Rapport de l'ASN 2018

EDF a également engagé un programme de veille climatique afin d’anticiper les évolutions du climat qui pourraient remettre en cause les hypothèses de températures retenues dans son référentiel. En ce qui concerne les réacteurs de 900 MWe, l’ASN a donné son accord en 2012 à la déclinaison du référentiel et à l’intégra‑ tion des modifications qui en découlent. L’ASN a également demandé à EDF de prendre en compte ses remarques formulées lors de cette instruction pour l’élaboration et la déclinaison des référentiels des autres types de réacteurs. L’ASN a demandé en 2016 à EDF de prendre en compte le retour d’expérience des événements caniculaires de 2015 et 2016 ainsi que leurs effets sur les installations dans le cadre des études prévues pour les quatrièmes réexamens périodiques des réacteurs de 900 MWe. Les conclusions de ces études pourront, le cas échéant, être prises en compte lors de la révision des études relatives aux autres types de réacteurs. • Les risques liés à la foudre Les mesures relatives au risque de foudre pour les centrales nucléaires reposent actuellement principalement sur les dispo‑ sitions prévues par la réglementation relative aux installations classées pour la protection de l’environnement. Cette réglemen‑ tation impose la réalisation d’une analyse des risques liés à la foudre visant à identifier le besoin ou non de protection pour les différents bâtiments et d’une étude technique qui détermine la nature des systèmes de protection à mettre en place (princi‑ palement des parafoudres et des paratonnerres), le lieu de leur implantation ainsi que les modalités de leur vérification et de leur maintenance. Dans le cadre du quatrième réexamen périodique des réacteurs de 900 MWe, l’ASN a indiqué à EDF que l’application de cet arrêté ne permet pas d’atteindre un niveau de sûreté suffisant pour les centrales nucléaires et a lui demandé de transmettre une nouvelle méthodologie prenant notamment en compte les cumuls plausibles avec d’autres agressions et les effets induits de la foudre (incendie et perte des alimentations électriques externes). La nouvelle méthodologie proposée par EDF fait actuellement l’objet d’une instruction par l’ASN. • Autres agressions La démonstration de sûreté des centrales nucléaires d’EDF prend également en compte d’autres agressions comme les grands vents, la neige, les tornades, les températures froides de l’air, les agressions d’origine anthropique (transport de matières dangereuses, installations industrielles, chute d’aéronefs…) et les agressions de la source froide. 2.4.6  –  L’évaluation de la maîtrise des risques liés aux agressions L’accident de la centrale nucléaire de Fukushima a conduit EDF à renforcer son organisation pour la maîtrise des risques liés aux agressions. En particulier, des réseaux de référents ont été constitués sur l’ensemble des centrales pour piloter la mise en œuvre des actions définies pour faire face à ces risques. Des revues annuelles sont également menées afin d’améliorer cette organisation. • Les risques liés aux incendies Sur la base de ses inspections, l’ASN constate que la prise en compte du retour d’expérience en matière de risque d’incendie est plutôt satisfaisante et que la rénovation du système de détec‑ tion incendie se poursuit sur les réacteurs nucléaires. Le nombre de départs de feu enregistrés pour l’année 2018 est inférieur à celui de 2017. Toutefois, des constats déjà effectués les années précédentes restent d’actualité sur certains sites inspectés : ∙ ∙ une gestion pas toujours adaptée des anomalies de sectorisa‑ tion des locaux afin de prévenir la propagation d’un incendie; ∙ ∙ des écarts liés à la gestion des inhibitions de la détection incendie ; ∙ ∙ des écarts de gestion des entreposages de matériels qui repré‑ sentent des potentiels calorifiques importants, notamment lors des phases d’arrêt de réacteur ; ∙ ∙ des écarts dans la mise en œuvre des permis de feu, et une gestion pas toujours adaptée des mesures compensatoires qui sont définies dans les analyses du risque d’incendie ; ∙ ∙ des fragilités dans la maintenance des matériels fixes d’aspersion ; ∙ ∙ des difficultés d’accessibilité des matériels de lutte contre l’incendie ; ∙ ∙ des fragilités dans le domaine de la lutte contre l’incendie. En 2018, l’ASN a réalisé des inspections ayant pour thème la maîtrise des risques liés à l’incendie sur l’ensemble des cen‑ trales nucléaires et a demandé la mise en œuvre d’actions cor‑ rectives visant à remédier aux constats réalisés. L’ASN constate les efforts entrepris par certains sites pour réduire ces écarts par le déploiement d’outils et de plans d’action mais considère que ces derniers, pour être efficaces, doivent faire l’objet d’un meilleur accompagnement auprès du personnel. Ainsi l’ASN a constaté qu’EDF a notamment engagé, en 2018, un plan d’action visant à identifier les locaux particu‑ lièrement sensibles au risque d’incendie et à fiabiliser, dans ces derniers, la maîtrise des risques liés à cette agression. Par ailleurs, les délais de résorption de certains écarts ou de mise en œuvre d’actions correctives issues du retour d’expé‑ rience méritent d’être réduits. L’ASN a demandé à EDF de porter une attention particulière à la gestion des matières combustibles introduites dans le bâtiment du réacteur, notamment lors des phases d’arrêt de réacteur. • Les risques liés aux explosions Malgré les actions engagées par EDF, la maîtrise des risques liés aux explosions n’est pas encore satisfaisante sur l’ensemble des réacteurs nucléaires. Certaines actions de maintenance et de contrôles demandées par la doctrine interne d’EDF ne sont pas mises en œuvre de manière satisfaisante. De plus, l’ASN constate que la mise à jour de certains documents (procédures d’essais périodiques et documents relatifs à la protection contre les explosions), l’intégration du retour d’expérience, le traite‑ ment de certains écarts et le déploiement de certaines modifi‑ cations font parfois l’objet de reports qui ne sont pas toujours justifiés au regard des conséquences potentielles pour la sûreté. L’ASN constate les efforts entrepris par EDF pour réduire ces écarts, par la mise en place d’un suivi renforcé et le déploiement de plans d’action. Toutefois, l’ASN considère qu’EDF doit conti‑ nuer à exercer une attention toute particulière à ce sujet, ainsi qu’à l’application de la réglementation relative aux risques liés à la formation d’atmosphères explosives (ATEX), et s’assurer que la démarche de prévention des risques d’explosion est déclinée avec toute la rigueur nécessaire sur l’ensemble des sites. • Les risques liés aux inondations internes Les dispositions de prévention et de maîtrise du risque d’inon‑ dation interne font également l’objet de contrôles réguliers de l’ASN. Il ressort de ces inspections que les mesures prises pour maîtriser ce type d’agression ne sont pas au niveau attendu pour l’ensemble des sites. L’ASN constate en particulier que sur certains sites, le réseau de référents est encore en cours de mise en place et n’est pas totalement opérationnel. 290  Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2018 10 – LES CENTRALES NUCLÉAIRES D’EDF

RkJQdWJsaXNoZXIy NjQ0NzU=