Rapport de l'ASN 2018

sévère d’une régulation de pression du circuit primaire du réacteur 5 de la centrale nucléaire du Bugey . Lors de ces inspections, l’ASN contrôle, d’une part, les modali‑ tés d’application des procédures de conduite en situation d’in‑ cident ou d’accident et, d’autre part, les aptitudes fonctionnelles de certains matériels nécessaires. Ces inspections intègrent quasi systématiquement une mise en situation des équipes d’EDF. Elles ont mis en lumière, en 2018, que la connaissance des consignes guidant les gestes que les opérateurs de terrain ont à accomplir mériterait d’être améliorée. L’ASN a également constaté que ces consignes contiennent parfois des erreurs, des imprécisions, voire des instructions impossibles à réaliser, qui n’avaient pas été identifiées lors des contrôles internes qu’EDF met en œuvre. Afin qu’EDF renforce sa capacité à maîtriser les situations d’accidents qui requièrent l’application de ces consignes, l’ASN a notamment demandé à EDF de renforcer ses contrôles techniques en phase de validation des documents mis à la disposition des opérateurs, de s’assurer de l’applicabilité in situ de ces documents avant leur mise en application, d’améliorer la clarté et l’opérabilité des documents encadrant l’utilisation des matériels mobiles en situation dégradée ou en situation d’urgence et de réaliser des mises en situation d’exercice avec l’utilisation des consignes locales. Les inspections sur l’organisation et les moyens de crise ont permis de confirmer un bon niveau d’appropriation des prin‑ cipes d’organisation, de préparation et de gestion des situations d’urgence relevant d’un plan d’urgence interne. Si le retour d’expérience des exercices et des situations réelles est bien réalisé par EDF, l’ASN constate que l’exploitant n’en tire pas encore pleinement le bénéfice dans la mesure où certains axes d’amélioration sont identifiés de manière récur‑ rente. Néanmoins, ce retour d’expérience montre que les relations entre chaque centrale nucléaire et les acteurs tiers impliqués dans la gestion d’une situation d’urgence (hôpitaux, services de secours) sont satisfaisantes et renforcent l’intérêt de tels exercices. Les centrales nucléaires d’EDF n’ont pas activé de PUI en 2018. L’ASN poursuivra en 2019 le contrôle de l’application des dispo‑ sitions de sa décision n° 2017-DC-0592 du 13 juin 2017 relative aux obligations des exploitants d’installations nucléaires de base en matière de préparation et de gestion des situations d’urgence et au contenu du plan d’urgence interne. La mise en conformité par rapport aux dispositions de la décision se poursuit. 2.4.3  –  Le contrôle de la maintenance des installations La maintenance préventive constitue une ligne de défense essentielle pour maintenir la conformité d’une installation à son référentiel de sûreté. Il s’agit d’une thématique importante qui fait l’objet de contrôles par l’ASN lors de ses inspections dans les centrales nucléaires. Afin d’améliorer la fiabilité des équipements participant à la sûreté mais aussi à la performance industrielle, EDF optimise ses activités de maintenance en s’inspirant d’autres pratiques de l’industrie conventionnelle et des exploitants de centrales nucléaires à l’étranger. Ainsi, EDF a engagé en 2010 le déploiement d’une nouvelle méthodologie de maintenance, dénommée AP-913, développée par les exploitants nucléaires américains. Le principal intérêt de cette méthode est de rendre les matériels plus fiables grâce à un suivi en service permettant d’améliorer la maintenance préventive. La déclinaison de cette méthodologie de maintenance repose sur la mise en œuvre des six processus suivants : ∙ ∙ l’identification des matériels critiques et la détermination des programmes de maintenance et de suivi associés ; ∙ ∙ la définition des exigences de suivi et de maintenance des matériels ; ∙ ∙ l’analyse des performances des matériels et des systèmes ; ∙ ∙ la définition et le pilotage des actions correctives ; ∙ ∙ l’amélioration continue des référentiels et du pilotage de la fiabilité ; ∙ ∙ la gestion du cycle de vie des matériels. Après un bilan du déploiement de l’AP-913 réalisé à la mi-2016, EDF a souhaité faire évoluer ses pratiques afin de garantir la qualité des gestes de maintenance, de recentrer le suivi des performances sur les matériels et systèmes à forts enjeux et d’optimiser le volume des opérations de maintenance. 2.4.4  –  L’évaluation de la maintenance L’ASN constate qu’EDF a mis en place des plans d’action pour réduire l’occurrence des défauts de qualité de maintenance, mais constate également que ceux‑ci persistent à un niveau encore trop élevé. Plusieurs d’entre eux auraient pu être évités par une meilleure prise en compte du retour d’expérience entre réacteurs, y compris sur un même site. Un manque d’attitude interrogative et de proactivité dans la mise en œuvre d’actions correctives adaptées est trop souvent observé pour l’identifica‑ tion et le traitement d’écarts liés à des activités de maintenance. L’ASN note toujours des défauts de maîtrise des activités dus à des difficultés dans l’approvisionnement des pièces de rechange, en particulier à cause de pièces de rechange non disponibles ou non conformes, mais la tendance à une légère amélioration observée en 2017 s’est confirmée en 2018. L’ASN observe également régulièrement un manque de rigueur dans les actions de contrôle technique des interventions et de surveillance des prestataires, ainsi que des déficiences dans la traçabilité et la fiabilisation des interventions. De plus, les intervenants doivent toujours faire face à des contraintes liées à l’organisation du travail, telles que la préparation insuffisante de certaines activités, des modifications imprévues de planning ou des problèmes de coordination des chantiers, qui provoquent des retards ou des reports d’activités. Ces difficultés sont plus particulièrement rencontrées lors des activités non planifiées, telles que le traitement d’aléas. La filière indépendante de sûreté (FIS) Au sein d’EDF, la FIS assure la vérification en matière de sûreté des actions et décisions prises par les services en charge de l’exploitation des installations. Sur chaque centrale nucléaire, la FIS est composée d’ingénieurs sûreté et d’auditeurs, qui assurent notamment chaque jour une vérification du niveau de sûreté des réacteurs. Le fonctionnement de chaque FIS est contrôlé et évalué, au niveau national, par la FIS de la Division de la production nucléaire d’EDF. Enfin, les services d’inspection interne d’EDF, notamment l’inspecteur général rattaché au président du groupe EDF, assisté d’une équipe d’inspecteurs, constituent le plus haut niveau de vérification indépendante de la sûreté nucléaire au sein du groupe EDF. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2018  287 10 – LES CENTRALES NUCLÉAIRES D’EDF 10

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