Rapport de l'ASN 2020

4.1.3 La radiothérapie interne vectorisée Utilisés à des fins thérapeutiques, les MRP administrés visent à délivrer une dose importante de rayonnements ionisants à un organe cible, dans un but curatif ou palliatif. Deux champs d’applications thérapeutiques de la médecine nucléaire peuvent être distingués : l’oncologie et les affections non oncologiques (traitement de formes d’hyperthyroïdie, synoviorthèse). Plusieurs types de traitements oncologiques peuvent être distingués : ∙ les traitements administrés par voie systémique non spécifique : cancer de la thyroïde par iode-131, lymphome non hodgkinien par anticorps monoclonal marqué à l’yttrium-90, cancer de la prostate avec métastases osseuses par le radium-223, traitement des cancers neuroendocrines ou de la prostate par des molécules marquées au lutétium-177 (lutathérapie) ; ∙ les traitements administrés par voie systémique sélective (traitement des cancers du foie par administration de microsphères marquées à l’yttrium-90 par un cathéter placé dans une artère). Certaines thérapies nécessitent l’hospitalisation des patients pendant plusieurs jours dans des chambres spécialement aménagées du service de médecine nucléaire pour assurer la radioprotection du personnel, des proches du patient et de l’environnement. La protection radiologique de ces chambres est adaptée à la nature des rayonnements émis par les radionucléides et des cuves recueillent les urines contaminées des patients. C’est en particulier le cas du traitement de certains cancers thyroïdiens après intervention chirurgicale. Ils sont réalisés par l’administration d’activités d’iode-131 variant de 1,1 GBq à 5,5 GBq. Pour les utilisations à des fins de thérapie, 165 chambres de RIV sont réparties dans 45 services de médecine nucléaire (voir graphique 9). D’autres traitements peuvent être réalisés en ambulatoire. Ils consistent, par exemple, à traiter une hyperthyroïdie par administration d’iode-131, les douleurs des métastases osseuses d’un cancer par le strontium-89 ou le samarium-153, le cancer de la prostate avec métastases osseuses par le radium-223. On peut aussi réaliser des traitements des maladies inflammatoires des articulations grâce à des colloïdes marqués à l’yttrium-90, à l’erbium-169 ou au rhénium-186. Enfin, la radio‑immunothérapie permet de traiter certains lymphomes au moyen d’anticorps marqués à l’yttrium-90. Enfin de nombreux patients sont traités sans hospitalisation, principalement pour des traitements à l’iode-131 (hors cancer) et, dans une moindre mesure, pour des synoviorthèses ou des traitements palliatifs de douleurs métastatiques. 4.1.4 La recherche impliquant la personne humaine en médecine nucléaire La recherche impliquant la personne humaine en médecine nucléaire est particulièrement dynamique ces dernières années, de nouveaux radionucléides et vecteurs faisant régulièrement l’objet de protocoles. Les recherches portant sur l’utilisation de nouveaux traceurs se poursuivent autant en imagerie diagnostique (fluor-18-fluoroestradiol, développement de peptides marqués au gallium-68, utilisation cardiaque de l’iode-124, exploration de la ventilation pulmonaire par aérosols marqués au gallium-68, etc.) qu’en thérapie (développement de nouvelles molécules marquées au lutétium-177, molécules marquées au cuivre-64, etc.). L’utilisation de nouveaux MRP nécessite d’intégrer, le plus en amont possible, les exigences de radioprotection associées à leur emploi. En effet, compte tenu des activités mises en jeu, des caractéristiques de certains radionucléides et des préparations à réaliser, l’exposition des opérateurs et l’impact sur l’environnement nécessitent la mise en place de mesures adaptées. Afin d’anticiper l’impact de ces évolutions en matière de radioprotection, l’ASN a saisi l’IRSN sur les perspectives d’utilisation de nouveaux radionucléides susceptibles d’être mis sur le marché français, dans les années à venir. Sont attendus : une étude bibliographique des radionucléides prometteurs pour une utilisation chez l’homme ainsi que ceux déjà utilisés, en Europe ou à l’international ; les perspectives d’application cliniques ; les mesures de radioprotection des patients, de leur entourage le cas échéant, ainsi que des travailleurs qui seront amenés à les manipuler, notamment lors de leur préparation à l’hôpital. GRAPHIQUE 10 Pourcentage de conformité des services de médecine nucléaire inspecté sur le thème de la radioprotection des professionnels en 2020 Personne compétente en radioprotection avec attestation valide Résultats dosimétriques analysés et hétérogénéités éventuelles expliquées Délimitation des zones réglementées cohérente au regard de la dosimétrie ambiante Coordination des mesures de prévention établies avec toutes les entreprises extérieures Tous les travailleurs formés à la radioprotection depuis moins de 3 ans 0 % 10 % 20 % 30 % 40 % 50 % 60 % 70 % 80 % 90 % 100 % 226 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2020 07 – LES UTILISATIONS MÉDICALES DES RAYONNEMENTS IONISANTS

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