L’ASN présente ses premiers constats concernant la sûreté des installations en 2021 ; elle rappelle les sujets de vigilance et souligne la nécessité de placer dès à présent les préoccupations de sûreté au cœur des débats de politique énergétique

Publié le 19/01/2022 à 16:30

Communiqué de presse

Le 19 janvier, l’ASN, par la voix de son président, M. Bernard Doroszczuk, a présenté ses vœux à la presse.

Le président de l’ASN a souligné que la sûreté des installations nucléaires, ainsi que la radioprotection dans le secteur industriel et dans le transport des matières radioactives, s’est maintenue à un niveau satisfaisant en 2021, dans la continuité de l’année dernière.

Dans le domaine médical, aucune défaillance majeure n’a été détectée dans la radioprotection des professionnels, des patients, de la population ou de l’environnement. Enfin, dans le domaine des installations nucléaires, M. Doroszczuk a évoqué une conduite satisfaisante des quatrièmes visites décennales des réacteurs d’EDF, mais a retenu quelques points de vigilance, notamment en matière de rigueur d’exploitation et de conduite de projet.

Pour le président de l’ASN, l’année 2021 a surtout mis en évidence des fragilités industrielles du parc nucléaire et des installations du cycle combustible, et souligné la nécessité d’une meilleure prise en compte des exigences de sûreté dans les débats d’orientation en matière d’énergie.

A cette occasion, il a délivré quatre messages clés :

1. Le système électrique français doit aujourd’hui faire face à une double fragilité, qui résulte pour l’essentiel de l’absence de marges et d’un déficit d’anticipation.

  • La première fragilité concerne les réacteurs nucléaires d’EDF.
    Une accumulation d’événements (programmés et non-programmés) a conduit à une moindre disponibilité du parc de production nucléaire, illustrant le besoin impératif, souligné à plusieurs reprises ces dernières années par l’ASN, de maintenir des marges dans le dimensionnement du système électrique français afin d’éviter la concurrence des enjeux de sûreté et d’approvisionnement électrique.
  • La seconde fragilité concerne l’industrie du « cycle du combustible ».
    Une série d’événements (retard dans la construction de la piscine d’entreposage centralisé des combustibles usés EDF ; difficultés de fonctionnement de l’usine Melox d’Orano ; corrosion plus rapide que prévue des évaporateurs de l’usine d’Orano La Hague), traduisent un manque d’anticipation et de précaution, qui fragilise l’ensemble de la chaîne du « cycle  du combustible » et qui pourrait, par conséquent, fragiliser le fonctionnement des centrales nucléaires si les capacités d’entreposage des combustibles usés venaient à être saturées.

2. L’ASN demande que les problématiques de sûreté nucléaire, notamment en matière d’anticipation et de maintien des marges, soient, dès à présent, prises en compte dans les choix de politique énergétique, au même niveau que les préoccupations de production d’électricité dé carbonée à horizon 2050.

L’ASN estime en effet que les choix de politique énergétique à l’horizon 2050 doivent être fondés sur des hypothèses robustes, justifiées en matière de sûreté, avec des marges suffisantes pour pouvoir faire face à des aléas importants (notamment des anomalies à caractère générique). Elle considère ainsi que, compte tenu du développement prévisible des usages électriques, le choix de mettre à l’arrêt définitif programmé 12 réacteurs supplémentaires d’ici 2035 devrait être dûment pesé, sauf impératif de sûreté, au regard de la nécessité de maintenir des marges pour la sûreté. Parallèlement, EDF devra justifier dans les 5 ans à venir la capacité de ses réacteurs les plus anciens à poursuivre leur fonctionnement au-delà de 50 ans. Par ailleurs, si la poursuite d’exploitation de certains réacteurs au-delà de 60 ans était une option envisagée, cela nécessiterait qu’un examen approfondi de cette option soit engagé dès 2025, afin de disposer d’un délai suffisant permettant de faire face aux conclusions de cette instruction. L’ASN considère que la poursuite de fonctionnement des réacteurs nucléaires ne doit en aucun cas résulter d’une décision subie au regard des besoins électriques, ou hasardeuse en matière de sûreté.

3. La perspective d’une politique énergétique comportant une composante nucléaire de long terme doit être impérativement accompagnée d’une politique exemplaire en matière de gestion des déchets et des installations nucléaires historiques.

L’ASN estime que l’ensemble de la filière doit se mobiliser pour mettre en œuvre le plus rapidement possible des solutions concrètes et sûres de gestion des déchets issus du parc actuel ou hérités des situations du passé.

4.  Les nouvelles perspectives de politique énergétique, quelles qu’elles soient, supposent un effort industriel considérable pour faire face aux enjeux industriels et de sûreté.

L’ASN estime que les objectifs de montée en compétence, notamment dans les métiers en tension comme l’ingénierie ou la mécanique, ainsi que les objectifs de renforcement de la rigueur dans la gestion des projets et dans la surveillance des activités, vont dans le bon sens. Ces objectifs devront néanmoins être redimensionnés au regard des ambitions retenues. La capacité technique des exploitants, de leurs sous-traitants et des entreprises prestataires de la filière sera l’une des préoccupations de l’ASN.

 


Contact presse :

Evangelia Petit, chef du pôle presse, tél. : 01 46 16 41 42 et 06 84 63 35 47, evangelia.petit@asn.fr

 

Date de la dernière mise à jour : 19/01/2022