Rapport de l'ASN 2018

nocturne…) et l’entretien du matériel (projecteurs et accessoires) sont des facteurs qui ont contribué au blocage de la source dans au moins deux événements survenus en 2018. 3.2  ̶  Les irradiateurs industriels 3.2.1  –  Les équipements utilisés L’irradiation industrielle est employée pour la stérilisation de dispositifs médicaux, de produits pharmaceutiques ou cosmétiques et la conservation de produits alimentaires. Elle est également un moyen utilisé afin de modifier volontairement les propriétés de matériaux, par exemple pour le durcissement des polymères. Ces techniques d’irradiation de produits de consommation peuvent être autorisées car, à l’issue de leur traitement, ces produits ne présentent aucune radioactivité artificielle résiduelle (les produits sont stérilisés en passant dans un rayonnement sans être eux‑mêmes «activés» à l’issue du traitement). Les irradiateurs industriels utilisent souvent des sources de cobalt-60 dont l’activité peut être très importante et dépasser 250000 térabecquerels (TBq). Certaines de ces installations sont classées installations nucléaires de base (INB) (voir chapitre 12). Dans de nombreux secteurs, l’utilisation de sources scellées de haute activité pour l’irradiation de produits est progressivement remplacée par l’utilisation d’appareils électriques émettant des rayons X (voir point 1.3.1). 3.2.2  –  L’état de la radioprotection Hors INB, l’ASN a effectué cinq inspections dans ce secteur en 2018 sur 16 installations autorisées. Il ressort de ces contrôles que l’organisation de la radioprotection (notamment la dési‑ gnation d’un conseiller en radioprotection) et le zonage mis en place chez les exploitants inspectés sont satisfaisants, aucun écart réglementaire significatif n’ayant été constaté. Le risque est bien maîtrisé, notamment grâce à des installations qui sont correctement vérifiées, entretenues et maintenues conformes aux dispositions prévues dans les dossiers déposés lors des demandes d’autorisation. Par ailleurs, aucun événement signi‑ ficatif de radioprotection n’a été déclaré en 2018. 3.3  ̶  Les accélérateurs de particules 3.3.1  –  Les équipements utilisés Un accélérateur de particules est défini comme étant un appareillage ou une installation dans lequel des particules chargées électriquement sont soumises à une accélération, émettant des rayonnements ionisants d’une énergie supérieure à 1 mégaélectronvolt (MeV). Ces installations, lorsqu’elles répondent aux caractéristiques visées à l’article 3 du décret n° 2007‑830 du 11 mai 2007   relatif à la nomenclature des INB, sont répertoriées en tant qu’INB. La perte de contrôle de la source en gammagraphie La gammagraphie est une technique de contrôle non destructif consistant à positionner une source radioactive à proximité de l’élément à contrôler, de façon à obtenir un film radiographique permettant ensuite, par lecture du film, un contrôle de qualité de la pièce. La perte de contrôle de la source est l’une des principales causes d’accidents dans ce domaine. Elle peut conduire à de fortes expositions des travailleurs se trouvant à proximité, voire du public en cas de travaux en zone urbaine. Cette perte de contrôle se rencontre principalement dans deux situations : ཛྷ ཛྷ la source radioactive reste bloquée dans la gaine d’éjection. L’origine du blocage est souvent liée à la présence de corps étrangers dans la gaine ou à une dégradation de la gaine ; ཛྷ ཛྷ le porte‑source contenant le radionucléide n’est plus solidaire de la télécommande. Le câble reliant source et télécommande n’est pas correctement raccordé et la source ne peut plus être manœuvrée. En France, les gammagraphes répondent à des prescriptions techniques plus strictes que les standards internationaux. Toutefois, les défaillances de matériel ne peuvent pas être écartées, notamment en cas de mauvais entretien des appareils. Ces dernières années, de mauvaises manipulations ont parfois également été observées à la suite d’incidents de blocage de sources. Illustration concrète d’une perte de contrôle de source lors d’un chantier de gammagraphie sur la plateforme chimique SOBEGI à Lacq (64) Au début de la nuit du 26 juillet 2018, un incident de blocage de source de gammagraphie a eu lieu sur la plateforme chimique SOBEGI à Lacq (64). Le tir radiographique était réalisé par la société TENEO, avec un gammagraphe de type GAM80, chargé avec une source de sélénium-75 de 2,247 TBq. La source de sélénium est restée bloquée à quelques centimètres du projecteur, à 4 m de hauteur sur un échafaudage situé en extérieur. Le blocage a été correctement identifié par l’opérateur. L’entreprise détentrice de l’appareil a immédiatement mis en place un nouveau balisage et a alerté les responsables de la sécurité du site. L’équipe d’astreinte de l’ASN a été contactée au cours de la nuit du 26 au 27 juillet via le numéro vert d’appel d’urgence prévu à cet effet. La disposition du gammagraphe, en hauteur et en extérieur sur une plateforme étroite, a rendu difficiles les opérations de mise en sécurité. Deux protocoles d’intervention ont ainsi été nécessaires et successivement mis au point par ACTEMIUM (fabricant de l’appareil) en collaboration avec TENEO (entreprise utilisatrice), puis autorisés par l’ASN. Le périmètre de sécurité mis en place a été surveillé et gardienné en permanence pendant toute la durée de l’événement, soit pendant 17 jours. La surface occupée par ce périmètre a gêné le déroulement de chantiers programmés par l’exploitant de la plateforme. Une organisation dédiée à cet événement a donc été mise en place et la division de Bordeaux de l’ASN a organisé des audioconférences régulières avec l’ensemble des acteurs. Des inspecteurs de l’ASN se sont par ailleurs rendus sur le site en inspection inopinée, afin de vérifier la cohérence et la bonne surveillance du balisage. Les doses reçues par l’ensemble des travailleurs concernés par cet événement ont été correctement maîtrisées, la dose collective restant inférieure à 500 homme.µSv. L’expertise in situ du matériel a montré que le blocage était lié à la présence d’un caillou dans la gaine de la télécommande, au niveau du raccord entre le porte‑source et le câble de la télécommande. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2018  247 08 – LES SOURCES DE RAYONNEMENTS IONISANTS ET LES UTILISATIONS INDUSTRIELLES, VÉTÉRINAIRES ET EN RECHERCHE DE CES SOURCES 08

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