Rapport de l'ASN 2018

La gestion du maintien de la qualification des équipements aux conditions accidentelles devrait être améliorée, en particulier pour l’intégration par les sites des documents prescriptifs en raison de documents opérationnels inadaptés ou mal appli‑ qués. Les opérations de requalification des équipements après des travaux de maintenance ne permettent pas toujours de détecter une mauvaise réalisation des travaux. En consé‑ quence, les phases de redémarrage des réacteurs constituent trop souvent l’occasion de détecter des défauts de qualité de maintenance, ce qui peut prolonger de manière significative ces phases. La méthode de maintenance AP-913 (voir 2.4.3) est de nature à permettre à l’exploitant de disposer d’une meilleure connais‑ sance de l’état de ses installations et d’en assurer une mainte‑ nance plus régulière. Toutefois, l’ASN considère que des actions volontaristes doivent être engagées par EDF pour renforcer ses processus de maintenance. En particulier, EDF doit encadrer davantage leur mise en œuvre et y allouer les moyens néces‑ saires. Par ailleurs, EDF doit s’assurer que l’ensemble des inter‑ venants respecte les méthodes préconisées pour le renseigne‑ ment des indicateurs de suivi des matériels, la préparation, la réalisation et le compte rendu des visites de terrain ainsi que la traçabilité des décisions de maintenance. Malgré cela, l’ASN considère que la plupart des sites ont réussi à s’organiser pour mener à bien des opérations de maintenance conséquentes, comme par exemple la préparation et la réali‑ sation des visites décennales qui mobilisent fortement leurs ressources, notamment les plus expérimentées, en raison des phases de maintenance particulièrement intenses. Dans la perspective de la poursuite du fonctionnement des réacteurs, du programme « grand carénage » et du retour d’expé­ rience de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima, l’ASN considère important qu’EDF poursuive ses efforts enga‑ gés pour remédier aux difficultés rencontrées et pour améliorer l’efficacité de ses activités de maintenance. 2.4.5  –  La prévention des effets des agressions internes et externes • Les risques liés aux incendies Les centrales nucléaires, comme les autres installations nucléaires de base, sont soumises à la décision n° 2014-DC- 0417 de l’ASN du 28 janvier 2014 relative aux règles applicables aux installations nucléaires de base pour la maîtrise des risques liés à l’incendie. La prise en compte du risque d’incendie dans les centrales nucléaires repose sur le principe de défense en profondeur fondé sur les trois niveaux que sont la conception des installa‑ tions, la prévention et la lutte contre l’incendie. Des règles de conception doivent empêcher l’extension d’un incendie et en limiter les conséquences ; elles reposent principa‑ lement sur la «sectorisation incendie». Il s’agit d’un découpage de l’installation en secteurs et zones de cantonnement conçus pour circonscrire le feu dans un périmètre donné et délimité par des éléments (portes, murs et clapets coupe‑feu) présentant une durée de résistance au feu spécifiée. Elle a notamment pour objectif d’éviter la transmission d’un incendie à deux matériels assurant de manière redondante une fonction fondamentale de sûreté. La prévention consiste principalement à : ∙ ∙ veiller à ce que la nature et la quantité de matières combus‑ tibles dans les locaux restent en deçà des hypothèses retenues pour la sectorisation ; ∙ ∙ identifier et analyser les risques d’incendie pour prendre les mesures permettant de les éviter. En particulier, pour tous les travaux susceptibles de générer un incendie, un « permis de feu » doit être établi et des dispositions de protection mises en œuvre. Enfin, la détection des départs de feu et la lutte contre un incen‑ die doivent permettre l’attaque d’un feu et sa maîtrise en vue de son extinction dans des délais compatibles avec la durée de résistance au feu des éléments de sectorisation. L’ ASN contrôle la prise en compte du risque d’incendie dans les centrales nucléaires en se fondant notamment sur l’analyse des référentiels de sûreté de l’exploitant, le suivi des événe‑ ments significatifs qu’il déclare et les inspections réalisées sur les sites. Les risques importants associés à l’incendie ont fait l’objet de nombreuses demandes de l’ASN depuis 2003, et l’ASN a donc rappelé à EDF en 2016 qu’elle attend, dans le cadre du quatrième réexamen périodique des réacteurs de 900 MWe, une démonstration structurée et robuste fondée sur une approche de défense en profondeur. L’ASN instruit les méthodes de justifi­ cation produites par EDF. Celles‑ci seront soumises à l’avis du GPR en 2019. • Les risques liés aux explosions Une explosion peut endommager des éléments essentiels au maintien de la sûreté ou conduire à une rupture du confinement et à la dispersion de matières radioactives dans l’installation, voire dans l’environnement. Des dispositions doivent donc être mises en œuvre par l’exploitant pour protéger les parties sen‑ sibles de l’installation contre l’explosion. L’ASN contrôle ces mesures de prévention et de surveillance et veille particulièrement à la prise en compte du risque d’explo‑ sion dans le référentiel et l’organisation d’EDF. L’ASN s’assure également du respect de la réglementation «atmosphères explo‑ sives » (ATEX) pour la protection des travailleurs. • Les risques liés aux inondations internes Une inondation interne, c’est‑à‑dire provenant de l’intérieur de l’installation, peut entraîner des défaillances d’équipements nécessaires à l’arrêt sûr du réacteur, le refroidissement du combustible et le confinement des produits radioactifs. Des dispositions sont donc prises pour prévenir les inondations internes (maintenance des tuyauteries véhiculant de l’eau…) ou maîtriser leurs conséquences (présence de siphons de sol et pompes d’exhaure permettant d’évacuer l’eau, mise en place de seuils ou de portes étanches pour éviter la propagation de l’inondation…). Ces dispositions font l’objet de contrôles réguliers par l’ASN. L’ASN reste vigilante sur les risques d’inondation interne induits par un séisme, ainsi que sur la prise en compte du retour d’expérience et en particulier le traitement des écarts affectant certaines dispositions de protection contre l’inondation interne. • Les risques liés aux inondations externes L’inondation partielle de la centrale nucléaire du Blayais en décembre 1999 a amené les exploitants, sous le contrôle de l’ASN, à réévaluer la sûreté de leurs installations face à ce risque dans des conditions plus sévères qu’auparavant et à effectuer de nombreuses améliorations de la sûreté, selon un échéancier défini au regard des enjeux. Conformément aux prescriptions de l’ASN, EDF a achevé en 2014 les travaux requis sur l’ensemble de ses réacteurs électronucléaires. En parallèle, pour s’assurer d’une prise en compte plus exhaus‑ tive et plus robuste du risque d’inondation, dès la conception des installations, l’ASN a publié en 2013 le guide n° 13   relatif à la protection des installations nucléaires de base contre les inondations externes. Pour les installations existantes, l’ASN a 288  Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2018 10 – LES CENTRALES NUCLÉAIRES D’EDF

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