Rapport de l'ASN 2017

366 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2017 Chapitre 12  - Les centrales nucléaires d’EDF Compte tenu de la nature des travaux demandés, il est nécessaire que l’exploitant procède à des études de conception, de construc- tion et d’installation de nouveaux équipements qui nécessitent, d’une part, des délais, d’autre part, une planification pour leur mise en place sur chacune des centrales nucléaires de manière optimale. En effet, dans la mesure où ces travaux importants se déroulent sur des sites nucléaires en exploitation, il est aussi nécessaire de veiller à ce que leur réalisation ne dégrade pas la sûreté des centrales nucléaires. Pour prendre en compte les contraintes liées à l’ingénierie de ces grands travaux mais aussi au besoin d’apporter au plus tôt les améliorations nécessaires au retour d’expérience de l’accident de Fukushima, leur mise en place est prévue par EDF en trois phases. Phase 1 (2012-2015) Mise en place de dispositions temporaires ou mobiles visant à renforcer la prise en compte des situations principales de perte totale de la source froide ou de perte des alimentations électriques. À la fin 2015, EDF avait déployé les dispositions prévues. En particulier, la FARN, qui est l’un des principaux moyens de gestion de crise, a été mise en place. Depuis le 31 décembre 2015, les équipes de la FARN ont une capacité d’interven- tion simultanée sur l’ensemble des réacteurs d’un site en moins de 24 heures (jusqu’à six réacteurs dans le cas du site de Gravelines). Phase 2 (2015-2021) Mise en œuvre de certains moyens définitifs de conception et d’organisation robustes vis-à-vis d’agressions extrêmes visant à faire face aux principales situations de perte totale de la source froide ou de perte des alimentations électriques au-delà des référentiels de sûreté en vigueur. Les mesures les plus impor- tantes sont: ཛྷ ཛྷ la mise en place d’un diesel d’ultime secours de grande capa- cité nécessitant la construction d’un bâtiment dédié; ཛྷ ཛྷ la mise en place d’une source d’eau ultime; ཛྷ ཛྷ la mise en place d’un dispositif d’appoint d’eau ultime pour chaque réacteur et chaque piscine d’entreposage du combustible; ཛྷ ཛྷ le renforcement de la tenue sismique du filtre de l’évent de l’enceinte de confinement; ཛྷ ཛྷ la construction sur chaque site d’un centre de crise local capable de résister à des agressions externes extrêmes (fonctionnelle- ment autonome en situation de crise). EDF a engagé la mise en œuvre sur les différents sites d’une grande partie des moyens définitifs rappelés ci-dessus, notam- ment la construction des bâtiments destinés à accueillir les diesels d’ultime secours de grande capacité. L’ ASN inspecte la réalisa- tion des travaux. Phase 3 (à partir de 2019) Cette phase viendra compléter la phase 2, notamment pour per- mettre la prise en compte d’autres scénarios d’accidents poten- tiels. Les mesures les plus importantes sont: ཛྷ ཛྷ l’évacuation de la puissance résiduelle par les GV au moyen d’un circuit d’alimentation de secours ultime et indépendant, alimenté par la source d’eau ultime ; ཛྷ ཛྷ l’ajout d’une nouvelle pompe d’appoint au circuit primaire ; ཛྷ ཛྷ l’achèvement des raccordements par des circuits fixes de l’alimentation de secours des GV, du réservoir d’eau de refroidissement PTR et de la piscine de désactivation du combustible ; ཛྷ ཛྷ la mise en place d’un système de contrôle-commande ultime et de l’instrumentation définitive du « noyau dur » ; ཛྷ ཛྷ la mise en place d’un système ultime de refroidissement de l’enceinte ne nécessitant pas l’ouverture de l’évent fil- tré de l’enceinte de confinement en cas d’accident grave ; ཛྷ ཛྷ la mise en place d’une solution de noyage du puits de cuve pour prévenir la traversée du radier par le corium. La mise en place du « noyau dur » et en particulier les dis- positions des phases 2 et 3 nécessitent de valider les hypo- thèses de conception des dispositions matérielles, de vérifier que les solutions proposées par l’exploitant permettent de répondre aux objectifs de sûreté fixés et que celles-ci sont technologiquement réalisables. Sur la base des dossiers transmis par EDF et des études réa- lisées, l’ASN a sollicité l’avis du GPR sur les points les plus importants de ces dossiers. À ce jour, trois réunions du GPR ont eu lieu : ཛྷ ཛྷ le GPR a été consulté les 28 janvier et 10 février 2016 sur la définition et la justification des niveaux d’aléas naturels retenus par EDF pour le « noyau dur ». Cet examen a per- mis de définir les niveaux d’aléas à retenir pour la concep- tion du « noyau dur » et a conduit l’ASN à demander, sur certains points, des précisions complémentaires à EDF ; ཛྷ ཛྷ la séance du 7 juillet 2016 a porté sur les dispositions nou- velles proposées par EDF afin de limiter les conséquences d’un accident de fusion du cœur à court et long terme. Cet examen a permis à l’ASN de valider le principe des dis- positions nouvelles proposées par EDF afin de limiter les conséquences d’un accident de fusion du cœur. Sur cer- tains points l’ASN a demandé à EDF des précisions et des études complémentaires ; ཛྷ ཛྷ la séance du 2 février 2017 a porté principalement sur les stratégies de conduite des accidents pouvant surve- nir sur le réacteur et la piscine ainsi que sur l’adéquation fonctionnelle des matériels (nouveaux ou existants) avec ces dernières. 2.10 La poursuite du fonctionnement des centrales nucléaires 2.10.1 L’âge des centrales nucléaires Les centrales nucléaires actuellement en fonctionnement en France ont été construites sur une période de temps assez courte : 45 réacteurs électronucléaires représentant près de 50 000 MWe, soit les trois quarts de la puissance délivrée par l’ensemble des réacteurs électronucléaires français, ont été mis en service entre 1980 et 1990, et sept réacteurs, repré- sentant 10000 MWe, entre 1991 et 2000. En décembre 2017, la moyenne d’âge des réacteurs, calculée à partir des dates de première divergence, se répartit comme suit : ཛྷ ཛྷ 36 ans pour les 34 réacteurs électronucléaires de 900 MWe ; ཛྷ ཛྷ 30 ans pour les 20 réacteurs électronucléaires de 1300 MWe ; ཛྷ ཛྷ 20 ans pour les quatre réacteurs électronucléaires de 1 450 MWe.

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