Rapport de l'ASN 2017
362 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2017 Chapitre 12 - Les centrales nucléaires d’EDF constate par ailleurs que des mesures correctives mises enœuvre par EDF ne permettent pas toujours de répondre aux dysfonc- tionnements organisationnels mis en lumière par ces analyses. D’une manière générale, le partage et l’usage effectif des ensei- gnements tirés du retour d’expérience font défaut, que ce soit entre les sites, entre les services au sein d’un même site ou entre les sites et les services centraux d’EDF. L’ ASN contrôlera, en 2018, que les plans d’action engagés par EDF pour mieux partager le retour d’expérience, y compris avec les intervenants extérieurs, et les enseignements qu’il convient d’en tirer, pro- duisent les effets attendus. 2.7 La radioprotection des personnels 2.7.1 Le contrôle de la radioprotection des personnels L’exposition aux rayonnements ionisants dans un réacteur élec- tronucléaire provient de l’activation des produits de corrosion du circuit primaire (majoritairement) et des produits de fission du combustible. Tous les types de rayonnements sont présents (neutrons, α , β et γ ), avec un risque d’exposition externe et interne. Dans la pratique, plus de 90 % des doses reçues pro- viennent des expositions externes aux rayonnements β et γ . Les expositions sont principalement liées aux opérations de main- tenance lors des arrêts de réacteur. L’ASN contrôle le respect de la réglementation relative à la pro- tection des travailleurs susceptibles d’être exposés aux rayonne- ments ionisants dans les centrales nucléaires. À ce titre, l’ASN s’intéresse à l’ensemble des travailleurs évoluant sur les sites, tant le personnel d’EDF que celui des prestataires. Ce contrôle est réalisé lors d’inspections (spécifiquement sur le thème de la radioprotection, une à deux fois par an et par site, lors des arrêts des réacteurs, à la suite d’incidents ou plus ponctuellement dans les services centraux et centres d’ingénie- rie d’EDF) et à l’occasion de l’instruction de dossiers relatifs à la radioprotection des travailleurs (événements significatifs, dos- siers de conception, de maintenance ou de modification, docu- ments d’application de la réglementation élaborés par EDF…), avec, le cas échéant, l’appui de l’IRSN. Des réunions périodiques ont lieu avec EDF dans le cadre du dialogue technique avec l’exploitant. Elles permettent à l’ASN de contrôler l’avancement des projets techniques ou organisationnels. Les événements de contaminations significatives Trois événements de contaminations significatives ont été déclarés en 2017 dans les centrales nucléaires exploitées par EDF. Ces événements, qui ont entraîné une exposition supérieure au quart de la limite réglementaire par centimètre carré de peau, ont été classés au niveau 1 sur l’échelle INES. Ils concernent : ཛྷ ཛྷ la contamination au visage d’un intervenant prestataire affecté à des opérations de repli d’un chantier de maintenance à la centrale nucléaire du Blayais; ཛྷ ཛྷ la contamination de la peau au niveau de l’aine d’un intervenant prestataire affecté à des activités de maintenance d’une presse compactant des déchets radioactifs de la centrale nucléaire de Fessenheim; ཛྷ ཛྷ la contamination de la peau à l’arrière de l’oreille d’un inter- venant prestataire affecté à des opérations de maintenance de la machine de chargement du combustible à la centrale nucléaire de Cattenom. Les inspections renforcées sur la radioprotection L’ ASN a mené en 2017 des inspections renforcées sur la radio- protection dans les centrales nucléaires de Cattenom, Chooz et Nogent-sur-Seine. Ces inspections ont mobilisé, pour cha- cune d’entre elles, six à huit inspecteurs de l’ASN et deux à trois experts de l’IRSN. Ceux-ci ont examiné notamment l’or- ganisation et le management de la radioprotection, la prise en compte du retour d’expérience, la maîtrise des chantiers, l’ap- plication de la démarche d’optimisation, la maîtrise de la pro- preté radiologique et la gestion des sources radioactives. Les principaux points forts, relevés par les inspecteurs, résident dans les initiatives mises en œuvre pour améliorer les condi- tions de travail des intervenants. L’ ASN considère que des améliorations doivent être apportées sur le processus d’opti- misation de la dosimétrie des interventions, la caractérisation et l’analyse des écarts relatifs à la radioprotection et la prise en charge des agents contaminés. 2.7.2 L’évaluation de la radioprotection des personnels En2017, l’ASNamené 27 inspections relatives à la radioprotection. La dosimétrie collective sur l’ensemble des réacteurs a diminué en 2017 par rapport à l’année 2016 (graphique 6), tout comme la dose moyenne reçue par les travailleurs pour une heure de travail en zone contrôlée. Les doses reçues par les travailleurs sont réparties selon une distribution illustrée ci-après par les graphiques 5 et 6. Le graphique 5 présente la répartition des intervenants en fonc- tion de la dosimétrie externe pour le corps entier. On constate que la dosimétrie de 78 % des travailleurs exposés est inférieure à 1 mSv pour l’année 2017, ce qui correspond à la limite régle- mentaire annuelle pour le public. Aucun dépassement de la limite réglementaire annuelle relative à la dosimétrie externe pour le corps entier (20 mSv) n’a été relevé en 2017. Le graphique 6 présente l’évolution au cours des dix dernières années de la dose collective reçue par les travailleurs dans les centrales nucléaires. Ce graphique montre une réduction de la dose collective moyenne par réacteur, traduisant des résultats contrastés entre les sites, et la poursuite des efforts d’optimisa- tion dans un contexte d’évolution à la hausse du volume des travaux de maintenance en zone contrôlée ces dernières années. Le graphique 7 présente l’évolution de la dosimétrie individuelle moyenne pour le corps entier en fonction des catégories de métiers de travailleurs intervenant dans les centrales nucléaires. Les catégories de travailleurs les plus exposés en 2017 sont les personnels en charge du calorifugeage, du contrôle, de l’ins- pection et du soudage. L’ASN considère que la situation des centrales nucléaires en 2017 dans le domaine de la radioprotection est perfectible sur les points suivants plus particulièrement: ཛྷ ཛྷ l’organisation relative à la maîtrise de la dispersion de la conta- mination à l’intérieur du bâtiment réacteur doit être améliorée, notamment vis-à-vis du confinement des chantiers;
RkJQdWJsaXNoZXIy NjQ0NzU=