Rapport de l'ASN 2018

AUVERGNE-RHÔNE-ALPES LE PANORAMA RÉGIONAL DE LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE ET DE LA RADIOPROTECTION En matière de protection de l’environnement, l’ASN estime que les performances de la centrale nucléaire, tout en étant conformes à l’appréciation générale portée sur EDF, sont contrastées. L’ASN relève une fragilité persistante sur les systèmes de traitement des effluents radioactifs, ainsi que sur la question du confinement des effluents liquides. Concernant les déchets, leur gestion reste également perfectible. En matière de radioprotection, à l’issue d’une inspec‑ tion renforcée, l’ASN a relevé des lacunes dans la prise en charge d’intervenants contaminés, notamment s’agissant des contaminations au niveau de la peau. L’ASN a surtout relevé que le pilotage de cette question dans le système de gestion intégrée de la centrale nucléaire n’est pas suffisant. Au mois de juin 2019, le réacteur 1 de la centrale nucléaire du Tricastin sera le premier du parc français des réacteurs de 900 MWe d’EDF à procéder à sa quatrième visite décennale, étape du 4 e réexamen périodique . L’ASN portera une atten‑ tion toute particulière à cette visite décennale et déploiera un plan de contrôle spécifique. Les installations du cycle du combustible nucléaire  Les installations du cycle du Tricastin couvrent principale‑ ment les activités de l’amont du cycle du combustible et sont exploitées depuis fin 2018 par un exploitant unique, Orano Cycle. Le site comporte: •  l’installation TU5  (INB 155) de conversion de nitrate d’uranyle UO 2 (NO 3 ) 2  issu du retraitement de combustibles usés en sesquioxyde d’uranium (U3O8); •  l’usine W (ICPE dans le périmètre de l’INB) de conversion d’UF 6  appauvri en U 3 O 8  ; •  l’installation ex‑Comurhex (INB 105) de conversion de tétrafluorure d’uranium (UF 4 ) en hexafluorure d’uranium (UF 6 ); •  l’usine Georges Besse I  (INB 93) d’enrichissement de l’UF 6 par diffusion gazeuse; •  l’usine Georges Besse II  (INB 168) d’enrichissement de l’UF 6 par centrifugation; •  les parcs uranifères du Tricastin (INB 178 et 179) d’entrepo‑ sage d’uranium sous forme d’oxydes ou UF 6  ; •  les ateliers de maintenance, de traitement des effluents et de conditionnement de déchets (ex‑Socatri) (INB 138); •  le laboratoire Atlas d’analyse des échantillons de procédé et de surveillance de l’environnement (INB 176); •  une installation nucléaire de base secrète (INBS), qui regroupe notamment des parcs d’entreposage dematières nucléaires pour la quasi‑totalité à usage civil. À l’issue des inspections qu’elle a conduites sur le site en 2018, l’ASN considère que le niveau de sûreté des installations du site Orano Cycle du Tricastin a progressé, notamment grâce à l’arrêt progressif des installations les plus anciennes, à la mise en service d’installations présentant des standards de sûreté réévalués et à la fin des travaux issus du retour d’ex‑ périence de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima. L’inspection de revue que l’ASN a menée en 2018 sur le site, comprenant notamment plusieurs exercices et mises en situation, a mis en évidence que l’organisation et les moyens de gestion de crise, mutualisés, permettent de gérer une situation d’urgence quelle que soit l’installation accidentée. L’ASN considère, de plus, que la présence d’une force d’inter‑ vention locale, son organisation, les moyens à sa disposition et sa qualité d’intervention constituent un atout dans l’orga‑ nisation de crise de la plateforme Orano Cycle du Tricastin, dont l’exploitation des installations présente des risques d’ac‑ cidents chimiques et nucléaires. À l’issue des autres inspections conduites en 2018, au niveau de la plateforme et de la direction centrale du site, l’ASN considère qu’Orano Cycle doit améliorer le suivi des enga‑ gements pris auprès de l’ASN et renforcer la surveillance des prestataires. Les transports de substances radioactives, qui sont désormais organisés de façon centralisée, sont gérés de façon satisfaisante. Usines Orano Cycle de chimie de l’uranium TU5 et W L’INB 155, dénommée TU5 , peut mettre en œuvre jusqu’à 2000 tonnes d’uranium par an, ce qui permet de traiter la totalité du nitrate d’uranyle (UO 2 (NO 3 ) 2 ) issu de l’usine Orano Cycle de La Hague pour le convertir en U 3 O 8  (composé solide stable permettant de garantir des conditions d’entreposage de l’uraniumplus sûres que sous forme liquide ou gazeuse). Une fois converti, l’uranium de retraitement est entreposé sur le site du Tricastin. L’usineW, située dans le périmètre de l’INB 155, permet quant à elle de traiter l’UF 6  appauvri, issu de l’usine Georges Besse 2, pour le stabiliser en U3O8. L’ASN considère que les installations situées dans le péri‑ mètre de l’INB 155 sont exploitées avec un niveau de sûreté satisfaisant. Pour l’usine TU5, l’année 2018 a été marquée par la mise en œuvre des engagements pris dans le cadre du réexa‑ men périodique de sûreté de l’installation. L’avancement des engagements pris dans ce cadre, ainsi que l’organisation mise en place pour assurer leur suivi régulier, ont été contrô‑ lés par l’ASN et se révèlent satisfaisants. Après la fin des essais, la nouvelle unité d’émission de l’UF 6  (EM3) de l’usine W a été mise en service mi-2018 et est en phase de fiabilisation. Cette nouvelle unité présente un meilleur niveau de confinement en cas de fuite d’UF 6  et de résistance aux agressions internes (incendie, explosion…) comme externes (séisme). L’ancienne unité a été mise à l’ar‑ rêt dans les délais fixés par l’ASN (30 juin 2018). La décision de l’ASN fixant les prescriptions applicables à l’usine W a été modifiée en mai 2018 pour encadrer le fonctionnement de l’unité EM3. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2018  31

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