqu’il a voulu déconnecter le collimateur de l’appareil alors que la source y était encore présente. L’alarme de son dosimètre opérationnel n’a pas fonctionné car celui‑ci n’avait plus de pile ; de plus, l’opérateur n’était pas muni de son radiamètre. C’est l’alarme du dosimètre opérationnel de son assistant qui s’est déclenchée lorsque celui‑ci s’est approché de la source, qui a permis d’identifier l’incident ; ཛྷ en 2022, en Hongrie, un opérateur a été exposé lors de la manipulation du collimateur et de la gaine d’éjection, à environ 134 mSv, la source de sélénium-75 n’étant pas rentrée en position de sécurité dans le projecteur; ཛྷ en 2021, aux États‑Unis, un employé d’une société de contrôle non destructif a été exposé à une dose de 70 mSv (corps entier) alors qu’il procédait à des tirs de gammagraphie au sein d’une installation dédiée. Les procédures en vigueur au moment de cet accident permettaient la présence de l’opérateur à l’intérieur de l’installation, même lorsque la source était en position d’irradiation. L’employé d’une autre société de contrôle non destructif a été exposé à une dose de 93 mSv (corps entier) en manipulant un projecteur de gammagraphie défaillant dont la source n’était pas en position de sécurité. Ces deux événements ont été classés au niveau 2 de l’échelle INES ; ཛྷ en 2021, en Serbie, une source d’iridium-192 s’est décrochée du câble de télécommande lors d’un contrôle non destructif réalisé en extérieur. Les deux opérateurs n’ont pas vérifié le bon retour de la source en position de sécurité à la fin du contrôle et ne se sont aperçus de son absence qu’à leur retour dans leur société. La source a été retrouvée le lendemain après intervention d’un laboratoire spécialisé. Les deux opérateurs ont été exposés à des doses de 451 mSv et de 960 mSv; ཛྷ en 2021, en Espagne, deux employés d’une société de contrôle non destructif ont été exposés en accédant à un bunker de gammagraphie, alors que la source d’iridium-192 n’était pas en position de sécurité (source bloquée). Le dosimètre à lecture différée du premier employé a indiqué une dose d’environ 70 mSv, et d’environ 3 sieverts (Sv) pour le second. L’événement a été classé au niveau 2 de l’échelle INES ; ཛྷ en 2020 aux États‑Unis, un radiologue et deux aides radiologues effectuant des contrôles non destructifs dans une unité de production d’asphalte ont été exposés à des doses corps entier de 636, 104 et 26 millisieverts (mSv) en tentant de réintégrer la source dans le projecteur de gammagraphie alors que la gaine d’éjection avait été écrasée lors de la chute d’un support provenant d’une cuve de stockage. L’événement a été classé au niveau 2 de l’échelle INES; ཛྷ en 2019, en Espagne, un employé d’une société de contrôle non destructif a été exposé à environ 200 mSv (corps entier) en accédant à un bunker de gammagraphie alors que la source d’iridium-192 n’était pas en position de sécurité. Le dispositif d’asservissement de l’ouverture de porte permettant d’interdire l’accès au bunker en cas d’émission de rayonnements ionisants n’a pas fonctionné en raison de la défaillance du système de mesure de l’ambiance radiologique. L’événement a été classé au niveau 2 de l’échelle INES. La même année, un accident similaire a eu lieu en Allemagne: deux employés ont été respectivement exposés à 100 et 30 mSv (corps entier) en accédant à un bunker de gammagraphie alors que la source d’iridium-192 n’était pas en position de sécurité et que la vérification de l’ambiance radiologique n’avait pas été effectuée. L’événement a été classé au niveau 2 de l’échelle INES. Les données antérieures à 2019 sont consultables dans les éditions précédentes de ce rapport annuel. Ces éditions sont disponibles sur asn.fr, rubriques «L’ASN informe», « Publications », « Rapports de l’ASN ». 260 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2022 08 • 08 • Les sources de rayonnements ionisants et les utilisations industrielles, vétérinaires et en recherche de ces sources

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