En matière de sûreté nucléaire, l’ASN considère que les per‑ formances du site sur l’année 2021 se sont détériorées et sont insuff isantes. Le plan de management de la sûreté mis en place en 2020 n’a pas permis de retrouver le niveau de per‑ formance attendu. De nombreux événements ont révélé un manque de culture de sûreté et d’attitude interrogative de la part des intervenants, des écarts dans le traitement d’anoma‑ lies et plus particulièrement des écarts de conformité, ainsi que des insuffisances dans la prise en compte du retour d’ex‑ périence, dans la qualité de la documentation et dans la sur‑ veillance de la réalisation des interventions. L’ASN souligne tout de même la bonne tenue générale des chantiers et un état apparent des matériels contrôlés satisfaisant. Elle attend cependant des améliorations signif icatives pour 2022 de la part de l’exploitant. De manière générale, la gestion de la radioprotection par la centrale nucléaire de Saint‑Laurent‑des‑Eaux répond aux attentes de l’ASN. Les performances du site sont considérées comme stables par rapport à 2020, même si des améliora‑ tions sont attendues en matière d’organisation, notamment au travers de la mise en place du pôle de compétences en radioprotection, qui interviendra en 2022. L’organisation du site pour répondre aux exigences réglemen‑ taires dans le domaine de la protection de l’environnement est jugée performante, notamment au vu des quantités d’effluents rejetées. La gestion d’un déversement accidentel, contrôlée lors d’un exercice, est adaptée et les différentes rétentions contrôlées sont bien tenues. La connaissance des volumes de substances dangereuses et des volumes à confiner nécessite toutefois quelques améliorations. Les contrôles de l’inspection du travail effectués en 2021 au titre de démarches nationales ou locales ont mis en évidence quelques faiblesses du site concernant son organisation et la levée des écarts, ainsi que la gestion des risques de chute de hauteur. Elles ont également amené l’inspection du travail à demander plusieurs compléments d’information concernant notamment l’optimisation de la radioprotection sur chan‑ tiers, le nettoyage et la f iltration de l’air de certains locaux à risques particuliers la gestion des risques liés à la pandémie de Covid-19. Réacteurs A1 et A2 en démantèlement L’ancienne centrale de Saint‑Laurent‑des‑Eaux constitue une INB qui comprend deux réacteurs UNGG « intégrés», les réacteurs A1 et A2. Ces réacteurs de première génération, qui fonctionnaient avec de l’uranium naturel comme combus‑ tible, utilisaient le graphite comme modérateur et étaient refroidis au gaz. Leur mise à l’arrêt définitif a été prononcée respectivement en 1990 et 1992. Le démantèlement complet de l’installation a été autorisé par le décret du 18 mai 2010. À l’issue de l’analyse des rapports de conclusions du réexamen périodique portant sur l’ensemble des réacteurs UNGG, l’ASN a indiqué en décembre 2021 n’avoir pas d’objection à la poursuite d’exploitation de l’INB 46 (réacteurs Saint‑Laurent A1 et A2). Elle vérifiera, dans le cadre de l’instruction des nouveaux dos‑ siers de démantèlement de ces réacteurs, qui seront dépo‑ sés par EDF f in 2022 pour exposer la nouvelle stratégie de démantèlement «en air », que les opérations de démantèle‑ ment soient réalisées dans de bonnes conditions de sûreté et de radioprotection, et dans des délais maîtrisés. En 2021, EDF a repris la réalisation des chantiers de déman‑ tèlement arrêtés en raison des contraintes sanitaires imposées pour lutter contre la pandémie de Covid-19. L’ASN considère que le niveau de sûreté des réacteurs de Saint‑Laurent‑des‑Eaux A est satisfaisant. L’ASN a constaté, lors de ses inspections, une bonne tenue générale des locaux et des chantiers. De plus, l’organisation mise en place af in de respecter les engagements pris à la suite d’inspections et d’événements significatifs est satisfaisante, il en est de même en ce qui concerne la gestion des déchets. Cependant, la ges‑ tion des eaux d’extinction d’incendie doit être améliorée, ainsi que la traçabilité des actions de surveillance des prestataires qui interviennent dans l’installation. Silos de Saint‑Laurent‑des‑Eaux L’installation, autorisée par le décret du 14 juin 1971, est constituée de deux silos dont la fonction est l’entreposage de chemises de graphite irradiées issues de l’exploitation des réacteurs UNGG de Saint‑Laurent‑des‑Eaux A. Le confinement statique de ces déchets est assuré par les structures des case‑ mates en béton des silos, dont le comportement en cas de séisme nécessite toutefois des évaluations et dont l’étanchéité est assurée par un cuvelage en acier. Par ailleurs, EDF a mis en place en 2010 une enceinte géotechnique autour des silos, permettant de renforcer la maîtrise du risque de dissémina‑ tion de substances radioactives, qui constitue l’enjeu principal de l’installation. L’exploitation de cette INB se limite à des mesures de sur‑ veillance et d’entretien : contrôles et mesures de surveillance radiologique des silos, contrôle de l’absence d’entrée d’eau, de l’hygrométrie, des débits de dose au voisinage des silos, de l’activité de la nappe, suivi de l’état du génie civil. Dans le cadre du changement de stratégie de démantèlement des réacteurs UNGG, EDF a annoncé en 2016 sa décision d’en‑ gager les opérations de sortie des chemises de graphite des silos sans attendre la disponibilité d’un stockage définitif pour les déchets de graphite. Dans ce but, EDF envisage la création d’une nouvelle installation d’entreposage des chemises de graphite sur le site de Saint‑Laurent‑des‑Eaux. L’ASN est dans l’attente de la déclaration d’arrêt déf initif de l’installation par EDF. Le dépôt du dossier de démantèlement, qui prendra en compte les opérations de désilage, d’assai‑ nissement et de démolition des silos actuels est, quant à lui, prévu à l’horizon de la fin de l’année 2022. 56 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2021 LE PANORAMARÉGIONAL DE LA SÛRETÉNUCLÉAIRE ET DE LARADIOPROTECTION
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