Rapport de l'ASN 2020

Le suivi en service des autres équipements du CPP, en application de l’arrêté du 10 novembre 1999, est réalisé de manière appropriée. La détection en 2017 d’une fissure d’une traversée de fond de cuve du réacteur 3 de la centrale nucléaire de Cattenom, la fissuration de deux bouchons installés sur les GV du réacteur 1 de la centrale nucléaire de Paluel en 2016, le percement de cinq tubes de GV sur les réacteurs 2 des centrales nucléaires de Belleville et de Flamanville en 2019, le percement d’un tube de GV du réacteur 1 de la centrale nucléaire de Belleville et la détection d’un effet chaudière dans un GV du réacteur 1 de la centrale nucléaire de Nogent en 2020 illustrent le risque de nouvelles dégradations associées au vieillissement des installations. En réponse aux situations rencontrées en 2020, EDF a renforcé les dispositions de maintenance et de contrôle, en augmentant le niveau d’exigence et en développant de nouveaux procédés de réparation. 2.3  Les enceintes de confinement 2.3.1 Le contrôle des enceintes de confinement Les enceintes de confinement font l’objet de contrôles et d’essais destinés à vérifier leur conformité aux exigences de sûreté. En particulier, leur comportement mécanique doit garantir une bonne étanchéité du bâtiment réacteur si la pression à l’intérieur de celui‑ci venait à dépasser la pression atmosphérique, ce qui peut survenir dans certains types d’accident. C’est pourquoi ces essais comprennent, à la fin de la construction, puis lors des visites décennales, une montée en pression de l’enceinte interne avec une mesure de taux de fuite. Ces essais sont imposés par l’arrêté du 7 février 2012 fixant les règles générales relatives aux installations nucléaires de base (INB). 2.3.2 L’évaluation de l’état des enceintes de confinement Gestion globale de la fonction de confinement L’ASN constate des indisponibilités ponctuelles mais répétées affectant certains matériels participant à la fonction de confinement, tels que les accès à l’intérieur de l’enceinte de confinement (dénommés sas et tampon matériel), le circuit de mise en dépression de l’espace inter‑enceinte des enceintes de confinement à double paroi ou le circuit de ventilation de la salle de commande. Ces indisponibilités vont nécessiter une analyse et des échanges avec EDF en 2021 afin d’identifier, le cas échéant, les améliorations nécessaires. Par ailleurs, EDF a engagé depuis 2016 un plan d’action dont l’objectif principal est de garantir que les débits des systèmes de ventilation répondent aux exigences de sûreté requises à la fois pour le confinement et pour le conditionnement thermique des installations, compte tenu des évolutions des réacteurs depuis leur construction. Afin d’atteindre cet objectif, le plan d’action est déployé, réacteur par réacteur, sur tous les systèmes de ventilation concernés, et inclue un état des lieux de l’état des matériels et des gaines. EDF procède, quand elles sont nécessaires, à des remises en état et des améliorations, et réalise les réglages nécessaires des débits de ventilation. Afin de contrôler la bonne mise en œuvre de ce plan et l’atteinte des objectifs de sûreté associés, l’ASN mènera en 2021 une campagne d’inspections dédiées. Les enceintes à simple paroi revêtue sur la face interne d’une peau d’étanchéité métallique Les épreuves décennales des enceintes des réacteurs de 900 MWe réalisées depuis 2009 dans le cadre de leur troisième visite décennale n’ont en général pas mis en lumière de problème particulier susceptible de remettre en cause leur exploitation. L’enceinte du réacteur 5 de la centrale nucléaire du Bugey a toutefois dû faire l’objet d’une réparation, à la suite de la dégradation constatée en 2015 de l’étanchéité de son revêtement métallique au niveau de la partie basse du bâtiment du réacteur. EDF a mis en place une surveillance dédiée. L’étanchéité de cette enceinte de confinement fera l’objet d’une attention particulière lors du quatrième réexamen périodique de ce réacteur en 2022. Les résultats des épreuves des enceintes des réacteurs de 900 MWe réalisées pour la première fois dans le cadre de leur quatrième visite décennale sur le réacteur 1 de la centrale nucléaire du Tricastin et 2 de la centrale nucléaire du Bugey ont été satisfaisants. La surveillance des enceintes de confinement a été examinée par l’ASN dans le cadre de la phase générique du quatrième réexamen périodique des réacteurs de 900 MWe. L’ASN considère que la surveillance doit également porter sur l’état de la propreté des dômes des enceintes et qu’EDF doit prévoir des moyens d’investigation appropriés des zones d’ancrages des câbles de précontrainte présentes au niveau de ces dômes. Les enceintes à double paroi Les épreuves des enceintes à double paroi réalisées lors des premières visites décennales des réacteurs de 1300MWe avaient permis de détecter une augmentation des taux de fuite de la paroi interne de certaines d’entre elles sous l’effet combiné de déformations du béton et de pertes de la précontrainte de certains câbles plus importantes qu’anticipées lors de la conception. EDF a alors engagé d’importants travaux consistant à recouvrir localement, par un revêtement d’étanchéité en résine, l’intrados et l’extrados de la paroi interne des enceintes des réacteurs de 1300MWe les plus affectés, ainsi que des réacteurs de 1450MWe. Ces travaux se sont poursuivis en 2020. Les épreuves réalisées depuis ces travaux ont toutes respecté les critères de taux de fuite. L’ASN reste vigilante à l’évolution de l’étanchéité de ces enceintes et au maintien de l’efficacité des revêtements sur le long terme. Lors de l’instruction menée en 2013 sur l’efficacité de la fonction de confinement des réacteurs à double paroi, l’ASN avait noté que certaines enceintes présentaient des caractéristiques susceptibles d’engendrer des phénomènes de gonflement interne du béton potentiellement préjudiciables à terme à son étanchéité. Depuis cette instruction, EDF a engagé des actions de caractérisation et de surveillance des phénomènes pouvant affecter le béton des enceintes. Il ressort notamment des analyses menées par EDF que les cinétiques d’évolution de ces phénomènes sont très lentes et qu’aucun désordre structurel n’affecte les enceintes concernées. L’ASN reste vigilante sur l’évolution à moyen et long terme des phénomènes en jeu. Les modélisations de l’enceinte de confinement des réacteurs de 1 300 MWe et 1 450 MWe en situation d’accident grave font apparaître un comportement particulier, qui conduit à un risque de fissuration d’une partie de l’épaisseur du dôme dans certains scénarios accidentels. EDF a transmis en 2019 des éléments concernant ce comportement qui sont en cours d’instruction par l’ASN. 2.4  La prévention et la maîtrise des risques 2.4.1 Le contrôle de l’élaboration et de l’application des règles générales d’exploitation Les RGE encadrent le fonctionnement des réacteurs électronucléaires. Celles‑ci sont établies par l’exploitant et déclinent de manière opérationnelle les hypothèses et conclusions des études de sûreté qui constituent la démonstration de sûreté nucléaire. Elles fixent les limites et conditions d’exploitation de l’installation. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2020 297 10 – LES CENTRALES NUCLÉAIRES D’EDF 10

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