Rapport de l'ASN 2018

AUVERGNE-RHÔNE-ALPES LE PANORAMA RÉGIONAL DE LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE ET DE LA RADIOPROTECTION de l’environnement. L’ASN estime donc nécessaire qu’EDF mette en place rapidement des actions structurantes pour restaurer, sur le terrain, les capacités techniques requises pour maintenir la conformité de ses installations aux exi‑ gences de conception, fabrication, réalisation et exploitation des matériels. Enmatière de sûreté nucléaire, l’ASN note quelques progrès par rapport à 2017. La centrale nucléaire de Cruas‑Meysse affiche un meilleur respect des spécifications techniques d’exploitation, avec des indicateurs en progrès depuis cinq ans. L’ASN note ainsi un recul du nombre d’arrêts auto‑ matiques, ainsi qu’une meilleure gestion des activités qui consistent à placer les organes des circuits dans une confi‑ guration donnée, de telle sorte que le circuit et les matériels répondent à des objectifs d’exploitation, de disponibilité et de sûreté. Fin 2017, l’ASN a pris une décision afin d’imposer à la centrale nucléaire de Cruas‑Meysse un renforcement du contrôle des opérations réalisées sur les matériels assurant la fonction de sûreté de maîtrise des réactions nucléaires en chaîne. L’ASN note qu’EDF s’est correctement saisie du sujet, notamment en identifiant des difficultés en matière de for‑ mation du personnel et des lacunes dans la connaissance de certains matériels ou le pilotage du réacteur. Une inspec‑ tion de récolement de cette décision a montré qu’EDF avait mis en place une organisation satisfaisante pour répondre aux enjeux associés à la décision de l’ASN. Cependant, la déclaration par EDF d’un événement significatif au mois de septembre 2018 montre qu’EDF doit encore poursuivre ses efforts et maintenir son niveau de vigilance sur cette thématique. La question de l’incendie reste préoccupante sur le site. Malgré une diminution du nombre de départs de feu en 2018, l’ASN considère que l’organisation de la centrale nucléaire sur cette question doit impérativement être renforcée. Dans le domaine des arrêts de réacteur, l’ASN considère que la situation est mitigée; EDF doit progresser dans la qualité de la préparation des arrêts de réacteurs, par une sécurisa‑ tion de ses processus internes. Enmatière de protection de l’environnement, l’année 2018 a été marquée par deux pollutions de la nappe phréatique pendant l’été, au tritium et aux hydrocarbures. Dans le domaine de la radioprotection, l’année 2018 se situe dans la continuité des années précédentes, avec une dosi‑ métrie collective maîtrisée, mais des difficultés à obtenir des niveaux satisfaisants de propreté radiologique lors des arrêts de réacteur et un défaut de maîtrise des accès aux zones présentant de forts enjeux dosimétriques. Site du Tricastin Le site nucléaire du Tricastin, situé dans la Drôme et le Vaucluse, constitue un vaste site industriel accueillant la plus importante concentration d’installations nucléaires et chimiques de France. Il regroupe de nombreuses installations, avec une centrale nucléaire comprenant quatre réacteurs de 900 MWe, des installations du cycle du combustible nucléaire et, enfin, une Base chaude opérationnelle (BCOT) qui assure des opérations de maintenance et d’entreposage. Il est situé sur la rive droite du canal de Donzère‑Mondragon (canal de dérivation du Rhône) entre Valence et Avignon. Il s’étend sur une surface de 800 hectares répartie sur trois communes, Saint‑Paul‑Trois‑Châteaux et Pierrelatte dans la Drôme, Bollène dans le Vaucluse. Centrale nucléaire du Tricastin La centrale nucléaire du Tricastin est constituée de quatre réacteurs à eau sous pression d’une puissance de 900 MWe chacun : les réacteurs 1 et 2, mis en service en 1980, consti‑ tuent l’INB 87, les réacteurs 3 et 4, mis en service en 1981, constituent l’INB 88. L’ASN considère que les performances globales de la cen‑ trale nucléaire du Tricastin en matière de sûreté nucléaire, de protection de l’environnement rejoignent globalement l’appréciation générale des performances que l’ASN porte sur EDF. L’ASN considère en revanche que les performances en matière de radioprotection sont en retrait par rapport à la moyenne nationale. En 2016 et 2017, l’ASN a imposé des arrêts de tout ou par‑ tie de l’installation en raison, d’une part, de la question des ségrégations de carbone des générateurs de vapeur, d’autre part, du défaut de tenue au séisme de la digue protégeant la centrale nucléaire du Tricastin contre l’inondation. L’ASN constate que la gestion de ces arrêts puis des redémarrages simultanés des réacteurs du Tricastin représentait un réel enjeu pour EDF, qui a globalement su les gérer, sans évé‑ nement significatif marquant. En matière de sûreté nucléaire, si les performances de la centrale nucléaire ont été satisfaisantes jusqu’à la fin de l’été, avec des domaines en progrès (respect des spécifica‑ tions techniques d’exploitation, mise en configuration de circuits, traitement des alarmes en salle de commande…), l’ASN a cependant constaté une fragilité dans la qualité d’exploitation à l’automne, avec la déclaration de douze évé‑ nements significatifs du domaine de la sûreté en septembre et octobre 2018. L’ASN relève que la centrale nucléaire du Tricastin reste fragile dans le domaine des essais pério‑ diques. Sur le plan de la maintenance, l’ASN constate que, malgré l’important programme industriel de l’année 2018, les arrêts pour maintenance programmée et renouvelle‑ ment partiel du combustible ont été maîtrisés de manière globalement satisfaisante. 30  Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2018

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