Rapport de l'ASN 2017

351 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2017 Chapitre 12  - Les centrales nucléaires d’EDF Un départ de feu, survenu le 19 juin 2017 à la centrale nucléaire du Bugey, a conduit au déclenchement du PUI. De plus, des constats déjà effectués les années précédentes restent toujours d’actualité sur certains sites inspectés: ཛྷ ཛྷ une gestion perfectible des anomalies de sectorisation des locaux afin de prévenir la propagation d’un incendie; ཛྷ ཛྷ des écarts liés à la gestion des inhibitions de la détection incendie; ཛྷ ཛྷ des écarts de gestion des entreposages de matériels qui repré- sentent des potentiels calorifiques importants, notamment lors des phases d’arrêt de réacteur; ཛྷ ཛྷ des écarts dans la mise en œuvre des permis de feu; ཛྷ ཛྷ des difficultés d’accessibilité des matériels de lutte contre l’incendie. L’ASN constate les efforts entrepris par certains sites pour réduire ces écarts par le déploiement d’outils et de plans d’action mais considère que ces derniers, pour être efficaces, doivent faire l’objet d’un accompagnement plus poussé auprès du person- nel. Par ailleurs, les délais de résorption de certains écarts ou de mise en œuvre d’actions correctives issues du retour d’ex- périence méritent d’être réduits. L’ASN a également évalué au cours de ses inspections la mise en œuvre de l’organisation des sites vis-à-vis du risque d’explosion, contrôlant la maîtrise de ce risque au titre de la sûreté nucléaire ainsi qu’au titre de la protection des travailleurs. Malgré les actions engagées par EDF, la maîtrise des risques liés aux explosions n’est pas encore satisfaisante sur l’ensemble des réacteurs nucléaires. Certaines actions de maintenance et de contrôles demandées par la doctrine interne d’EDF (test d’étan- chéité à l’azote de la double enveloppe de certaines tuyauteries véhiculant des fluides hydrogénés…) ne sont toujours pas mises en œuvre. De plus, la mise à jour de certains documents (pro- cédures d’essais périodiques et document relatif à la protection contre les explosions), l’intégration du retour d’expérience, le traitement de certains écarts et le déploiement de certaines modi- fications peuvent faire l’objet de reports qui ne sont pas toujours justifiés au regard des conséquences potentielles pour la sûreté. L’ASN constate les efforts entrepris par EDF pour réduire ces écarts, par la mise en place d’un suivi renforcé et le déploie- ment de plans d’action. Toutefois, l’ASN considère qu’EDF doit continuer à exercer une attention toute particulière à ce sujet, ainsi qu’à l’application de la réglementation relative au risque ATEX, et s’assurer que la démarche de prévention des risques d’explosion est déclinée avec la toute la rigueur nécessaire sur l’ensemble des sites. Les dispositions de prévention et de maîtrise du risque d’inon- dation interne font également l’objet de contrôles réguliers de l’ASN. Il ressort de ces inspections que les mesures prises pour maîtriser ce type d’agression ne sont pas au niveau attendu pour l’ensemble des sites. L’ ASN constate en particulier que sur cer- tains sites, le réseau de référents est encore en cours de mise en place et n’est pas totalement opérationnel. EDF a engagé des visites sur le terrain visant à recenser les tuyau- teries pouvant être à l’origine d’une inondation interne dans les bâtiments électriques, qui sont particulièrement sensibles à ce risque, afin d’étudier la nécessité de renforcer leur mainte- nance. Conformément aux demandes de l’ASN, EDF étendra ces recensements dans les autres bâtiments. L’ASN constate de façon positive qu’EDF a engagé une rénovation des circuits de certains systèmes de réfrigération particulièrement sensibles à la corrosion. EDF a déclaré à l’ASN en 2016 et 2017 plusieurs événements significatifs pour la sûreté relatifs à des écoulements d’eau cau- sés par des fuites de tuyauteries en mauvais état ou des erreurs de consignation de vannes lors d’opérations de maintenance. Des efforts importants sont attendus sur la majorité des sites pour améliorer la maîtrise du risque d’inondation, en particulier sur: ཛྷ ཛྷ la maintenance des équipements nécessaires (tuyauteries, siphons de sol, etc.); ཛྷ ཛྷ les analyses de risques lors des opérations de maintenance et en cas de détection d’un dysfonctionnement d’un équipe- ment nécessaire; ཛྷ ཛྷ le respect des échéances des actions identifiées lors des revues annuelles; ཛྷ ཛྷ la formation des référents et la sensibilisation du personnel EDF et des prestataires. Les conditions d’exploitation et de maintenance du matériel de détection sismique sont considérées satisfaisantes. Les revues annuelles permettent d’identifier des axes de progrès, qui sont globalement mis en œuvre. Il convient toutefois qu’EDF pour- suive ses efforts, notamment dans le domaine de la forma- tion des agents et de la sensibilisation des prestataires. L’ ASN constate que les consignes de conduite en cas de séisme ne sont pas toujours suffisamment opérationnelles et que des mises en situation plus régulières permettraient d’améliorer leur applicabilité. À NOTER Défaut d’étanchéité des trémies nécessaires pour maîtriser une inondation interne La prise en compte du retour d’expérience des inondations internes survenues sur les réacteurs du Blayais (2012) et de Fessenheim (2014) a conduit EDF à engager une campagne de contrôle des trémies (traversées dans les murs permettant notamment le passage de câbles ou tuyauteries entre deux locaux) de l’ensemble de ses réacteurs. EDF a constaté de nombreux défauts d’étanchéité des trémies des bâtiments électriques. Ces écarts proviennent notamment d’une mauvaise déclinaison des référentiels relatifs à l’inondation interne et à l’incendie dans les bases de données utilisées pour établir les programmes de maintenance. Ces écarts ont fait l’objet d’une déclaration d’événement significatif pour la sûreté à caractère générique en 2015 et ont conduit à l’élaboration d’un programme de contrôle et de remise en conformité des bases de données et des trémies de l’ensemble des bâtiments des réacteurs en fonctionnement. En 2016, l’ASN a formulé plusieurs demandes portant notamment sur l’extension et l’anticipation de ces contrôles. À la suite des inspections réalisées en 2017, l’ASN considère que les modalités de traitement de cet écart dans les bâtiments électriques des réacteurs de 900 MWe sont appropriées. L’ASN restera vigilante dans les prochaines années sur le traitement complet de cet écart.

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