Rapport de l'ASN 2020

activités de maintenance en s’inspirant des pratiques de l’industrie conventionnelle et des exploitants de centrales nucléaires à l’étranger. Ainsi, EDF a engagé en 2010 le déploiement d’une nouvelle méthodologie de maintenance, dénommée AP-913, développée par les exploitants nucléaires américains. Le principal intérêt de cette méthode est de rendre les matériels plus fiables grâce à un suivi en service permettant d’améliorer la maintenance préventive. La déclinaison de cette méthodologie de maintenance repose sur la mise en œuvre des six processus suivants : ∙ l’identification des matériels critiques et la détermination des programmes de maintenance et de suivi associés ; ∙ la définition des exigences de suivi et de maintenance des matériels ; ∙ l’analyse des performances des matériels et des systèmes ; ∙ la définition et le pilotage des actions correctives ; ∙ l’amélioration continue des référentiels et du pilotage de la fiabilité ; ∙ la gestion du cycle de vie des matériels. Après un bilan du déploiement de l’AP-913 réalisé en 2016, EDF a fait évoluer ses pratiques afin de garantir la qualité des gestes de maintenance, de recentrer le suivi des performances sur les matériels et systèmes à forts enjeux et d’optimiser le volume des opérations de maintenance. 2.4.4 L’évaluation de la maintenance L’organisation de la plupart des centrales nucléaires pour mener à bien les opérations de maintenance conséquentes a été satisfaisante en 2020, y compris dans un contexte rendu plus difficile par la pandémie de Covid-19. Toutefois, l’ASN relève régulièrement des points à améliorer concernant la maintenance des réacteurs, comme la prise en compte des différents risques, la préparation des activités ou la traçabilité des interventions. L’approvisionnement de pièces de rechange non‑conformes a encore généré cette année des défauts de maîtrise des activités. Des documents nationaux d’EDF mal appliqués ou des documents opérationnels incorrects sont également à l’origine d’opérations de maintenance inadaptées ou de défauts de qualité de maintenance. Une mauvaise réalisation des travaux est parfois détectée tardivement, c’est‑à‑dire seulement lors des opérations de requalification des équipements après des travaux de maintenance. Enfin, l’ASN constate que les essais de requalification ne permettent pas toujours de détecter les défauts des matériels à la suite d’activités de maintenance ou de modifications. L’ASN confirme l’amélioration en 2020 des actions de contrôle technique des interventions et de surveillance des prestataires, grâce notamment à l’utilisation d’outils informatiques récemment déployés dans les centrales. Cependant, plusieurs événements significatifs ont toujours pour cause profonde des non‑qualités de maintenance non détectées par la surveillance ou par les analyses de premier niveau. L’ASN a demandé à EDF en 2019 un bilan de sa politique de maintenance et des adaptations qui ont été mises en œuvre. L’ASN examinera en 2021 les réponses fournies par EDF en 2020, en particulier au regard des constats qu’elle formule régulièrement. Dans le cadre de la poursuite du fonctionnement des réacteurs, du programme «grand carénage» et de l’intégration de l’ensemble des modifications qui découlent des enseignements de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima, l’ASN considère important qu’EDF maintienne les efforts engagés pour remédier aux difficultés rencontrées et améliorer la qualité de ses activités de maintenance. 2.4.5 La prévention des effets des agressions d’origine interne ou externe Les risques liés aux incendies Les centrales nucléaires, comme les autres INB, sont soumises à la décision n° 2014-DC-0417 de l’ASN du 28 janvier 2014 relative aux règles applicables aux INB pour la maîtrise des risques liés à l’incendie. La prise en compte du risque d’incendie dans les centrales nucléaires repose sur le principe de défense en profondeur fondé sur les trois niveaux que sont la conception des installations, la prévention et la lutte contre l’incendie. Des règles de conception doivent empêcher l’extension d’un incendie et en limiter les conséquences ; elles reposent principalement sur la « sectorisation incendie». Il s’agit d’un découpage de l’installation en secteurs et zones de cantonnement conçus pour circonscrire le feu dans un périmètre donné et délimité par des éléments (portes, murs et clapets coupe‑feu) présentant une durée de résistance au feu spécifiée. Elle a notamment pour objectif d’éviter la transmission d’un incendie à deux matériels assurant de manière redondante une fonction fondamentale de sûreté. La prévention consiste principalement à : ∙ veiller à ce que la nature et la quantité de matières combustibles dans les locaux restent en deçà des hypothèses retenues pour la sectorisation ; ∙ identifier et analyser les risques d’incendie pour prendre les mesures permettant de les éviter. En particulier, pour tous les travaux susceptibles de générer un incendie, un « permis de feu » doit être établi et des dispositions de protection mises en œuvre. Enfin, la détection des départs de feu et la lutte contre un incendie doivent permettre l’attaque d’un feu et sa maîtrise en vue de son extinction dans des délais compatibles avec la durée de résistance au feu des éléments de sectorisation. L’ ASN contrôle la prise en compte du risque d’incendie dans les centrales nucléaires en se fondant notamment sur l’analyse des référentiels de sûreté de l’exploitant, le suivi des événements significatifs qu’il déclare et les inspections réalisées sur les sites. Les risques importants associés à l’incendie ont fait l’objet de nombreuses demandes de l’ASN depuis 2003, et l’ASN a donc rappelé à EDF en 2016 qu’elle attend, dans le cadre du quatrième réexamen périodique des réacteurs de 900 MWe, une démonstration structurée et robuste fondée sur une approche de défense en profondeur. L’ASN instruit les méthodes de justification produites par EDF. Celles‑ci ont été soumises à l’analyse du GPR en La filière indépendante de sûreté Au sein d’EDF, la filière indépendante de sûreté (FIS) assure la vérification en matière de sûreté des actions et décisions prises par les services en charge de l’exploitation des installations. Sur chaque centrale nucléaire, la FIS est composée d’ingénieurs sûreté et d’auditeurs, qui assurent notamment chaque jour une vérification du niveau de sûreté des réacteurs. Le fonctionnement de chaque FIS est contrôlé et évalué, au niveau national, par la FIS de la division de la production nucléaire d’EDF. Enfin, les services d’inspection interne d’EDF, notamment l’inspecteur général rattaché au président du groupe EDF, assisté d’une équipe d’inspecteurs, constituent le plus haut niveau de vérification indépendante de la sûreté nucléaire au sein du groupe EDF. 300 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2020 10 – LES CENTRALES NUCLÉAIRES D’EDF

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