Rapport de l'ASN 2019
LES APPRÉCIATIONS DE L’ASN PAR EXPLOITANT ET PAR DOMAINE D’ACTIVITÉ La radioprotection des travailleurs et la sécurité au travail L’ASN relève, de manière globale, une dégradation de la prise en compte de la radioprotection dans les différentes centrales nucléaires. L’analyse des événements significatifs montre en particulier bien souvent une perception inadéquate des risques radiologiques. Toutefois, l’ASN a relevé des progrès dans la mise en œuvre des moyens de confinement des chantiers. Un accident mortel, dû à des problèmes d’organisation de chantier et de manutention, a été à déplorer en 2019. EDF a mis en place des actions d’amélioration sur les prin‑ cipaux risques pour les travailleurs à la suite des contrôles des inspecteurs du travail de l’ASN. Certaines situations de risques professionnels sont toutefois toujours préoc‑ cupantes et doivent être significativement améliorées. Elles concernent les risques liés aux équipements de tra‑ vail et particulièrement aux appareils de levage, les risques d’explosion et d’incendie et les risques électriques. Les appréciations centrale par centrale Les appréciations de l’ASN sur chaque centrale nucléaire sont détaillées dans les pages du Panorama régional de ce rapport. Certains sites se distinguent de manière positive : • dans le domaine de la sûreté nucléaire : Fessenheim, Saint‑Alban, et dans une moindre mesure, le Blayais ; • dans le domaine de la protection de l’environnement : Fessenheim, Saint‑Alban et Saint‑Laurent‑des‑Eaux ; • dans le domaine de la radioprotection : Saint‑Alban. D’autres sites sont au contraire en retrait sur au moins une de ces trois thématiques : • dans le domaine de la sûreté nucléaire : Flamanville, Golfech et Gravelines ; • dans le domaine de la protection de l’environnement : Flamanville, Cruas, Dampierre‑en‑Burly ; • dans le domaine de la radioprotection : Flamanville, Dampierre‑en‑Burly et Tricastin. Le réacteur EPR de Flamanville en cours de construction L’ASNconsidèreque lemanquede rigueur constatédans la réalisation et la surveillancede certaines opérations de soudage doit conduire EDF à étendre l’ampleur des vérifications à réaliser pour justifier du bon état de l’installation. Au-delà de ces vérifications, l’ASN estime que l’organisationmise en place pour la préparation de l’exploitation du réacteur EPR de Flamanville est globalement satisfaisante. Les écarts constatés sur les soudures des tuyauteries prin‑ cipales d’évacuation de la vapeur ont mis en évidence un manque demaîtrise des opérations de soudage et une défail‑ lance de la surveillance réalisée par EDF sur ses prestataires. L’ASN a ainsi demandé d’étendre la revue de la qualité des matériels du réacteur EPR de Flamanville à un périmètre plus large d‘équipements et de sous‑traitants, en adaptant la profondeur de la revue en fonction des enjeux. EDF doit encore compléter cette démarche. EDF doit par ailleurs être vigilante à ce que les réparations nécessaires et la fin du chantier soient réalisées en accordant la priorité à la qualité de réalisation et à la rigueur professionnelle. En 2019, l’ASN a constaté des améliorations en matière de qualification des matériels et de traçabilité des essais de démarrage. EDF doit toutefois encore faire évoluer ses pra‑ tiques concernant la justification de la représentativité des essais de démarrage. Les centrales nucléaires en démantèlement et les installations de gestion des déchets L’ASN considère que le niveau de sûreté des installations en démantèlement et de gestion des déchets est globalement satisfaisant, mais que le risque d’exposition des travailleurs aux rayonnements ionisants, enjeu principal du démantèlement, doit être mieux maîtrisé. Pour les installations en démantèlement d’EDF dont le combustible a déjà été évacué, la sûreté nucléaire consiste à maîtriser le confinement des substances radioactives. La grande majorité de ces substances se situe dans les caissons des réacteurs actuellement confinés, sans opérations de démantèlement pouvant les remettre en suspension (à l’exception de Chooz A et Superphénix). Les enjeux auxquels est confrontée EDF résident dans la radioprotection des travailleurs et la gestion des déchets. Concernant ces points, en 2019, EDF continue à avoir des difficultés à maîtriser le risque lié à la présence de radioélé‑ ments émetteurs de rayonnement alpha, plus particulière‑ ment dans l’installation de Chooz A. Par ailleurs, elle se heurte à la problématique de présence d’amiante, qui conduit à interrompre les chantiers pour permettre d’établir les mesures de protection adaptées et le désamiantage. De façon générale, les opérations de démantèlement en cours prennent du retard et les opérations majeures, concer‑ nant le démantèlement du cœur du réacteur, sont reportées. La maîtrise des délais en toute sûreté reste donc un enjeu majeur pour EDF. L’ASN estime qu’EDF doit renforcer le pilo‑ tage du projet de démantèlement de la centrale nucléaire de Fessenheim afin de disposer d’une vision globale du pro‑ jet, intégrant toutes ses interactions. Elle estime, en outre, qu’EDF doit améliorer son organisation pour établir et valider les décisions structurantes pour le scénario de démantèle‑ ment, à partir d’hypothèses justifiées et formalisées. 10 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2019
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