Rapport de l'ASN 2019
FAITS MARQUANTS 2019 Le dimensionnement des centrales nucléaires face au risque de séisme 1. Une étude de paléosismicité consiste à effectuer des tranchées à travers la trace en surface d’une faille active dans le but d’identifier des séismes ayant affecté la région étudiée. Les séismes font partie des risques naturels auxquels les ins‑ tallations nucléaires doivent pouvoir résister. Des dispositions parasismiques sont prises à la conception des installations et reconsidérées tous les 10 ans en fonction de l’évolution des connaissances, à l’occasion des réexamens périodiques. En France, la caractérisation de l’aléa sismique auquel chaque installation nucléaire de base doit pouvoir faire face est fondée sur une approche déterministe, détaillée dans la règle fondamentale de sûreté 2001‑01. Cette règle est com‑ plétée par le Guide 2/01 de l’ASN, qui définit les dispositions de conception parasismique des ouvrages de génie civil. La méthode de caractérisation de l’aléa consiste à : ∙ ∙ déterminer d’abord le « séisme maximal historiquement vraisemblable» (SMHV), qui correspond à une période de retour d’environ 1 000 ans. Ce niveau de séisme peut être considéré comme le plus intense «de mémoire d’homme» recensé dans la région considérée ; ∙ ∙ définir ensuite le « séisme majoré de sécurité » (SMS), qui correspond à une augmentation de la magnitude du SMHV de 0,5 sur l’échelle de Richter. De plus, le SMS est placé forfaitairement, dans la zone sismotectonique à laquelle il appartient, au plus près du site nucléaire. Le SMS présente donc des marges par rapport au séisme his‑ torique recensé dans la région considérée : il est plus intense et il est placé au plus près du site nucléaire. Pour certains sites, la prise en compte des données de paléosismicité (1) peut conduire à compléter les mouvements associés aux SMS. EDF réévalue tous les 10 ans, à l’occasion des réexamens périodiques de ses installations, le niveau de séisme à prendre en compte dans la démonstration de sûreté. Cette réévaluation est menée au regard de l’évolution des connaissances historiques et des éventuels séismes étant intervenus depuis la dernière réévaluation. Elle conduit régulièrement EDF à renforcer des parties de ses installations. Par ailleurs, l’ASN peut demander, sans attendre le réexamen périodique, de considérer tout événement qui remettrait en cause les hypothèses retenues pour la conception d’une installation. Ainsi, l’ASN a demandé à EDF de déterminer, une fois qu’il aura été caractérisé, si le séisme du Teil du 11 novembre 2019 doit conduire à réévaluer le SMHV et donc le SMS des centrales nucléaire de Cruas et du Tricastin. Si tel est le cas, EDF devra déterminer si cette réévaluation doit conduire à renforcer ses installations. L’ASN contrôlera l’ensemble du processus et prendra position sur ce sujet. Après l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima, l’ASN a par ailleurs demandé à EDF de vérifier la robustesse de ses centrales nucléaires à un niveau de séisme encore plus important, le «séisme noyau dur» (SND), pour lequel les prin‑ cipales fonctions de sûreté doivent pouvoir être assurées. Les mouvements du sol (accélérations) correspondant au SND doivent être plus importants que ceux du SMS majorés de 50% et plus importants que ceux des séismes ayant une période de retour de 20 000 ans. Pour répondre à cette exi‑ gence, EDF a défini un « noyau dur » de matériels (par exemple, les groupes électrogènes d’ultime secours) résistant au SND, qui sont en cours de déploiement sur ses réacteurs. À SAVOIR Le concept de «noyau dur» vise à disposer de structures et équipements résistant à des événements et assurant les fonctions fondamentales pour la sûreté des installations et pour la gestion de crise du site. Centrale nucléaire de Cruas-Meysse Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2019 21
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