Rapport de l'ASN 2019

Le fonctionnement des réacteurs nucléaires en période de canicule Les températures auxquelles doivent pouvoir faire face les réacteurs nucléaires considérées dans la démonstration de sûreté sont régulièrement réévaluées, notamment à l’occa‑ sion des réexamens périodiques. Ces réévaluations prennent en compte les évolutions climatiques. Une période de canicule a trois conséquences principales sur le fonctionnement des réacteurs nucléaires. Le fonctionnement des systèmes de sûreté en période de canicule En cas d’épisode caniculaire, des équipements de ventilation et de climatisation sont nécessaires pour garantir le fonction‑ nement des systèmes de sûreté des réacteurs nucléaires. Depuis les canicules de 2003 et 2006, EDF a renforcé les capacités de ventilation et de climatisation des locaux dans lesquels sont situés les systèmes de sûreté. Ces dispositifs requis en cas de canicule font l’objet d’actions préventives d’entretien, de contrôle et de maintenance. Les règles géné‑ rales d’exploitation des réacteurs prévoient les conduites à tenir en cas de défaillance de ces équipements. Ces conduites requièrent, en cas de besoin, la mise en œuvre de mesures spécifiques, voire l’arrêt du réacteur. En complément, EDF prévoit des règles particulières de conduite qui adaptent, entre avril et octobre de chaque année, le niveau de mobilisation des organisations internes en fonction des prévisions météorologiques. Le refroidissement du réacteur et la gestion des effluents en cas de sécheresse et d’étiage Les réacteurs nucléaires doivent être refroidis en perma‑ nence pour assurer leur sûreté. À cette fin, de l’eau est préle‑ vée dans un cours d’eau ou dans la mer. Une période de sécheresse peut conduire à une baisse du niveau du cours d’eau et de son débit. L’exploitant doit s’as‑ surer en permanence que ceux‑ci restent suffisants pour refroidir les systèmes de sûreté. Ces paramètres sont spéci‑ fiques à chaque centrale nucléaire. Le débit du cours d’eau affecte également la dispersion des effluents liquides issus des réacteurs nucléaires. L’ASN a fixé, pour chaque centrale, une valeur minimale du débit du cours d’eau pour laquelle les rejets d’effluents peuvent être réalisés. En deçà de ce débit (situation d’étiage), les opérations de rejet d’effluents sont interdites et l’exploitant doit entreposer les effluents produits. La maîtrise des rejets thermiques L’eau prélevée dans les cours d’eau ou dans la mer pour refroidir le réacteur est, de manière générale, rejetée à une température plus élevée, soit directement, soit après refroi‑ dissement dans des tours aéroréfrigérantes permettant une évacuation partielle de la chaleur dans l’atmosphère. Dans le cas des centrales nucléaires utilisant un cours d’eau, l’ASN a défini pour chaque site les conditions de rejet de l’eau utilisée pour le refroidissement. Afin de préserver l’environne‑ ment, notamment l’écosystème, l’échauffement du cours d’eau dû au fonctionnement de la centrale nucléaire, ainsi que la température de l’eau à son aval sont encadrés par des valeurs limites. En cas de dépassement des valeurs limites, l’exploitant doit réduire la puissance du réacteur ou l’arrêter. Depuis 2006, l’ASN a intégré dans les décisions encadrant les rejets des centrales nucléaires des dispositions visant à définir à l’avance les modalités de fonctionnement des centrales nucléaires dans des conditions climatiques exceptionnelles conduisant à un échauffement significatif des cours d’eau. Ces dispositions particulières ne sont néanmoins applicables que si la sécurité du réseau électrique est en jeu. Un assouplis‑ sement temporaire des valeurs limites des rejets thermiques peut aussi être autorisé par l’ASN, à la demande d’EDF, en cas de besoin du réseau électrique, comme cela a été le cas durant les épisodes caniculaires des étés 2003 et 2006. Dans ce cas, la surveillance de l’environnement est renforcée. Lors des épisodes caniculaires de 2019, EDF a été amenée à arrêter plusieurs réacteurs et à réduire la puissance de certains autres. ACTUALITÉS DU CONTRÔLE La protection des centrales nucléaires face aux canicules et aux séismes L’année 2019 a été marquée en France par plusieurs épisodes caniculaires et par le séisme du Teil, survenu le 11 novembre 2019. La démonstration de sûreté des réacteurs nucléaires prend en compte ce type d’agressions d’origine naturelle. 20  Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2019

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