Rapport de l'ASN 2017

350 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2017 Chapitre 12  - Les centrales nucléaires d’EDF L’ASN considère que les évaluations des aléas sismiques déter- minés par EDF sont acceptables, à l’exception de celles concer- nant les sites de Saint-Alban/Saint-Maurice, Fessenheim, Chinon et Chooz qui sont insuffisantes au regard de l’état des connais- sances. L’ASN a donc demandé à EDF: ཛྷ ཛྷ de réévaluer les spectres sismiques des sites de Saint-Alban/ Saint-Maurice, Fessenheim, Chinon et Chooz pour tenir compte des incertitudes; ཛྷ ཛྷ de définir un programme de travail de vérification de la tenue des matériels et des ouvrages de génie civil et de mettre en œuvre les éventuels renforcements sismiques dans le cadre des réexamens périodiques. Les risques liés à la canicule et à la sécheresse Au cours des événements caniculaires de ces dernières décennies, certains cours d’eau nécessaires au refroidissement de centrales nucléaires ont connu une réduction de leur débit et un échauf- fement significatifs. Par ailleurs, des augmentations notables de température ont été relevées dans certains locaux des cen- trales nucléaires abritant des équipements sensibles à la chaleur. EDF a pris en compte ce retour d’expérience et a engagé des études de réévaluation du fonctionnement de ses installations dans des conditions de température de l’air et de l’eau plus sévères que celles retenues initialement à la conception. En parallèle du développement de ce référentiel de sûreté relatif aux situa- tions dites de « grands chauds », EDF a engagé le déploiement de modifications prioritaires (telles que l’augmentation de la capacité de certains échangeurs) et mis en place des pratiques d’exploitation qui optimisent la capacité de refroidissement des équipements et améliorent la tenue des matériels sensibles aux températures élevées. Dans le cadre du réexamen périodique des réacteurs de 1300 MWe, EDF a engagé un programme de modification de ses installations visant à se prémunir des effets d’une situation de canicule. Il est notamment prévu d’améliorer la capacité de certains systèmes de refroidissement de matériels requis pour la démonstration de sûreté nucléaire. EDF a également engagé un programme de veille climatique afin d’anticiper les évolutions du climat qui pourraient remettre en cause les hypothèses de températures retenues dans son référentiel. En ce qui concerne les réacteurs de 900 MWe, l’ASN a donné son accord en 2012 à la déclinaison du référentiel et à l’inté- gration des modifications qui en découlent. L’ASN a également demandé à EDF de prendre en compte ses remarques formulées lors de cette instruction pour l’élaboration et la déclinaison des référentiels des autres types de réacteurs. L’ASN a demandé en 2016 à EDF de prendre en compte le retour d’expérience des événements caniculaires de 2015 et 2016, ainsi que leurs effets sur les installations dans le cadre des études prévues pour les quatrièmes réexamens périodiques des réac- teurs de 900 MWe. Les conclusions de ces études pourront, le cas échéant, être prises en compte lors de la révision des études relatives aux autres types de réacteurs. L’ impact des rejets thermiques des centrales nucléaires Les centrales nucléaires sont à l’origine de rejets d’effluents chauds dans les cours d’eau ou dans la mer, soit de manière directe pour les centrales nucléaires fonctionnant en circuit dit « ouvert », soit après refroidissement de ces effluents par passage dans des aéroréfrigérants permettant une évacuation partielle des calories dans l’atmosphère. Les rejets thermiques des centrales nucléaires conduisent à une élévation de la température entre l’amont et l’aval du rejet qui peut aller, suivant les réacteurs, de quelques dixièmes de degrés à plusieurs degrés. Ces rejets thermiques sont réglementés par des décisions de l’ASN. Depuis 2006, des dispositions sont intégrées à ces décisions pour définir à l’avance les modalités de fonctionnement des cen- trales nucléaires dans des conditions climatiques exceptionnelles conduisant à un échauffement significatif des cours d’eau. Ces dispositions particulières ne sont néanmoins applicables que si la sécurité du réseau électrique est en jeu. Les risques liés à la foudre Les mesures relatives au risque de foudre pour les centrales nucléaires reposent actuellement principalement sur les dispo- sitions prévues par la réglementation relative aux installations classées pour la protection de l’environnement. Cette réglemen- tation impose la réalisation d’une analyse des risques liés à la foudre visant à identifier le besoin ou non de protection pour les différents bâtiments et d’une étude technique qui détermine la nature des systèmes de protection à mettre en place (princi- palement des parafoudres et des paratonnerres), le lieu de leur implantation, ainsi que les modalités de leur vérification et de leur maintenance. Dans le cadre du quatrième réexamen périodique des réacteurs de 900 MWe, l’ASN a indiqué qu’elle estimait que l’application de cet arrêté ne permettait pas d’atteindre un niveau de sûreté suffisant pour les centrales nucléaires et a demandé à EDF de transmettre une nouvelle méthodologie prenant notamment en compte les cumuls plausibles avec d’autres agressions et les effets induits de la foudre (incendies, perte des alimentations élec- triques externes). Cette méthodologie fait actuellement l’objet d’une instruction par l’ASN. Autres agressions La démonstration de sûreté des centrales nucléaires d’EDF prend également en compte d’autres agressions comme les grands vents, les tornades, les températures froides de l’air, les agres- sions d’origine anthropique (transport de matières dangereuses, installations industrielles, chute d’aéronefs, etc.) et les agressions de la source froide. 2.4.6 L’évaluation de la maîtrise des risques liés aux agressions L’accident de Fukushima a conduit EDF à renforcer son organi- sation pour la maîtrise des risques liés aux agressions. En parti- culier, des réseaux de référents ont été nommés sur l’ensemble des sites électronucléaires pour piloter l’organisation associée à ces risques. Des revues annuelles sont également menées afin d’améliorer cette organisation. Sur la base de ses inspections, pour ce qui concerne le risque d’incendie, l’ASN constate que la prise en compte du retour d’expérience est plutôt satisfaisante et que la rénovation du système de détection incendie se poursuit sur les réacteurs nucléaires. Cependant, le nombre de départs de feu enregis- trés pour l’année 2017 est légèrement supérieur à celui de 2016.

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