Rapport de l'ASN 2020

Les risques liés à la canicule et à la sécheresse Au cours des événements caniculaires de ces dernières décennies, certains cours d’eau nécessaires au refroidissement de centrales nucléaires ont connu une réduction de leur débit et un échauffement significatifs. Par ailleurs, des augmentations notables de température ont été relevées dans certains locaux des centrales nucléaires abritant des équipements sensibles à la chaleur. EDF a pris en compte ce retour d’expérience et a engagé des études de réévaluation du fonctionnement de ses installations dans des conditions de température de l’air et de l’eau plus sévères que celles retenues initialement à la conception. En parallèle du développement de ce référentiel de sûreté relatif aux situations dites de « grands chauds », EDF a engagé le déploiement de modifications prioritaires (telles que l’augmentation de la capacité de certains échangeurs) et mis en place des pratiques d’exploitation qui optimisent la capacité de refroidissement des équipements et améliorent la tenue des matériels sensibles aux températures élevées. Dans le cadre du réexamen périodique des réacteurs, EDF a engagé un programme de modification de ses installations visant à se prémunir des effets d’une situation de canicule. Il est notamment prévu d’améliorer la capacité de certains systèmes de refroidissement de matériels requis pour la démonstration de sûreté nucléaire. EDF a également engagé un programme de veille climatique afin d’anticiper les évolutions du climat qui pourraient remettre en cause les hypothèses de températures retenues dans son référentiel. L’ASN a demandé à EDF de prendre en compte le retour d’expérience des événements caniculaires de 2015, 2016 et 2019, ainsi que leurs effets sur les installations. Le fonctionnement des réacteurs nucléaires en période de canicule Les températures prises en compte dans la démonstration de sûreté des réacteurs nucléaires sont régulièrement réévaluées, notamment à l’occasion des réexamens périodiques. Ces réévaluations prennent en compte les évolutions climatiques. Une période de canicule a trois principales conséquences sur le fonctionnement des réacteurs nucléaires. 1. Le fonctionnement des systèmes de sûreté en période de canicule : • En cas d’épisode caniculaire, des équipements de ventilation et de climatisation sont nécessaires pour garantir le fonctionnement des systèmes de sûreté des réacteurs nucléaires. • Depuis les canicules de 2003 et 2006, EDF a renforcé les capacités de ventilation et de climatisation des locaux dans lesquels sont situés les systèmes de sûreté. Ces dispositifs font l’objet d’actions préventives d’entretien, de contrôle et de maintenance et les règles générales d’exploitation des réacteurs prévoient les conduites à tenir en cas de défaillance de ces équipements. Ces conduites requièrent, en cas de besoin, la mise en œuvre de mesures spécifiques, voire l’arrêt du réacteur. • En complément, EDF prévoit entre avril et octobre de chaque année des règles particulières de conduite qui adaptent le niveau de mobilisation des organisations internes en fonction des prévisions météorologiques. 2. Le refroidissement du réacteur et la gestion des effluents en cas de sécheresse et d’étiage : • Les réacteurs nucléaires doivent être refroidis en permanence pour assurer leur sûreté. À cette fin, de l’eau est prélevée dans un cours d’eau ou dans la mer. • Une période de sécheresse peut conduire à une baisse du niveau du cours d’eau et de son débit. L’exploitant doit s’assurer en permanence que ceux‑ci restent suffisants pour refroidir les systèmes de sûreté. Ces paramètres sont spécifiques à chaque réacteur nucléaire. • Le débit du cours d’eau affecte également la dispersion des effluents liquides issus des réacteurs nucléaires. L’ASN a fixé, pour chaque centrale, une valeur minimale du débit du cours d’eau pour laquelle les rejets d’effluents peuvent être réalisés. En deçà de ce débit (situation d’étiage), les opérations de rejet d’effluents sont interdites et l’exploitant doit entreposer ses effluents. 3. La maîtrise des rejets thermiques : • L’eau prélevée dans les cours d’eau ou dans la mer pour refroidir le réacteur est, de manière générale, rejetée à une température plus élevée, soit directement, soit après refroidissement dans des tours aéroréfrigérantes permettant une évacuation partielle de la chaleur dans l’atmosphère. • Dans le cas des centrales nucléaires utilisant un cours d’eau, l’ASN a défini pour chaque site les conditions de rejet de l’eau utilisée pour le refroidissement. Afin de préserver l’environnement, notamment l’écosystème, l’échauffement du cours d’eau dû au fonctionnement de la centrale nucléaire ainsi que la température de l’eau à son aval sont encadrés par des valeurs limites. En cas de dépassement des valeurs limites, l’exploitant doit réduire la puissance du réacteur ou l’arrêter. Depuis 2006, l’ASN a intégré dans les décisions encadrant les rejets des centrales nucléaires des dispositions visant à définir les modalités de fonctionnement des centrales nucléaires en cas de conditions climatiques exceptionnelles conduisant à un échauffement significatif des cours d’eau. La mise en œuvre de ces dispositions n’est toutefois possible que si la sécurité du réseau électrique est en jeu. Un assouplissement temporaire des valeurs limites des rejets thermiques peut aussi être autorisé par l’ASN, sur la base d’une demande justifiée d’EDF, en cas de risque pour la sécurité du réseau électrique, comme cela a été le cas durant les épisodes caniculaires des étés 2003 et 2006. Dans ce cas, la surveillance de l’environnement est renforcée. • Lors des épisodes caniculaires de 2019, EDF a été amenée à arrêter plusieurs réacteurs et à réduire la puissance de certains autres. 302 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2020 10 – LES CENTRALES NUCLÉAIRES D’EDF

RkJQdWJsaXNoZXIy NjQ0NzU=