1. Radioprotection et utilisations médicales des rayonnements ionisants 1. La radiothérapie interne vectorisée vise à administrer un médicament radiopharmaceutique dont les rayonnements ionisants délivrent une dose importante à un organe cible dans un but curatif ou palliatif. 1.1 Les différentes catégories d’activité On distingue les activités nucléaires à finalité diagnostique comme la scanographie, la radiologie conventionnelle, la radiologie dentaire et la médecine nucléaire diagnostique, les pratiques interventionnelles utilisant les rayonnements ionisants (pratiques interventionnelles radioguidées – PIR), qui regroupent différentes techniques utilisées principalement pour des actes médicaux ou chirurgicaux invasifs, à but diagnostique, préventif ou thérapeutique et les activités à finalité thérapeutique, en majorité dédiées au traitement de cancer, comme la radiothérapie externe, la curiethérapie et la radiothérapie interne vectorisée(1). Ces différentes activités, avec les techniques utilisées, sont présentées aux points 2.1 à 2.6. 1.2 Les situations d’exposition en milieu médical 1.2.1 L’exposition des professionnels Les professionnels du milieu médical sont soumis en particulier au risque d’exposition externe, générée par les dispositifs médicaux (appareils contenant des sources radioactives, générateurs de rayons X ou accélérateurs de particules) ou par des sources scellées ou non scellées. En cas d’utilisation de sources non scellées, le risque de contamination doit également être pris en compte dans l’évaluation des risques (en médecine nucléaire et en laboratoire de biologie). Selon les données collectées en 2021 par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), le domaine médical et vétérinaire regroupe la majorité des effectifs suivis : 60 %, soit 234 284 personnes, ont fait l’objet d’une surveillance dosimétrique de leur exposition. La dose individuelle moyenne annuelle est de 0,27 millisievert (mSv). Cette dose est relativement stable sur la période 2015‑2021 à l’exception de l’année 2020 où une baisse de 17 % a été constatée due à la pandémie de Covid-19. L’analyse de la répartition des effectifs en fonction de leur niveau d’exposition montre que la très grande majorité des travailleurs (75 % tous secteurs confondus) n’a reçu aucune dose supérieure au seuil d’enregistrement. L’effectif le plus important (48 %) des personnels de santé exposés concerne les activités de radiologie (radiodiagnostic et radiologie interventionnelle), avec une dose individuelle moyenne annuelle de 0,20 mSv. La médecine nucléaire représente 3 % des effectifs, mais avec une dose individuelle moyenne annuelle corps entier significativement plus élevée, estimée à 0,84 mSv. Le domaine des activités médicales et vétérinaires contribue majoritairement aux expositions des extrémités, avec près de 61% des travailleurs ayant ce suivi en 2020 et 2021. Au total, 17 252 personnels ont bénéficié d’une dosimétrie des extrémités, avec une dose moyenne de 14,9 mSv contre 14,7 mSv en 2020. La médecine nucléaire et les pratiques interventionnelles sont les secteurs qui utilisent le plus la dosimétrie par bague et qui contribuent le plus aux expositions des extrémités (respectivement 68% et 16% de la dose totale enregistrée pour le domaine des activités médicales et vétérinaires). La contribution à la dose totale des activités interventionnelles est vraisemblablement sous‑estimée, en particulier en raison de lacunes dans le port des dosimètres aux extrémités au bloc opératoire. Pour la première fois depuis 2013, aucun cas de dépassement de la limite règlementaire de dose équivalente Depuis plus d’un siècle, la médecine fait appel, tant pour le diagnostic que pour la thérapie, à des rayonnements ionisants produits par des générateurs électriques ou par des radionucléides en sources scellées ou non scellées. Ces techniques représentent la deuxième source d’exposition aux rayonnements ionisants pour la population (après l’exposition aux rayonnements naturels) et la première source d’origine artificielle (voir chapitre 1). On distingue l’exposition des patients liée à l’utilisation des rayonnements ionisants de celle des travailleurs, du public et de l’environnement, pour lesquels il n’y a pas de bénéfice direct. Le principe de limitation de dose ne s’applique pas aux patients, du fait de la nécessité d’adapter la dose délivrée à l’objectif diagnostique ou thérapeutique. Les principes de justification et d’optimisation sont fondamentaux, même si les enjeux de radioprotection diffèrent selon les utilisations médicales. En radiothérapie (externe ou curiethérapie) comme en radiothérapie interne vectorisée (RIV), l’enjeu majeur est lié à la dose administrée et, le cas échéant, aux hauts débits de dose utilisés. Il existe des enjeux spécifiques liés à l’utilisation de sources de radionucléides scellées (en curiethérapie, avec des sources de haute activité) et non scellées (en médecine nucléaire), associés, pour ces dernières, à la gestion des déchets et des effluents. Les procédures interventionnelles radioguidées, en plein essor, réalisées à l’aide de dispositifs de plus en plus sophistiqués, peuvent conduire à une exposition significative du patient et des personnels qui se trouvent à proximité immédiate. Enfin, les examens de scanographie, s’ils ne présentent pas d’enjeu majeur en matière de dose délivrée ou de débit de dose, contribuent de façon très importante à l’exposition de la population liée aux actes de diagnostic médical, par la fréquence de leur utilisation, soulignant l’importance de la justification de chaque acte utilisant des rayonnements ionisants. 212 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2022 • 07 • Les utilisations médicales des rayonnements ionisants
RkJQdWJsaXNoZXIy NjQ0NzU=