Rapport de l'ASN 2019

largement perfectible afin d’intégrer l’ensemble des spécificités de l’entreprise (notamment, procédures et consignes de sécurité, retour d’expérience suite aux événements significatifs de radioprotection…). L’ASN juge a contrario toujours préoccupants les défauts obser‑ vés en matière de signalisation de la zone d’opération lors des chantiers. Les constats observés lors des inspections réalisées en 2019 montrent une dégradation de la situation par rapport à 2018. En effet, la signalisation de la zone d’opération présentait des écarts dans 46% des cas, alors que ces écarts n’avaient été relevés que dans 27% des situations en 2018. L’ASN rappelle que le balisage doit être posé avant le début du chantier et donc, en tout état de cause, avant d’avoir installé le matériel de radiographie. Pour s’assurer que le balisage respecte les valeurs réglementaires de débit de dose, il est essentiel qu’au moins une mesure soit effectuée et que son résultat soit enregistré. Le balisage doit être continu et des signaux lumineux en nombre suffisant sont indispensables. Le zonage constitue en effet la principale barrière de sécurité en configuration de chantier, en particulier pour prévenir les expositions incidentelles. L’ASN reste donc très vigilante sur ce point qui fait l’objet d’un contrôle systématique lors des inspections réalisées sur les chan‑ tiers ; des sanctions pénales ont par ailleurs déjà été proposées. Pour l’application des principes de justification et d’optimisation, les réflexions engagées sur le long terme par les professionnels du contrôle non destructif ont abouti à l’élaboration de guides ayant pour but de promouvoir l’utilisation de méthodes de subs‑ titution à la radiographie industrielle. Les travaux se poursuivent au sein des instances professionnelles, en particulier par l’évo‑ lution des codes de construction et de maintenance des équipe‑ ments industriels, afin de privilégier l’utilisation de méthodes de contrôle non ionisantes. Par ailleurs, la France possède un maillage important d’installa‑ tions fixes de radiographie industrielle (88 installations de gam‑ magraphie sont autorisées en France en 2019) permettant ainsi à 70% des professionnels de proposer des prestations de radiogra‑ phie industrielle dans une casemate. Or, l’ASN juge les risques d’incidents et les doses reçues par les travailleurs globalement bien maîtrisés par les exploitants, lorsque cette activité est réa‑ lisée dans une casemate conforme à la réglementation appli‑ cable. Malgré la disponibilité des installations, les inspecteurs constatent encore trop souvent que des pièces radiographiées au cours de chantiers, notamment programmés de nuit dans des ateliers, pourraient être aisément déplacées dans une casemate. Outre l’optimisation des doses pour les travailleurs, le risque de blocage de l’atelier en cas d’incident serait alors éliminé. L’ASN estime donc que les donneurs d’ordre ont un rôle pri‑ mordial à jouer pour faire progresser la radioprotection dans le domaine de la radiographie industrielle en privilégiant les prestations de radiographie industrielle dans des installations fixes autorisées. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2019  249 08 – LES SOURCES DE RAYONNEMENTS IONISANTS ET LES UTILISATIONS INDUSTRIELLES, VÉTÉRINAIRES ET EN RECHERCHE DE CES SOURCES 08 Un irradiateur à Saclay inutilisable depuis plusieurs mois Le 1 er juillet 2019, à la fin d’une campagne d’irradiation dans l’installation DOSEO du CEA Paris Saclay (utilisée pour des applications de recherche et de métrologie en curiethérapie), l’opérateur de l’irradiateur Gammabeam X200 ® (fabriqué par la société canadienne Best Theratronics) n’a pas réussi à remettre, depuis le pupitre de commande, la source de cobalt-60 en position de sécurité dans le blindage interne prévu à cet effet. Cette source est une source scellée de haute activité de catégorie A (activité résiduelle au jour de l’incident d’environ 250 TBq), catégorie qui présente les plus forts enjeux en matière de radioprotection. En conséquence, étant donné le niveau ambiant de rayonnements ionisants dans la casemate contenant l’irradiateur, tout accès à celle‑ci a été interdit. Après instruction d’un protocole spécifique ayant conduit à la délivrance d’une autorisation de l’ASN, une intervention robotique a été réalisée fin juillet 2019 dans la casemate par le groupe INTRA, une des rares entreprises en France possédant les moyens nécessaires pour intervenir dans de telles ambiances radiologiques. Les robots pilotés à distance ont enlevé le fantôme d’irradiation (*) du faisceau direct de l’appareil (supprimant ainsi le rayonnement diffusé par le fantôme), disposé un écran de plomb devant la sortie du faisceau direct (supprimant ainsi le risque pour un futur intervenant de le traverser) et réalisé une cartographie détaillée du niveau ambiant de rayonnements ionisants à l’intérieur de la casemate. La réduction du niveau ambiant de rayonnements ionisants et la cartographie détaillée devraient ainsi permettre une prochaine intervention humaine sur l’appareil, afin de remettre la source d’irradiation en position de sécurité. Cette intervention consisterait à utiliser un outil spécifique pour pousser la source en position de sécurité à l’intérieur du blindage interne de l’appareil. La cause probable de la défaillance de l’irradiateur serait la perte de l’alimentation en air comprimé qui permet le déplacement de la source. Cette alimentation étant située à l’intérieur de la casemate, il n’est pas possible d’intervenir directement dessus lorsque la source n’est pas en position de sécurité. La cause exacte devra être confirmée après les investigations qui pourront avoir lieu une fois la source rentrée en position de sécurité ; l’ASN sera vigilante à la mise en œuvre des mesures correctives destinées à éviter toute nouvelle occurrence d’un tel événement. * Artefact construit afin de simuler les propriétés de diffusion du corps humain ou de parties du corps humain telles que les extrémités. Les synchrotrons De la même famille d’accélérateurs circulaires de particules que les cyclotrons (voir point 4.2), le synchrotron, de taille beaucoup plus importante, permet d’atteindre des énergies de plusieurs gigaélectronvolts à l’aide d’accélérateurs successifs. En raison de la faible masse des particules (généralement des électrons), l’accélération occasionnée par la courbure de leur trajectoire dans un anneau de stockage produit une onde électromagnétique lorsque les vitesses atteintes deviennent relativistes : le rayonnement synchrotron. Ce rayonnement est collecté à différents endroits, appelés les «lignes de lumière», et est utilisé pour mener des expériences scientifiques.

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