Autres agressions La démonstration de sûreté des centrales nucléaires d’EDF prend également en compte d’autres agressions comme les grands vents, la neige, les tornades, la foudre, les températures froides de l’air, les agressions d’origine anthropique (transport de matières dangereuses, installations industrielles, chute d’aéronefs, etc.) et les agressions de la source froide. 2.4.6 L’évaluation de la maîtrise des risques liés aux agressions L’accident de la centrale nucléaire de Fukushima a conduit EDF à renforcer son organisation pour la maîtrise des risques liés aux agressions extrêmes. En particulier, des réseaux de référents ont été constitués pour l’ensemble des centrales pour piloter la mise en œuvre des actions définies pour faire face à ces risques. Des revues annuelles sont également menées afin d’améliorer cette organisation. Les risques liés aux incendies L’ASN constate que la gestion du risque d’incendie doit être améliorée avec un nombre de départs de feu enregistrés pour l’année 2020 comparable à celui constaté en 2018, alors qu’il avait été inférieur en 2019. Des constats déjà effectués les années précédentes restent d’actualité sur certains sites inspectés : ∙ des écarts de gestion des entreposages de matériels qui représentent des potentiels calorifiques importants ; ∙ des écarts dans la mise en œuvre des permis de feu, et une gestion perfectible des mesures compensatoires qui sont définies dans les analyses du risque d’incendie ; ∙ des écarts liés à la gestion des inhibitions de la détection incendie ; ∙ une gestion perfectible des anomalies de sectorisation des locaux afin de prévenir la propagation d’un incendie ; ∙ la disponibilité non garantie de matériels de lutte contre l’incendie. En 2020, l’ASN a réalisé des inspections abordant le thème de la maîtrise des risques liés à l’incendie sur l’ensemble des centrales nucléaires malgré les contraintes liées aux contexte sanitaire et a demandé la mise en œuvre d’actions correctives visant à remédier aux constats formulés. L’ASN constate les efforts entrepris par certains sites pour mener des actions correctives nécessaires avec le déploiement d’outils et de plans d’action mais considère que ces derniers, pour être efficaces, doivent faire l’objet d’un meilleur accompagnement auprès du personnel. Ainsi l’ASN a constaté qu’EDF a poursuivi, en 2020, ses actions visant à fiabiliser la maîtrise des risques liés à l’incendie dans les locaux identifiés comme étant particulièrement sensibles à cette agression. Toutefois, les délais de résorption de certains écarts ou de mise en œuvre d’actions correctives issues du retour d’expérience méritent d’être réduits. Enfin, à la suite d’une demande de l’ASN formulée en 2019, EDF a engagé des réflexions visant à améliorer son organisation en ce qui concerne la lutte contre l’incendie, notamment en renforçant la capacité de ses moyens d’intervention à faire face à un feu développé. Les risques liés aux explosions Malgré les actions engagées par EDF, la maîtrise des risques liés aux explosions n’est pas encore satisfaisante pour l’ensemble des réacteurs nucléaires. Certaines actions de maintenance et de contrôles demandées par la doctrine interne d’EDF ne sont pas mises en œuvre de manière satisfaisante. De plus, l’ASN constate que la mise à jour de certains documents (notamment les procédures d’essais périodiques ou de contrôles de tuyauteries véhiculant des fluides dangereux), l’intégration du retour d’expérience, le traitement de certains écarts et le déploiement de certaines modifications font parfois l’objet de reports qui ne sont pas toujours justifiés au regard des conséquences potentielles pour la sûreté. L’ASN constate les efforts entrepris par EDF pour réduire ces écarts, par la mise en place d’un suivi renforcé et le déploiement de plans d’action. De plus, en 2020, EDF a travaillé à la mise à jour des documents relatifs à la protection contre les explosions, requis par la réglementation relative aux risques liés à la formation d’ATEX et a réalisé des audits de conformité des matériels censés répondre aux exigences de cette réglementation. Cette démarche doit se poursuivre dans les années à venir. Ainsi, l’ASN considère qu’EDF doit continuer à porter une attention toute particulière sur ce sujet et s’assurer que la démarche de prévention des risques d’explosion est déclinée avec toute la rigueur nécessaire sur l’ensemble des sites. Les risques liés aux inondations internes Des efforts importants sont attendus sur la majorité des sites pour améliorer la maîtrise du risque d’inondation, en particulier sur : ∙ la maintenance des équipements nécessaires (tuyauteries, siphons de sol, etc.) ; ∙ les analyses de risques lors des opérations de maintenance et en cas de détection d’un dysfonctionnement d’un équipement nécessaire ; ∙ le respect des échéances des actions correctives identifiées lors des revues annuelles ; ∙ la formation des référents et la sensibilisation du personnel EDF et des prestataires. En 2019, l’ASN a donc formulé à EDF des demandes afin qu’elle complète la démarche mise en œuvre pour mieux maîtriser le risque d’inondation interne, qu’elle s’assure du bon fonctionnement des siphons de sol, qu’elle renforce la maintenance des tuyauteries susceptibles de conduire à une inondation interne et assure une meilleure maîtrise de leur vieillissement. Par ailleurs, EDF a engagé des visites sur le terrain visant à recenser les tuyauteries pouvant être à l’origine d’une inondation interne dans les bâtiments électriques, qui sont particulièrement sensibles à ce risque, afin d’étudier la nécessité de renforcer leur maintenance. Conformément aux demandes de l’ASN, EDF étendra ces recensements aux autres bâtiments. L’ASN constate de façon positive qu’EDF a engagé une rénovation des circuits de certains systèmes de réfrigération particulièrement sensibles à la corrosion. Enfin, dans le cadre du quatrième réexamen périodique des réacteurs de 900 MWe, EDF a fait évoluer sa démonstration de sûreté relative aux risques d’inondation interne, en considérant notamment plusieurs possibilités de cheminement de l’eau. Les risques liés au séisme Les programmes d’inspection mis en œuvre par EDF la conduisent à déclarer régulièrement des événements significatifs pour la sûreté pour défaut de résistance au séisme de certains matériels. Ces événements résultent d’actions de contrôle ciblées, progressivement déployées par EDF. Ces non‑conformités peuvent avoir, en cas de séisme, des conséquences importantes, qui sont alors systématiquement analysées. Ainsi, en 2020, EDF a déclaré un événement significatif en raison de la non‑tenue au séisme d’équipements nécessaires au bon fonctionnement des groupes électrogènes de secours à moteur diesel de plusieurs centrales nucléaires que l’ASN a classé au niveau 2 sur l’échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques (INES) (voir encadré page 306). Le 11 novembre 2019, un séisme s’est produit au niveau de la commune du Teil. Ce séisme a conduit EDF à mettre en œuvre, sur la centrale nucléaire de Cruas‑Meysse, la procédure de Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2020 303 10 – LES CENTRALES NUCLÉAIRES D’EDF 10
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