Rapport de l'ASN 2017

30 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2017 de femmes enceintes ignorant leur état de grossesse (30 %), ces derniers étant en nette augmentation (sans conséquence pour l’enfant à naître). Les événements déclarés à l’ASN en 2017 révèlent que les activités les plus significa- tives du point de vue de la radioprotection concernent: ཛྷ ཛྷ pour les travailleurs : les pratiques interventionnelles radioguidées (expo- sition externe des opérateurs et, en particulier de leurs mains) avec des dépassements de limites de dose, et la médecine nucléaire (contaminations de travailleurs, exposition externe) ; ཛྷ ཛྷ pour les patients: les pratiques inter- ventionnelles avec des effets détermi- nistes observés chez des patients ayant bénéficié d’actes longs et complexes, la radiothérapie avec des surdosages liés, notamment, à des recoupes de traitement et des erreurs de prescription et, enfin, la médecinenucléaire, avecdes erreurs d’ad- ministration de radiopharmaceutiques; ཛྷ ཛྷ pour le public et l’environnement : la médecine nucléaire, avec des pertes de sources, des fuites de canalisations et de dispositifs de confinement des effluents radioactifs. Quatre événements de niveau 2 (échelle ASN-SFRO 1 ) ont été déclarés en 2017 en radiothérapie. Il s’agit de deux surdosages après des recoupes de deux traitements, d’une erreur de prescription (volume cible) et d’un surdosage en radiothérapie de contact. Par ailleurs, trois événements relatifs à des dépassements de limite de dose réglementaire des extrémités (mains) chez des praticiens interventionnels ont été déclarés fin 2017 et classés au niveau 2 de l’échelle INES. État de la radioprotection en radiothérapie externe et en curiethérapie La sécurité des soins en radiothérapie externe et en curiethérapie constitue un domaine prioritaire de contrôle depuis 2007. L’ ASN a contrôlé systématique- ment les centres de radiothérapie tous les deux ans, puis tous les trois ans à par- tir de 2016. Une périodicité annuelle est toutefois appliquée dans des cas particu- liers, notamment pour les centres présen- tant des fragilités enmatière de ressources humaines ou d’organisation. 1 . Échelle ASN-SFRO pour la prise en compte des événements de radioprotection affectant des patients dans le cadre d’une procédure médicale de radiothérapie. En radiothérapie externe, si les fondamen- taux de la sécurité sont en place (contrôles des équipements, formation des profes- sionnels, politique de gestion de la qua- lité et des risques), l’ASN continue de constater de fortes disparités selon les centres. Les démarches qualité peinent à s’inscrire dans la durée voire régressent par manque, notamment, d’évaluation ou en raison du départ du responsable opérationnel de la qualité. En outre, les analyses de risque restent relativement théoriques et insuffisamment déployées en amont d’un changement organisation- nel ou technique. L’ ASN souligne que l’implication, dans la durée, de l’ensemble des professionnels dans la gestion de la qualité et des risques, en particulier des radiothérapeutes, est nécessaire pour faire progresser la sécurité des soins. En curiethérapie, si les services bénéficient de l’organisation mise en place en radio- thérapie externe concernant le déploie- ment d’un système de management de la qualité, les mêmes disparités sont consta- tées. L’ ASN considère également que des efforts doivent être poursuivis pour ren- forcer la formation à la radioprotection des travailleurs en cas de détention d’une source de haute activité. État de la radioprotection en médecine nucléaire L’ ASNconsidère que la radioprotectiondes travailleurs, des patients et la protection de l’environnement a continué à progresser globalement, en particulier dans la réalisa- tion des contrôles internes et enmatière de formation continue. Toutefois, des insuf- fisances persistent en ce qui concerne la coordinationdesmesures générales de pro- tection des travailleurs lors de l’interven- tion d’une entreprise extérieure, et aussi pour améliorer la sécurisation de l’admi- nistration du médicament radiopharma- ceutique aux patients et l’optimisation des protocoles d’utilisation des scanners cou- plés aux gamma caméras. État de la radioprotection en scanographie En 2017, l’ASN a poursuivi son contrôle de la radioprotection dans le domaine de la scanographie, compte tenu de la progres- sion de la contribution de cette technique d’imagerie à l’exposition de la population. Si la radioprotection des travailleurs est prise en compte de manière satisfaisante, celle des patients appelle des progrès. Ainsi, les éléments de justification sur la demande d’examen, la recherche d’une technique de substitution non irradiante et la formation des professionnels à la radioprotection des patients, notamment des médecins réali- sant des vacations externes, doivent être renforcées. Il en est de même de l’optimi- sation des protocoles d’examen et de la révision des pratiques après l’analyse des niveaux de référence diagnostiques. État de la radioprotection dans le domaine des pratiques interventionnelles Du fait des enjeux tant pour les profes- sionnels que pour les patients, et en raison d’un manque de culture de radioprotec- tion des intervenants, notamment dans les blocs opératoires, l’ASN a maintenu le contrôle des installations réalisant des actes interventionnels radioguidés comme une priorité nationale d’inspection. Les constats établis en inspection confir- ment les observations faites au cours des dernières années. Ainsi, la radioprotec- tion des professionnels reste mieux prise en compte dans les installations fixes de radiologie interventionnelle (cardiologie, neuroradiologie, imagerie vasculaire…) que dans les blocs opératoires où sont utilisés des équipements mobiles. Des écarts réglementaires sont fréquem- ment relevés en inspection, tant du point de vue de la radioprotection des patients que des professionnels, et des événements de dépassements des limites de dose aux mains des chirurgiens interventionnels sont régulièrement déclarés à l’ASN. Les insuffisances portent sur la formation de tous les professionnels associés aux soins, notamment de ceux qui n’ont pas bénéfi- cié d’une formation initiale à la radiopro- tection des patients dans le cadre de la formation universitaire, sur l’intervention du physicien médical et sur les moyens alloués aux personnes compétentes en radioprotection. Comme l’année précédente, l’ASN estime que les mesures qu’elle préconise depuis plusieurs années pour améliorer la radio- protection des patients et des profession- nels lors des pratiques interventionnelles dans les blocs opératoires ne sont tou- jours pas suffisamment mises en œuvre. Perspectives Dans le domaine de la radiothérapie, l’ASN continuera à accompagner les tra- vaux des sociétés savantes visant à mettre en place des audits cliniques des pratiques Éléments marquants et perspectives

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