Rapport de l'ASN 2020

Compte tenu de la nature des travaux demandés, il est nécessaire que l’exploitant procède à des études de conception, de construction et d’installation de nouveaux équipements qui nécessitent d’une part, des délais, et d’autre part, une planification pour leur mise en place sur chacune des centrales nucléaires de manière optimale. En effet, dans la mesure où ces travaux importants se déroulent sur des sites nucléaires en fonctionnement, il est aussi nécessaire de veiller à ce que leur réalisation ne dégrade pas la sûreté des centrales nucléaires. En 2015, EDF a achevé la mise en place de dispositions temporaires ou mobiles visant à renforcer la prise en compte des situations principales de perte totale de la source froide ou de perte des alimentations électriques. En particulier, des moyens de connexion ont été installés afin qu’en cas de crise il soit possible de connecter des moyens mobiles pour apporter de l’eau. Par ailleurs, la FARN, qui est l’un des principaux moyens de gestion de crise, a été mise en place. Depuis le 31 décembre 2015, les équipes de la FARN ont une capacité d’intervention simultanée sur l’ensemble des réacteurs d’un site en moins de 24 heures (jusqu’à six réacteurs dans le cas du site de Gravelines). Ces dispositions permettent de répondre aux recommandations issues de l’examen par les pairs européens mené en avril 2012 dans le cadre des « stress tests » européens. EDF a par ailleurs engagé la mise en place de certains moyens définitifs de conception et d’organisation robustes vis‑à‑vis d’agressions extrêmes visant à faire face aux principales situations de perte totale de la source froide ou de perte des alimentations électriques au‑delà des référentiels de sûreté en vigueur et aux accidents avec fusion du cœur. Les mesures les plus importantes sont : ∙ la mise en place d’un diesel d’ultime secours (DUS) de grande puissance nécessitant la construction d’un bâtiment dédié. En raison des difficultés industrielles rencontrées par EDF pour leur construction, d’aléas rencontrés au cours des essais de mise en service et des difficultés résultant des mesures spécifiques mises en œuvre pour limiter la propagation de la pandémie de Covid-19, l’ASN a décidé en 2019, puis en 2020, de modifier les échéances de mise en service de ces DUS. L’ASN a assorti ce rééchelonnement, qui s’étend jusqu’au 28 février 2021, de prescriptions relatives au renforcement de la robustesse des sources électriques existantes. Fin 2020, 54 des 56 DUS avaient été mis en service par EDF ; ∙ la mise en place d’une source d’eau ultime. Au 31 décembre 2020, EDF a mis en place les sources d’eau ultime des réacteurs 1 et 2 du site de Flamanville, du réacteur 2 du site du Bugey et du réacteur 1 du site de Tricastin. EDF a par ailleurs engagé la mise en place de celles des autres sites et prévoit un achèvement des travaux entre 2021 et 2023 selon les sites ; ∙ la construction sur chaque site d’un centre de crise local capable de résister à des agressions externes extrêmes (fonctionnellement autonome en situation de crise). EDF a achevé en 2019 la construction du centre de crise local du site de Flamanville et l’a mis en service en 2020. Pour les autres sites, EDF prévoit un achèvement des travaux entre 2022 et 2026 selon les sites. Par ailleurs, ces dispositions seront complétées lors des réexamens périodiques par la mise en œuvre du «noyau dur ». Ces moyens ont été partiellement déployés sur le réacteur 1 de la centrale nucléaire du Tricastin et sur le réacteur 2 de la centrale nucléaire du Bugey lors de leur quatrième visite décennale. Les mesures les plus importantes sont : ∙ l’ajout d’une nouvelle pompe d’appoint au circuit primaire ; ∙ l’achèvement des raccordements par des circuits fixes de l’alimentation en eau de secours des générateurs de vapeur et de l’appoint ultime en eau à la piscine d’entreposage du combustible ; ∙ la mise en place d’un système de contrôle‑commande ultime et de l’instrumentation définitive du «noyau dur » ; ∙ la mise en place d’une disposition ultime de refroidissement de l’enceinte de confinement, afin d’éviter l’ouverture de l’évent filtré de cette enceinte en cas d’accident grave ; ∙ la mise en place de dispositions visant à stabiliser le corium sur le radier, en cas d’accident avec fusion du cœur et percée de la cuve. Dans la perspective de la mise en place du « noyau dur », l’ASN instruit les hypothèses de conception des dispositions matérielles et vérifie que les solutions proposées par EDF permettent de répondre aux objectifs de sûreté fixés. Sur la base des dossiers transmis par EDF et des études réalisées, l’ASN a sollicité l’avis du GPR sur les points les plus importants de ces dossiers. 2.10  La poursuite du fonctionnement des centrales nucléaires 2.10.1 L’âge des centrales nucléaires Les centrales nucléaires actuellement en fonctionnement en France ont été construites sur une période de temps assez courte : 45 réacteurs électronucléaires représentant près de 50000MWe, soit les trois quarts de la puissance délivrée par l’ensemble des réacteurs électronucléaires français, ont été mis en service entre 1980 et 1990, et sept réacteurs, représentant 10000MWe, entre 1991 et 2000. En décembre 2019, la moyenne d’âge des 56 réacteurs en fonctionnement, calculée à partir des dates de première divergence, se répartit comme suit : ∙ 38 ans pour les 32 réacteurs électronucléaires de 900MWe ; ∙ 33 ans pour les 20 réacteurs électronucléaires de 1300MWe ; ∙ 23 ans pour les quatre réacteurs électronucléaires de 1450 MWe. 2.10.2 Le réexamen périodique Le principe du réexamen périodique Les réexamens périodiques des réacteurs électronucléaires comportent les deux volets suivants : ∙ la vérification de l’état de l’installation et de sa conformité : cette étape vise à évaluer la situation de l’installation au regard des règles qui lui sont applicables. Elle s’appuie sur un ensemble de contrôles et d’essais complémentaires à ceux réalisés au fil de l’eau. Ces vérifications peuvent comprendre des contrôles des études initiales de conception, ainsi que des contrôles sur le terrain de matériels ou encore des essais décennaux comme les épreuves des enceintes de confinement. Les éventuels écarts détectés lors de ces investigations font ensuite l’objet de remises en conformité dans des délais adaptés aux enjeux. La maîtrise du vieillissement est également intégrée dans ce volet du réexamen ; ∙ la réévaluation de sûreté : cette étape vise à améliorer le niveau de sûreté en tenant compte notamment de l’expérience acquise au cours de l’exploitation, de l’évolution des connaissances, des exigences applicables aux installations les plus récentes, ainsi que des meilleures pratiques internationales. À l’issue des études de réévaluation ainsi réalisées, EDF identifie les modifications de ses installations qu’elle compte mettre en œuvre pour en renforcer la sûreté. Le processus de réexamen des réacteurs électronucléaires d’EDF Afin de tirer bénéfice de la standardisation des réacteurs électronucléaires exploités par EDF, ces deux volets du réexamen font d’abord l’objet d’un programme d’études génériques pour un type de réacteur donné (réacteur de 900MWe, de 1300MWe ou Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2020 315 10 – LES CENTRALES NUCLÉAIRES D’EDF 10

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