Rapport de l'ASN 2018

2.9  ̶  Le retour d’expérience de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima À la suite de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima, l’ASN a pris un ensemble de décisions en date du 5 mai 2011 demandant aux exploitants d’installations nucléaires importantes de procéder à des évaluations complémentaires de sûreté (ECS). Les conclusions de ces ECS ont fait l’objet d’une position de l’ASN le 3 janvier 2012 , qui a elle‑même fait l’objet d’un examen par des pairs européens, en avril 2012, dans le cadre des stress tests européens . Sur la base de l’avis des groupes permanents d’experts et des conclusions des stress tests européens, l’ASN a pris un ensemble de décisions en date du 26 juin 2012   demandant à EDF de mettre en place : ∙ ∙ un « noyau dur » de dispositions matérielles et organisation‑ nelles visant, en cas d’agression externe extrême, à : ҃҃ prévenir un accident avec fusion du combustible ou en limi‑ ter la progression ; ҃҃ limiter les rejets radioactifs massifs ; ҃҃ permettre à l’exploitant d’assurer les missions qui lui incombent dans la gestion d’une situation d’urgence ; ∙ ∙ un centre de crise local, permettant de gérer une situation d’urgence sur l’ensemble du site nucléaire en cas d’agression externe extrême ; ∙ ∙ une force d’action rapide nucléaire (FARN) permettant, sur la base de moyens mobiles extérieurs au site, d’intervenir sur un site nucléaire en situation pré‑accidentelle ou accidentelle ; ∙ ∙ un ensemble d’actions correctives ou d’améliorations, notam‑ ment l’acquisition de moyens de communication et de protec‑ tion radiologique complémentaires, la mise en place d’instru‑ mentations complémentaires, la prise en compte de risques d’agressions internes et externes de manière étendue, le ren‑ forcement de la prise en compte des situations d’urgence. L’ASN a complété ses demandes par un ensemble de décisions en date du 21 janvier 2014   visant à préciser certaines disposi‑ tions de conception du «noyau dur», en particulier, la définition et la justification des niveaux d’agressions naturelles externes extrêmes à retenir pour le « noyau dur ». De façon générale, les demandes de l’ASN s’inscrivent dans un processus d’amélioration continu de la sûreté au regard des objectifs fixés pour les réacteurs de troisième génération, et visent, en complément, à faire face à des situations très au‑delà des situations habituellement retenues pour ce type d’installation. Ces demandes sont prises en application de la démarche de défense en profondeur et, à ce titre, portent sur des mesures de prévention et de limitation des conséquences d’un accident, sur la base, à la fois, de moyens fixes complémentaires et de moyens mobiles externes prévus pour l’ensemble des installations d’un site au‑delà de leur conception initiale. Compte tenu de la nature des travaux demandés, il est néces‑ saire que l’exploitant procède à des études de conception, de construction et d’installation de nouveaux équipements qui nécessitent, d’une part, des délais et, d’autre part, une pla‑ nification pour leur mise en place sur chacune des centrales nucléaires de manière optimale. En effet, dans la mesure où ces travaux importants se déroulent sur des sites nucléaires en fonctionnement, il est aussi nécessaire de veiller à ce que leur réalisation ne dégrade pas la sûreté des centrales nucléaires. Pour apporter au plus tôt les améliorations nécessaires au retour d’expérience de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima tout en prenant en compte les contraintes liées à l’ingénierie de ces grands travaux, la mise en place de ces améliorations est prévue par EDF en trois phases. • Phase 1 (2012‑2015) Mise en place de dispositions temporaires ou mobiles visant à renforcer la prise en compte des situations principales de perte totale de la source froide ou de perte des alimentations électriques. À la fin 2015, EDF avait déployé les dispositions prévues dans la phase 1 qui est maintenant achevée. En particulier, des moyens de connexions ont été installés afin que, en cas de crise, il soit possible de connecter des moyens mobiles pour apporter de l’eau. Par ailleurs, la FARN, qui est l’un des prin‑ cipaux moyens de gestion de crise, a été mise en place. Depuis le 31 décembre 2015, les équipes de la FARN ont une capacité d’intervention simultanée sur l’ensemble des réacteurs d’un site en moins de 24 heures (jusqu’à six réacteurs dans le cas du site de Gravelines ) . • Phase 2 (2015‑2021) Mise en œuvre de certains moyens définitifs de conception et d’organisation robustes vis‑à‑vis d’agressions extrêmes visant à faire face aux principales situations de perte totale de la source froide ou de perte des alimentations électriques au‑delà des référentiels de sûreté en vigueur. Les mesures les plus impor‑ tantes sont : ∙ ∙ la mise en place d’un diesel d’ultime secours de grande puis‑ sance nécessitant la construction d’un bâtiment dédié ; ∙ ∙ la mise en place d’une source d’eau ultime ; Report des mises en service des diesels d’ultime secours (DUS) L’ASN a imposé à EDF, dans ses décisions du 26 juin 2012 prises au vu des conclusions des évaluations complémentaires de sûreté réalisées à la suite de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, la mise en place avant le 31 décembre 2018 d’un moyen d’alimentation électrique supplémentaire permettant notamment d’alimenter, en cas de perte des autres sources électriques externes et internes, les systèmes et composants appartenant au «noyau dur». En réponse à ces prescriptions, EDF a engagé la construction de groupes électrogènes dénommés «diesels d’ultime secours» (DUS). EDF a informé l’ASN de son impossibilité, pour 54 réacteurs, de respecter l’échéance du 31 décembre 2018 pour la mise en place de ces diesels d’ultime secours. L’ASN a considéré que les difficultés rencontrées par EDF sont avérées et que certaines d’entre elles subsistent encore. Elles résultent notamment de l’ampleur, de la complexité des opérations et des particularités de certains sites. L’ASN a modifié le calendrier de mise en service des diesels d’ultime secours compte tenu des difficultés techniques rencontrées par EDF. L’ASN a assorti ce rééchelonnement, qui s’étend jusqu’au 31 décembre 2020, de prescriptions relatives au renforcement de la robustesse des sources électriques existantes. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2018  305 10 – LES CENTRALES NUCLÉAIRES D’EDF 10

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